Trois militants thaïlandais en exil accusés d'avoir insulté la puissante monarchie du pays ont disparu, ont déclaré des groupes de défense des droits de l'homme et un membre de leur famille à l'AFP samedi.
Chucheep Chiwasut, qui diffuse des commentaires politiques en ligne, et deux collègues, Siam Theerawut et Kritsana Tupthai, ont été arrêtés au Vietnam au début de cette année et renvoyés en Thaïlande cette semaine, selon des groupes de défense des droits de l'homme.
La mère de Siam, 34 ans, dit avoir eu des nouvelles de lui pour la dernière fois il y a quelques mois.
"Il m’a dit qu'il allait bien et m’a parlé de ce qu'il avait mangé et des endroits qu'il avait visités, mais il ne m'a pas précisé où il se trouvait", a déclaré Kanya Theerawut à l'AFP, ajoutant qu'elle était allée voir la police cette semaine mais s’était entendu dire qu’il n’y avait pas d’information.
"Je veux savoir où est mon fils", a-t-elle déclaré.
Un haut responsable du bureau des enquêtes spéciales a confirmé que les trois hommes étaient au Vietnam mais qu’il n'avait aucune information sur les arrestations.
Le vice-Premier ministre thaïlandais, Prawit Wongsuwan, a nié vendredi que les trois hommes puissent se trouver détenus en Thaïlande.
Des dizaines de dissidents, d'universitaires et de militants pour la démocratie ont été forcés à l'exil depuis que la junte a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2014, dans ce que les analystes considèrent comme l'une des plus grandes vagues d’exil politique de l'histoire récente de la Thaïlande.
La majorité d'entre eux ont fui vers le Laos et le Cambodge voisins pour éviter des mises en examen et des peines d'emprisonnement.
Mais Chucheep, Siam et Kritsana ont préféré quitter le Laos après la disparition de trois autres dissidents qui s'y étaient réfugiés comme eux.
Les corps de deux de ces hommes ont été retrouvés fin décembre dans le Mékong, leur corps éviscéré et lesté de ciment. Le gouvernement thaïlandais a nié toute responsabilité.
Le nombre de poursuites engagées en vertu de la loi thaïlandaise sur le lèse-majesté, qui prévoit des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans pour avoir insulté la riche monarchie, a monté en flèche après l’arrivée de la junte au pouvoir.
Mais les activistes affirment que l'armée a également intensifié ses poursuites à l'étranger.
"Le long bras de la répression s'étend au-delà des frontières. Les dissidents en exil sont aussi poursuivis", a déploré à l'AFP Sunai Phasuk de Human Rights Watch. "Il n’y a pas d’endroit sûr." L'ONG a diffusé un communiqué demandant au gouvernement thaïlandais de "révéler où se trouvent trois activistes qui auraient été extradés de Hanoï vers Bangkok".
Amnesty International a également demandé au gouvernement thaïlandais de fournir des réponses.
Les poursuites pour lèse-majesté affichent une baisse depuis que le nouveau roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, est monté sur le trône en 2016 après le décès de son père, Bhumibol Adulyadej.
Vendredi, un militant pro-démocratie condamné à deux ans et demi de prison pour avoir partagé sur Facebook un portrait peu flatteur du roi par BBC Thai a été libéré sur grâce royale à un peu plus d'un mois de la fin de sa peine.