Rencontre avec Marie-Christine Kliess, conseillère des Français de l'étranger et tête de la Liste au service des Français et de l’amitié franco-allemande, liste indépendante de tout parti politique.
Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Je suis Conseillère des Français de l'étranger depuis 2014. Un mandat que j’exerce avec passion. Rendre service à nos compatriotes a toujours été une de mes priorités. Grâce à la confiance que certains d’entre eux ont bien voulu m’accorder au cours de ces sept dernières années, j’entends poursuivre mon action pour les aider et tenter de répondre à leurs attentes.
Dois-je rappeler que cette activité est basée sur le bénévolat. Elle n’en est pas moins enrichissante. Elle permet de prendre conscience des difficultés que rencontrent des compatriotes qui se retrouvent un peu perdus dans les méandres administratifs allemands ou qui n’ont pas une pratique suffisante de la langue. Ils sont, vous vous en doutez, beaucoup plus nombreux qu’on ne le croit !
Parmi les différentes actions que l’on peut mener, sur le terrain : il s’est assez souvent agi d’accompagner des jeunes diplômés venant de France et désirant poursuivre leurs études en Allemagne. Leur problème étant souvent la reconnaissance de leurs diplômes français. D’autres recherchent un stage valorisant pour poursuivre leurs études en France.
Il m’est souvent arrivé de les aider dans leurs démarches faites auprès de notaires, par exemple, pour authentifier les diplômes, avant de leur expliquer la marche à suivre pour, le cas échéant, passer des examens complémentaires allemands indispensables afin de pouvoir poursuivre ou compléter leurs études.
Il me faut aussi souvent répondre à des parents, leur prodiguer, au-delà de conseils pratiques, des consignes de prudence, suite aux événements tragiques que l’on voit parfois se dérouler, en Allemagne comme en France avec cette recrudescence des actes terroristes. À qui s’adresser avant le voyage, quel type d’assurance prendre, quelles formalités accomplir en matière de santé.
Les retraités sont une part importante de mes interrogations. Comment faire en cas de problème administratif, en matière fiscale. Où trouver un spécialiste dans le domaine de la santé. Comment faire pour diminuer les frais en tirant le meilleur profit des textes réglementaires, des conventions bilatérales signées entre les deux pays.
De même, une part importante des questions que l’on me pose concerne les problèmes scolaires. Ancienne institutrice, mon engagement envers les jeunes, l'enseignement, le développement de notre culture française font partie de mes priorités. Comme mère de famille, je suis mariée, nous avons élevé quatre enfants franco-allemands, six petits-enfants et bientôt sept ! Vous pensez bien que les questions qui concernent l’éducation, la garde des enfants, les petits problèmes de santé au quotidien n’ont pas de secrets pour moi. Où trouver un pédiatre francophone ? Un ophtalmo ou un autre spécialiste.
Ce travail me permet de rester en contact avec plusieurs générations de compatriotes. Si certains ont leur famille avec eux, d’autres sont parfois un peu seuls et vivent donc isolés. Nous l’avons bien vu l’année dernière lors du début du confinement : dans ma circonscription qui va de Hambourg à Berlin en passant par les nouveaux Länder et la Basse-Saxe, plusieurs d’entre nous ont mis au point des systèmes de livraison de repas à domicile, nous l’avons souvent pratiqué, à Berlin, notamment, avec succès.
Voilà un aperçu des activités, encore une fois, basée sur le bénévolat, que nous développons au profit de nos compatriotes. Certains nous le rendent bien, une fois installés, à leur tour, ils aident plus volontiers de nouveaux arrivants. Nous sommes en quelque sorte un relais pour tous ces demandeurs d’aide.
Si l’on prend l’exemple de Hambourg où je vis, les restrictions budgétaires ont fait que nous n’avons plus d’administration consulaire au consulat de France. Vous imaginez mal des gens faire un aller-retour Hambourg-Berlin pour répondre à des questions pratiques, et comme les moyens de nos ambassades sont, chaque année, revus à la baisse, nous n’avons même plus de standard téléphonique au quotidien à l’ambassade ni au consulat depuis quelques années et ce n’est pas sur Internet qu’on risque de les trouver.
Quand quelqu’un perd ses papiers, manque de services consulaires en dehors de celui de la capitale allemande, que faire ? Comment renouveler une carte d'identité, un passeport ? Pour les gens qui ne peuvent pas se déplacer jusqu’à Berlin, nous préconisons l'achat d'une valise « consulat mobile »
Voilà, brièvement résumées les principales activités qui découlent de notre mandat qui repose sur un engagement, des activités auxquelles j’ai pris goût et que je souhaite continuer à assumer.
Cet engagement fait désormais partie de ma vie. Je rappelle un autre bénévolat pour lequel j’ai consacré 20 ans de ma vie : j'ai été présidente de Hambourg Accueil. Vous imaginez si je connais bien notre communauté française. J’ai élargi cette association aux amis de la France. J’ai œuvré, avec mes moyens à entretenir au quotidien et à intensifier l'amitié franco-allemande.
Comment avez-vous constitué votre liste ?
Nos colistiers sont tous engagés dans des associations à Berlin, Hambourg, au Schleswig-Holstein et ailleurs... Ils ont, comme moi, tous à cœur de servir notre communauté française. En cela, notre équipe est donc engagée, responsable, elle se veut interculturelle et peut également par la richesse des expériences professionnelles des uns et des autres faire preuve d’une grande efficacité, sans parler de leurs relations personnelles qui permettent d’élargir notre champ d’action.
Chaque personne de la liste mériterait d'être présentée individuellement. Je ne manquerai pas de le refaire lors de la campagne électorale. Je me vois mal en quelques mots énumérer autant de qualités, de vécus.
Un mot quand même pour vous présenter le second de ma liste qui représente à merveille notre belle ville de Berlin, Albert Maubourguet. Un homme exceptionnel, disponible, plongé aussi dans le monde associatif, très apprécié de la communauté française de Berlin. Il est depuis des années le trésorier de l 'Union des Français de l'étranger - l’UFE Berlin. Il a été très engagé dans le Club des Affaires devenu Cercle économique franco-allemand après avoir été directeur de l'hôtel Novotel à Berlin. Son engagement lui a valu d’être élevé au grade de Chevalier dans l´Ordre National du Mérite.
Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français ?
Le plus grand nombre de demandes que j'ai reçues concerne l’ouverture d'un consulat rapidement disponible à Hambourg, qui puisse fonctionner.
Certes, les relations en ligne sont indispensables. Elles font partie de nos moyens de communication d'aujourd'hui. C’est un service irremplaçable. D’autant qu’on s’adresse aux services consulaires pour des demandes d'aides ou d’assistance. De même qu'une permanence téléphonique journalière pour assurer aussi ce lien humain dont nous avons tant besoin.
Très souvent, je me trouve confrontée à des demandes de concitoyens ayant des problèmes pour faire refaire des papiers officiels. Ce matin, un monsieur de 88 ans dont la carte d'identité a été volée, se trouve dans l'impossibilité d'en avoir une autre, habitant loin de Berlin et ne pouvant pas se déplacer. Une maman de quatre enfants habitant à Erfurt m'écrit qu'avec ses quatre enfants, aller à Berlin, c'est mission impossible. Améliorer le service consulaire correspond à un besoin.
Pour reprendre les mots d'une dame qui vit à Berlin et qui appelle sans cesse depuis 10 jours notre service consulaire, "soit le téléphone sonne occupé, soit personne ne répond". Elle s’interroge sur les raisons d’un tel dysfonctionnement alors que la communauté française y est importante. D'où notre demande de ligne téléphonique journalière.
Que dire de toutes les demandes par courriel pour des prolongations de validité des cartes d'identité. Une maman s'est vu refuser un financement par des sociétés allemandes, ces dernières refusant la validité du document envoyé par un consulat ne reconnaissant pas, comme c’est le cas chez nous, la validité de sa carte nationale d'identité au-delà de cinq ans.
Que dire des procurations devant être faites dans les consulats ? Je pense à une de mes voisines, âgée et malade qui ne peut se déplacer. Autre exemple daté du 31 mars dernier. Une dame qui habite à 300 km de Berlin, qui a une famille. Elle ne se voit pas faire 600 km dans la journée avec ses enfants alors qu’elle ne possède aucun papier d'identité français valable. Lors d'un contrôle routier, le gendarme lui a ri au nez quand elle a sorti l'imprimé de prolongation. Plus grave encore, ses enfants refusent de faire ces 600 km alors qu'il est « si simple d'avoir leur carte d'identité allemande » disent-ils. Pourquoi perdre des enfants binationaux élevés avec une culture française ?
Pour toutes ces raisons, nous demandons l'achat d'une valise "consulat mobile" dont le prix est loin d'être exorbitant. Elle rendrait tellement service à nos concitoyens éloignés de la capitale et qui se sentent – souvent – abandonnés par les représentants de notre pays.
Un autre défi prioritaire, également, concerne la scolarisation des enfants, afin de transmettre notre langue et notre culture française à laquelle nous sommes attachés.
Je siège aux réunions des bourses scolaires. Je suis souvent confrontée aux difficultés financières des familles qui ont à cœur de donner à leurs enfants la meilleure éducation possible, celle de nos établissements français. C'est pourquoi nous étudions, avec beaucoup d'attention, chaque cas afin d'octroyer le maximum d'aide.
Je siège également aux Conseils d'établissements de l'école française de Hambourg et de l'école Voltaire à Berlin. Je peux transmettre aux directeurs et proviseurs de ces établissements les doléances des parents.
Il faut réussir son intégration en Allemagne. Celle-ci, ne saurait être qu’économique. J'ai pu trouver des emplois par exemple pour un cuisinier dans un grand hôtel, des serveurs dans un restaurant, une place de professeur de français dans un établissement scolaire, une place d'ingénieur dans un centre de recherche, j’ai contribué á des échanges de médecins entre l'hôpital d'Eppendorf et la Timone à Marseille, j’ai trouvé des places de jardiniers dans un grand centre du Schleswig-Holstein, vous voyez, c'est très varié.
Il faut aussi une bonne intégration dans la vie associative française et franco-allemande. Ces associations doivent être connues, reconnues mais aussi soutenues. Toutes les personnes de notre liste sont très actives dans ces domaines.
Que représente pour vous la mission principale de conseiller des Français de l'étranger ?
La mission principale pour moi, c’est d'être présente, d’être à l'écoute, d'aider et de servir les Françaises et les Français en difficulté. Cela a été mon lot quotidien pendant ces sept années d'expérience au service de mes concitoyens de ma circonscription d´Allemagne du Nord et de l´Est. Être la voix, le relais des préoccupations des Français auprès de l´Ambassade et des consulats.
Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme ?
Les grands axes de notre programme reprennent les préoccupations de nos concitoyens et contribuent à leur bonne intégration au sein de notre circonscription d´Allemagne de Nord et de l´Est.
Comme j’ai pu le préciser, les services consulaires devraient avoir une valise "consulat mobile" pour épargner à beaucoup de nos concitoyens des voyages qui peuvent être longs, coûteux, parfois impossibles pour cause de maladie ou d'handicaps, qui peuvent obliger à prendre un jour de congé. Ce contact permanent avec nos concitoyens éloignés de Berlin est essentiel.
Les personnes âgées ici ne sont pas toutes dans la possibilité de profiter pleinement des avantages d’une administration en ligne – une E-administration. Réservé à de plus jeunes générations initiées dès leur plus jeune âge. Ce que l’on appelle désormais l’illectronisme.
Un simple appel téléphonique peut très souvent régler rapidement des problèmes. Il faudrait donc une permanence téléphonique journalière aux consulats de Berlin et Hambourg.
Que dire des Instituts français ? Autant de vitrines importantes de notre dynamisme culturel français et de son rayonnement dans le monde, la diplomatie culturelle et d’influence doit rapidement pouvoir être déconfinée.
De même, nous nous engageons à encourager et à développer l'action des associations culturelles françaises et franco-allemandes, à l’image de l’engagement de mes colistiers.
Il me semble qu'avec les quelques exemples que je vous ai cités, vous pouvez constater que nous sommes très investis dans tous les domaines.
Nous sommes également sensibles aux programmes des échanges scolaires et universitaires, des écoles professionnelles. Pour cela, nous entendons demeurer un lien dynamique entre les acteurs économiques franco-allemands locaux, à travers nos attachés et nos conseillers affectés à la mission économique de l'Ambassade de France, à Berlin et du Consulat de Hambourg comme c’est le cas à Francfort.
Notre programme s'inscrit dans la perspective d'entretenir et développer l'amitié franco-allemande en servant également de relais à la disposition des acteurs économiques et culturels et des associations françaises et franco-allemandes.
Nos relations amicales avec nos amis allemands, notre participation active aux évènements organisés par les autorités allemandes nous permettent de créer et d'entretenir des liens d'amitiés dans la durée, de faire connaître notre culture française et ainsi d'intensifier cette belle et indispensable amitié franco-allemande que le général de Gaulle et le Chancelier Adenauer ont scellée en signant le Traité de l’Elysée.
Marie-Christine Kliess
Conseillère des Français de l'étranger
Tête de la Liste au service des Français et de l’amitié franco-allemande, liste indépendante de tout parti politique
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