Plus de 150 000 personnes se sont rassemblées ce samedi 3 février devant le Reichstag à Berlin pour manifester contre l’Afd, le parti d’extrême droite allemand, dans le cadre du mouvement de protestations qui dure depuis presque un mois. Au total, ce sont déjà plus de 1,4 million de personnes qui sont descendues dans la rue depuis 3 semaines dans tout le pays.
« Tous ensemble contre le fascisme », « Plus jamais », « Nazis dehors »
Tels étaient les slogans scandés par les manifestants tout au long de la journée. Selon les organisateurs, ils étaient 300 000 à être venus braver la pluie et à manifester pour l’interdiction de l’Afd (Alternative für Deutschland) ce week-end devant le lieu de pouvoir symbolique allemand par excellence, le Reichstag. Depuis un mois, le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur, et ne faiblit pas, malgré l’impasse dans laquelle se retrouve l’Allemagne aujourd’hui. En dépit des vagues de protestations qui rassemblent des milliers de personnes chaque semaine, le gouvernement veut résoudre la question de l’Afd de la manière la plus délicate possible. Selon le professeur Jan-Werner Müller, chercher à bannir un parti extrémiste comme l’Afd, actuellement 2ème parti national dans les sondages, constitue un dilemme moral et représenterait une atteinte même à la démocratie. Cela expliquerait donc pourquoi aucune véritable décision n’a été prise quant à une potentielle interdiction du parti.
"On est contre tout ça, et il faut le montrer, surtout nous avec notre histoire très noire" Anika, venue manifester contre l'Afd
Pour rappel, le parti d’extrême droite est au cœur d’un scandale de taille, après que certains de ses représentants aient participé, avec des activistes néonazis notamment, à une réunion secrète à Potsdam en novembre dernier, afin de discuter d’un projet de déportation massive des étrangers indésirables, les demandeurs d’asile en haut de la liste. Cela ne passe pas du tout en Allemagne. Pour certains, cette réunion fait écho à la tristement célèbre conférence de Wannsee, où s’était décidé en 1942 de la Solution finale, à seulement quelques kilomètres de là.
Le parti d'extrême droite, dont les principales préoccupations sont l’Islam, l’immigration et l’Europe, ne cesse de s’imposer en Allemagne depuis sa création en 2013, en particulier dans les zones rurales, malgré une opinion majoritairement défavorable dans les grandes villes du pays. Les prochaines élections européennes, qui se tiendront en juin prochain, présenteront un enjeu majeur pour toute l'Allemagne quant à la question de l'Afd et de sa place dans la politique européenne.
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