Inventée en France, la « Ruche qui dit Oui ! » a comme objectif de proposer des produits frais et élaborés par de petits producteurs à des citadins. Depuis bientôt deux ans, le concept s'est importé dans d'autres pays, notamment en Allemagne où le concept connaît son petit succès sous le nom de « Food Assembly ». Explication d'un phénomène qui pourrait bien changer les modes de consommation.
C'est un marché un peu particulier qui se déroule dans une des salles du restaurant portugais Lisboa am Boxi, prêtée à cette occasion. Celui de la Food Assembly. Ici, aucune foule opaque ne se bouscule autour de commerçants ventant leurs produits à la criée. L'organisation rappelle plutôt celle des AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne). La Food Assembly est, ni plus ni moins, que le dénominatif international de « La Ruche qui dit Oui ! », phénomène récent et originaire de l'Hexagone. Le principe est simple : le client achète ses produits à de petits producteurs de la région, par le biais du site Internet de la Food Assembly. Il vient, ensuite, chercher son panier au prochain marché hebdomadaire. Lors de la rencontre, le consommateur a l'occasion d'en apprendre plus sur le produit et sur sa confection.
Un concept français
Au Lisboa am Boxi, trois tables sont installées sur des tréteaux et présentent de nombreux produits. "Aujourd'hui, nous avons de la viande, des légumes, des produits laitiers, du jus de fruit, du miel. Tous les produits viennent de la région pour valoriser le travail de petits producteurs", explique Laure Berment, responsable de la gestion des « Food Assemblies » de Berlin. Elle est à l'origine des premières « ruches » de la capitale et a, notamment, créé celle de Friedrichschain avec l'aide d'Andreas, organisateur du marché de Friedrichshain de la Food Assembly depuis mai 2015, sans pour autant être employé de l'entreprise à l'instar de Laure. Son rôle pourrait plus se définir comme une forme partenariat dont les fonctions est de faire le lien entre la Food Assembly et les producteurs ainsi que de préparer son « marché » hebdomadaire. Lors de la dernière Food Assembly de Friedricshain, il s'est notamment chargé de répertorier tous les produits et les visiteurs qui doivent venir récupérer leur panier. "J'ai connu le système en France et quand je suis revenu en Allemagne, j'ai cherché s'il existait un système similaire. J'ai trouvé la Food Assembly et je n'ai pas hésité à en créer une", explique Andreas. Ouvrir une « ruche » est simple et peut se faire directement sur Internet, cependant ce marché nécessite un engagement personnel important, un espace accueillant et un véritable intérêt pour les produits régionaux.
« Proposer toujours plus de produits »
Andreas s'est vite entouré d'une équipe de petits producteurs. Ce mardi, l'ambiance est au beau fixe et les rires se multiplient dans le restaurant portugais. Ils sont cinq à être venus livrer leurs produits. Mais au-delà du fait qu'ils sont certains d'écouler leurs marchandises, ce petit commerce est un véritable point de rencontre pour eux. Hans vend de multiples légumes, des oeufs et un peu de viande. Il s'est habitué à ce marché inhabituel et y vient régulièrement : "La Food Assembly me permet de faire connaître mes produits à des personnes soucieuses de mon travail" . Avant d'ajouter : "C'est motivant de parler et d'avoir des retours. Cela me permet d'être inventif et de proposer toujours plus de produits". Dans cette affaire, Hans, comme tous les autres producteurs, touche 83,3 % de ses recettes totales. Le reste est divisé en deux et reviennent au responsable de ruche, ici en l'occurrence à Andreas et à l'entreprise de la Food Assembly.
Une évolution internationale
Né en 2010 en France, le concept de « La Ruche qui dit Oui » a mis près de quatre années à traverser le Rhin. Mais depuis sa première Food Assembly en 2014, l'entreprise évolue à grand pas et touche désormais quatre villes : Berlin, Cologne, Munich et les environs de Leipzig. Déjà présent en Grande-Bretagne, en Belgique, en Espagne, en Italie et en France, le phénomène est trop récent pour changer les modes de consommation selon Laure Berment. "Les ruches ciblent une clientèle très particulière, sensible à leur consommation", soulève-t-elle. En attendant, avec 25 ruches en construction en Allemagne, les abeilles ont de quoi bourdonner encore longtemps.
Antoine Belhassen (http://www.lepetitjournal.com/berlin) vendredi 16 octobre 2015
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