À Madrid puis à Barcelone, les personnels de l'Institut français d'Espagne se sont mobilisés la semaine dernière, pour dénoncer la fermeture annoncée de l'antenne de Valence. La suppression des cours de français à partir de juin prochain à l'IFV marque le début de la fin pour une institution qui représente la francophonie et la culture française depuis plus d'un siècle. La décision risque de laisser une trentaine de salariés sur le carreau.
L'annonce est tombée comme un couperet, il y a une semaine, pour la trentaine de salariés de l'Institut Français de Valencia (IFV) : cette institution qui perpétue la culture et la langue françaises dans la troisième ville d'Espagne depuis 1888 cessera ses activités, ou presque, à partir du mois de juin prochain. Ainsi en a décidé le Ministère des Affaires Étrangères (MAE), qui assure la tutelle sur les instituts français dans le monde. La lettre ministérielle envoyée aux conseillers consulaires annonce plus précisément la volonté de supprimer les cours de français à l'IFV pour "recentrer les missions sur la coopération éducative, universitaire et culturelle" et sur la certification des diplômes de français. Un langage diplomatique qui rappelle celui de Séville il y a déjà plus de quinze ans, avant que cet institut français d'Andalousie ne se réduise comme peau de chagrin à la seule présence d'un directeur envoyé par le MAE et trois personnes pour superviser les validations des examens de français.
Comme les professeurs de français représentent l'essentiel du personnel de Valencia, une perspective identique est donc à craindre. D'autant que le Ministère des Affaires Étrangères avait déjà menacé de fermer l'IFV il y a deux ans si la situation financière ne s'améliorait pas. Une absence de rentabilité contestable, selon Cécile Camus, membre du comité d'entreprise de l'Institut Français d'Espagne (sous statut d'établissement à autonomie financière) : "Évidemment, la situation économique n'est pas bonne, mais c'est oublier les difficultés extrêmes de fonctionnement de ces derniers mois à cause de la pandémie".
Le maire de Valencia, Joan Ribó, mobilisé
Cette décision radicale pose aussi la question de l'engagement de l'État, au-delà des discours sur la francophonie et de la diffusion internationale de la culture française à l'international. Mais à l'heure de répondre de ces choix, les intéressées font défaut. Ainsi les professeurs mobilisés samedi dernier déploraient-ils le silence du ministre des Affaires étrangères et des institutions françaises d'Espagne, pourtant sollicités par le corps enseignant. Contactée par nos équipes la semaine dernière, l’ambassade de France en Espagne informait que les négociations étaient toujours en cours et réaffirmait son attachement à la poursuite et au développement de la coopération bilatérale menée au sein de la Communauté de Valence, dans les domaines culturel, éducatif et universitaire.
Contactée par les professeurs -et par nos soins- la députée des Français de l'étranger Samantha Cazebonne n'a pas donné suite. Son suppléant, Stéphane Vojetta, réagit pour déplorer cette décision : "Je pense qu'on aurait pu faire mieux et plus, et la situation des salariés de l'IFV m'attriste"... "Mais gouverner c'est choisir", ajoute ce représentant de La République en Marche. Au moins a-t-il le mérite de s'exprimer, même si c'est pour dénoncer "l'électoralisme des conseillers consulaires de la liste Agissons Ensemble, qui diffusent avec enthousiasme une pétition outragée contre ces mesures, alors qu'ils n'ont rien fait pendant deux ans pour que la situation s'améliore". La pétition en question a tout de même recueilli plus de 8.000 signatures en une semaine, et le maire de Valencia Joan Ribó l'a lui-même relayée en affirmant son désir de préserver l'IFV.