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Sécheresse: La Catalogne à deux doigts d'entrer en phase d'urgence

L'église de Sant Romà dans le barrage de SauL'église de Sant Romà dans le barrage de Sau
L'église de Sant Romà dans le barrage de Sau en 2005/CC
Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 19 avril 2023

La région connaît la période de sécheresse la plus grave depuis 15 ans, avec un indice de 26% de réserves d'eau. Si la situation n'évolue pas, l'état d'urgence pourrait être déclaré dans les prochains mois.

 

 

Le mois d'avril est normalement pluvieux. Le refrain espagnol "en abril, aguas mil" (en avril, eaux mille) ne reflète pourtant en rien cette année le manque de pluie généralisé en Espagne. La situation en Catalogne devient critique, avec 26% des réserves d'eau. Ce pourcentage, qui ne montre aucun signe d'amélioration ce printemps, est bien loin d'autres bassins du nord de l'Espagne, comme les 83% enregistrés en Galice et en Cantabrie ou les 80% au Pays basque, mais aussi des 58% d'il y a tout juste un an en Catalogne ou des 78% que la moyenne de la communauté aurait atteint cette même semaine au cours des dix dernières années.

L'église sous l'eau à découvert

La région connaît la période de sécheresse la plus grave depuis 15 ans. Le responsable de l'environnement de la Generalitat est allé jusqu'à prier la Vierge de Montserrat, la populaire Moreneta, pour qu'il pleuve. L'image de l'église romane de Sant Romà dans le barrage de Sau est le thermomètre emblématique de l'état de la sécheresse en Catalogne. Le clocher de cette église paroissiale, devenue depuis longtemps une attraction touristique, est le seul élément qui reste toujours découvert dans ce village catalan submergé par les eaux du barrage, inauguré en 1962. Aujourd'hui, cet édifice religieux du XIe siècle reste complètement visible et à terre en raison de l'état des réserves d'eau du réservoir, avec 6,5% de sa capacité totale, un niveau qui n'a pas été atteint depuis plus de trois décennies et qui, par exemple, empêche les pompiers de charger de l'eau.

La guerre de l'eau aux prochaines élections

Après une décennie au cours de laquelle la question indépendantiste a été la priorite absolue dans la politique catalane, le président de la Generalitat, Pere Aragonès, a admis mardi dernier que la sécheresse est aujourd'hui "le problème le plus grave et le plus urgent" auquel est confrontée la région. En Catalogne aussi, la gestion de l'eau pourrait bien marquer le paysage politique des élections municipales du 28 mai.

Les 3/4 de la Catalogne

Ces dernières années, certaines tâches liées aux infrastructures hydriques avaient été oubliées, et cette nouvelle crise a pris la Generalitat au dépourvu. Le 28 février, le gouvernement catalan a décrété une phase d'exceptionnalité pour le système Ter-Llobregat (qui alimente en eau l'aire métropolitaine de Barcelone) et l'aquifère Fluvià-Muga, affectant ainsi près de six millions de personnes dans 224 municipalités, soit les trois quarts de la population catalane. Ce scénario prévoit, entre autres mesures, une réduction de 40% de l'eau destinée à l'agriculture, de 15% de l'eau destinée à l'industrie et l'interdiction, sauf exceptions, de l'irrigation des espaces verts et des jardins privés et publics. Le gouvernement est revenu sur son idée initiale d'interdire le remplissage des piscines et a finalement autorisé que cela puisse se faire dans celles qui sont à "usage communautaire".

L'état d'urgence toucherait les particuliers

Si la situation n'évolue pas, l'état d'urgence pourrait être déclaré dans les prochains mois. Il s'agit de la cinquième et dernière phase du plan sécheresse de l'Agence catalane de l'eau (ACA), l'entreprise publique du gouvernement catalan chargée de la planification et de la gestion du cycle de l'eau. Avec cette étape, les restrictions monteraient d'un cran et pourraient toucher la consommation domestique, une épée de Damoclès que la Generalitat a tenté d'écarter ces derniers mois, mais qu'elle admet désormais ne pas pouvoir exclure. Ces restrictions d'eau potable pourraient être réalisées par le biais de coupures partielles de l'approvisionnement ou par la réduction de la pression de distribution dans le réseau, une mesure que de nombreux experts considèrent comme plus efficace.

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