Près de la moitié des cas de logements occupés illégalement en Espagne ont lieu dans la région.
Les "okupas", mot utilisé en référence à l'occupation illégale d'un logement, sont un problème récurrent en Espagne. Le nombre de résidences occupées illégalement dans le pays se base sur le volume de plaintes déposées par les propriétaires. Selon les données du ministère espagnol de l'Intérieur, la Catalogne concentre 42% des infractions pénales enregistrées pour occupation en 2022. L'Espagne recense 16.726 cas pour cette période, un chiffre inférieur à 2021, mais qui reste plus élevé que les années précédentes.
Hausse de 77% dans la région
L'Institut Coordenadas de gobernanza y economía aplicada, un organisme d'investigation économique, vient de publier un rapport qui souligne les niveaux alarmants d'occupations illégales en Catalogne, et plus particulièrement à Barcelone et sa zone métropolitaine. Selon le document, depuis 2015 on y recense les chiffres d'occupations illégales les plus élevés, et en 2020 la Catalogne représentait plus de la moitié des cas enregistrés dans tous le pays. Les plaintes pour ce délit ont augmenté de 77% entre 2015 et 2022 dans la région. "Bien que pour la première fois depuis 2017 on observe une baisse du nombre d’occupations illégales, la Catalogne et surtout Barcelone demeurent l’épicentre des plaintes pour cette problématique en Espagne, au moins depuis 2015", assure le porte-parole de l’Institut. L'organisme pointe du doigt certaines initiatives locales, comme la loi catalane antidesahucios, qui ont favorisé la protection de l'occupation. Le parlement catalan a depuis fait marche arrière en validant un texte de loi qui accélère l'expulsion des squatteurs conflictuels.
De nouveaux profils de squatteurs
À son lancement, le mouvement "okupas" était destiné à occuper illégalement des logements vides (propriétés de grands groupes) par nécessité, pour des familles sans ressources et ne pouvant pas accéder à un logement sur le marché de l'immobilier. Mais aujourd'hui, les spécialistes alertent de l'apparition d'un nouveau profil de squatteurs: des personnes qui ne sont pas en situation de vulnérabilité, qui ont souvent des ressources stables, et qui décident de vivre dans un logement sans payer, aux dépens du propriétaire du bien.
Cette nouvelle forme d'usurpation du logement, dont les victimes sont les petits propriétaires de biens en location, a été baptisée en Espagne comme "inquiokupación", en référence aux termes "inquilino" (locataire) et "okupación". Cette technique consiste à occuper un logement sans utiliser la force pour y accéder: les squatteurs se font passer pour des locataires classiques, signent un contrat de location, et arrêtent de payer le loyer au bout d'un mois ou deux, sans quitter le logement. Sur le plan légal, il est alors très difficile de prouver s'il s'agit d'un squatteur intentionnel ou d'une personne qui ne peut plus faire face à la charge économique du loyer. La plateforme de victimes "Afectados por la Ocupación" dénonce la lenteur de la justice face à ce type d'occupations illégales (plusieurs mois écoulés depuis le dépôt de plainte) et réclame des mesures rapides.