La nouvelle en a surpris plus d'un. Vendredi 30 avril, l'annonce de la réorganisation de l'Institut français de Valence pour des raisons budgétaires a fait l'effet d'une douche froide pour les 26 employés qui y travaillent et suscite l'indignation de nombreux acteurs de la communauté française et de Valenciens francophiles. La négociation avec les représentants du personnel est en cours, et une pétition contre le fermeture de l'Institut, adressée au président de la République et qui a déjà recueilli plus de 6500 signatures, a été mise en ligne.
Une fermeture qui ne dit pas son nom
Il semblerait que cette décision sonne le glas de l’IF de Valence tel qu’on le connaît dans sa forme actuelle. Pour l’un des représentants du personnel que nous avons contacté, c’est une fermeture qui ne dit pas son nom. Le ministère a annoncé la suppression totale des cours de français et le “despido colectivo” du personnel de l’Institut pour se recentrer sur un rôle de coopération culturelle, éducative et universitaire. Aux yeux du représentant du personnel, derrière “cet habillage politique", on veut en fait transformer le bâtiment en un “petit bureau qui croit faire des actions de rayonnement culturel." "C’est exactement ce qui s’est passé avec l’IF de Séville qui a fermé”, souligne-t-il. "Les anciens employés ont monté une boîte privée de cours de français qui marche très bien alors que l'IF de Séville ne fonctionnait soit-disant pas. L'IF de Séville a donc perdu tout rayonnement culturel et éducatif.”
En 2018, une inspection de l’IGAE avait tiré la sonnette d’alarme sur l’état des comptes de l’IF de Valence. Déficitaire, il avait 2 ans pour mettre de l’ordre dans ses dépenses et repasser en positif. “En 2019, après de nombreuses coupes budgétaires, on était proche de l’équilibre puis la pandémie est arrivée. C’est profondément injuste !” s’insurge le représentant du personnel.
Le conseiller consulaire François Ralle, quant à lui, remet en cause une “vision comptable” et “court-termiste” qui signe le “déclin” du rayonnement de la France à l’étranger alors que d’autres pays, comme la Chine ou la Russie, ouvrent tous les ans des instituts dans le monde entier. Le conseiller dénonce un “coup terrible” fait à l’image de la France, premier partenaire économique de l’Espagne, dans une ville qui attire de plus en plus de Français. En rappelant que le bilan financier concerne les cinq Instituts, il s’interroge : “Ne peut-on pas estimer que les grands Instituts, ceux de Barcelone et Madrid, sont là pour aider les plus petits : Bilbao, Saragosse et Valence ?”
Une pétition contre la fermeture sur change.org
Sous le slogan “Salvem l’Institut français de Valencia”, une pétition a été créée sur le site change.org à l’initiative des employés de l’IFV et de la conseillère consulaire Annik Valldecabres. La pétition, abondamment relayée sur les réseaux sociaux, demande un sursis de deux ans pour évaluer les résultats de l’Institut dans des conditions normales et non en période de pandémie. Presse locale, associations de parents d’élèves, universitaires et intellectuels valenciens, ils sont nombreux à se faire l’écho de ces revendications.
L’ambassade de France en Espagne, que nous avons contactée, nous informe que les négociations sont toujours en cours avec les représentants du personnel de l’Institut dans le cadre de la législation espagnole du travail. Une communication doit être faite prochainement. L’ambassade réaffirme son attachement à la poursuite et au développement de la coopération bilatérale menée au sein de la Communauté de Valence, dans les domaines culturel, éducatif et universitaire.
Rappelons que l’ancrage de l’Institut français à Valence est ancien et profond. Créé en 1888 en tant qu’école sous les auspices de l’Alliance française, il devient un centre rayonnant de la culture française et un établissement de prestige. En 2001, l’Institut s’installe dans le centre historique de la ville, 6 Carrer del Moro Zeid. Depuis sa naissance, il poursuit sa mission culturelle et linguistique auprès des francophones et francophiles de la région.