BERLIN GLOBAL – Une visite sensorielle montrant un autre visage de Berlin

Berlin est une ville qui se décrit mal. La ville n’a ni les enfilades haussmanniennes de Paris, ni les gratte-ciels iconiques New-Yorkais. Raconter Berlin se révèle rapidement être une tâche ardue quand on s’éloigne de la « grande Histoire » : nazisme, mur de Berlin, réunification… Le Berlin d’aujourd’hui est un esprit que beaucoup peuvent apercevoir mais rarement approfondir, faute de témoignage fidèle de « l’esprit » de la ville.

Montrer "Das echte Berlin"

C’est donc dans cette entreprise périlleuse que s’est lancée l’exposition BERLIN GLOBAL au Humboldt Forum. L’exposition lance le visiteur dans un parcours englobant. Elle essaye de faire de lui un citoyen à part entière de la ville de Berlin, l’intégrant dans nombre d’activités visuelles, auditives, olfactives et gustatives. La place est laissée à la nuance. Une pièce vous guidera par exemple dans le « style vestimentaire berlinois ». Si on pouvait s’attendre à simplement voir les tenues sombres propres aux clubs technos berlinois, on se rend compte ici que la recherche est beaucoup plus poussée. Si la tenue « berghain » est bien référencée, on nous montre également les tenues des berlinois de tous les jours : la fine doudoune de la dame habitant dans le quartier bourgeois de Dahlem-Dorf, la chemise en flanelle du jeune actif habitant dans le quartier gentrifié de Prenzlauer Berg… sont représentés les visages pluriels qui font « Das echte Berlin ».

Les paradoxes d'une ville

Tout au long de l’exposition, nous sommes confrontés à de nombreux dilemmes représentés par des chemins qu’il faut choisir de suivre, ou non : « Ma ville doit être ouverte sur le monde » ou « Ma ville doit d’abord s’occuper de ses citoyens » en est un exemple. Ces dilemmes créent une expérience d’autant plus immersive dans la mesure où ils plonge le visiteur dans des choix politiques qui, s’ils ne sont pas propres à la ville de Berlin, la confrontent chaque jour. Ces dilemmes sont fidèlement représentés notamment par l’installation montrant la criminalité à Berlin : braquage, harcèlement de rue et autre petite criminalité. Ce sont par exemple ces sujets d’insécurité ressentie qui ont fait élire à Berlin un maire conservateur dans une ville normalement solidement ancrée à gauche.

L’exposition vous fera donc sentir les odeurs de Berlin, goûter ses saveurs et entendre ses sons. Elle vous plonge dans le « vrai » Berlin ; et il peut être déroutant de sentir une odeur nauséabonde pour découvrir en fait que l’on sent du « caca de chien ». Le portrait brossé n’est donc évidemment pas que mélioratif, tant BERLIN GLOBAL met également en avant les tensions, les problèmes et les paradoxes de la ville de Berlin. Une pièce entière est dédié à l’expérience parfois complexes de certaines minorités au sein de la ville. Encore une fois, rien n’est décrit et tout est raconté : on ne se concentre pas sur les statistiques mais sur les vécus. L’idée et de nous faire ressentir le tissu urbain et son impact sur les moins privilégiés. La dernière salle de l’exposition ouverte plus récemment met l’accent sur la crise du logement à Berlin. Elle montre de manière crue les impacts de cette crise du logement sur les citoyens de la ville. La place est laissée aux interviews et la pièce s’érige davantage en porte-voix du ressenti de ceux impactés par les transformations du paysage urbain de la capitale allemande.

Les différentes parties de cette longue exposition sont toutes ouvertes pour des durées différentes alors vérifiez sur le site web de l’exposition les installations qui vous intéressent le plus. L’exposition coûte 7 euros mais est gratuite pour les tarifs réduits, notamment pour les étudiants.

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