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Smog: Les écoles de Bangkok ferment et les champs continuent de brûler

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REUTERS / Chalinee Thirasupa - Des cultivateurs de Suphan Buri, au nord de Bangkok, ont incendié leurs champs de canne à sucre de nuit (20 janvier 2020), pour éviter d'être arrêtés par les autorités qui ont interdit la pratique
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 22 janvier 2020, mis à jour le 2 février 2020

Les autorités de la ville de Bangkok ont ordonné mardi la fermeture des écoles en raison des niveaux de pollution de l'air jugés malsains. Alors que les cultivateurs de canne à sucre continuent de brûler leurs champs, la situation ne semble pas prête de s’améliorer dans les semaines à venir.

L'indice de la qualité de l'air de Bangkok (AQI) a grimpé à 170 – un AQI au-dessus de 150 étant classée comme "malsain" - mardi matin, plaçant la capitale thaïlandaise en neuvième position dans le classement des grandes villes les plus polluées au monde, selon AirVisual, organisme indépendant qui surveille la qualité de l'air.

L'Administration métropolitaine de Bangkok (BMA) a ordonné à 437 écoles de la ville de fermer mercredi pour au moins une journée.

Le niveau de microparticules PM 2,5 à Bangkok mardi était de 92,7 microgrammes par mètre cube d’air (µg/m3) - Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le niveau d'exposition maximum quotidien ne doit pas dépasser les 25 µg/m3. Les PM 2,5 peuvent être constituées de poussières, de suie et de fumée.

Les épisodes de pollution élevée les plus réguliers et soutenus de l’année à Bangkok coïncident avec la récolte de la canne à sucre, qui se déroule normalement de novembre à mars.

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Une route enveloppée de fumée près de plantations de canne à sucre incendiées dans la province de Suphan Buri, au nord de Bangkok, le 21 janvier 2020. (photo REUTERS / Chalinee Thirasupa)

La canne à sucre est généralement brûlée avant la récolte pour éliminer les feuilles, ce qui facilite la collecte. Après la récolte, les matériaux organiques résiduels sont de nouveau brûlés pour préparer la terre en vue d’une nouvelle plantation.

Le gouvernement a officiellement interdit le brûlage des cultures sur les mois de janvier et février, selon le site Internet du ministère de l'Agriculture.

Mais force est de constater que nombreux sont les cultivateurs qui recourent toujours au brûlage, cela revenant moins cher que d'embaucher des ouvriers.

Quand l’industrie du sucre refuse de saler ses coûts de production

"Le coût total de la culture augmente d'environ 30% à 40% si l’on coupe la canne à sucre fraîche (sans brûler) ... ce qui rend nécessaire de brûler", explique un cultivateur de canne à sucre dans le nord-est de la Thaïlande, se présentant seulement par son surnom, Sert.

"Cela me rend mal à l’aise", avoue-t-il lorsqu'on lui demande ce qu’il pense du fait que cette pratique contribue à la pollution de l’air que respirent des millions de personnes. 

Certains jours durant ce mois de janvier, la Thaïlande a compté jusqu'à 375 points chauds, larges d’au moins un kilomètre, ce qui indique des incendies, avec une centaine de points localisés en moyenne sur des terres agricoles, selon des données satellitaires de l'Agence thaïlandaise de développement de la géo-informatique et des technologies spatiales (GISTDA).

Bien que le brûlage des récoltes sur les deux premiers mois de l'année soit interdit, très peu est fait pour appliquer la réglementation. Et le Premier ministre Prayuth Chan-ocha n'a pu qu'admettre son impuissance. "Nous ne pouvons pas simplement blâmer les gens et pénaliser tous les pollueurs, car le résultat de ces sanctions risque d'entraîner d'autres problèmes graves pour la société", a-t-il déclaré lundi à la presse.

La Thaïlande est le 2e exportateur mondial de sucre derrière le Brésil, selon la FAO, avec plus de 10 millions de tonnes en 2018 contre seulement 7,1 millions un an avant. En septembre dernier, l'industrie du sucre disait s'attendre à perdre 10 milliards de bahts en raison du baht fort et de la surproduction, selon le Bangkok Post

Le royaume compte 384.708 cultivateurs de canne à sucre et 1,8 millions d'hectares de plantations, toujours selon le Bangkok Post.

Bien entendu, le brûlage des cultures n'est pas la seule cause du smog en Thaïlande - la pollution des voitures et des camions, les conditions météorologiques et les émissions industrielles sont également mises en cause.

"C'est un cocktail de facteurs", souligne Surat Bualert, doyen de la Faculté de l'environnement de l'Université Kasetsart.

En Thaïlande, Bangkok n’est pas le seul endroit à souffrir du smog sur les premiers mois de l’année. La ville de Chiang Mai et ses environs, au nord du royaume, souffrent chaque année de taux de pollution qui ont atteint l’an dernier des niveaux alarmants sur plusieurs mois. 

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