Bangkok affichait mercredi le 3e taux le plus élevé au monde de pollution au micro particules selon l’application Air Visual, les autorités de la capitale se préparant à pire en fin de semaine, tandis que Chiang Mai figurait jeudi matin dans le top 10 avec un indice AQI de 161 (à 8h00 heure locale).
Le taux de particules fines de moins de 2,5 microns (PM2.5) a atteint un peu plus de 119 microgramme par mètre cube d'air (µg/m3), à Bangkok, mercredi matin avant de redescendre à 33µg/m3 en fin de journée, selon le Bangkok Post qui souligne que les autorités de la capitale ont mobilisé les institutions de santé pour les prochains jours dans près des deux tiers des circonscriptions où le taux de PM 2.5 avoisine ou dépasse le seuil de 50 microgrammes par mètre cube d'air considéré comme malsain par les autorités sanitaires thaïlandaises.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le niveau d'exposition maximum quotidien aux particules fines PM2.5 ne doit pas dépasser les 25 microgrammes par mètre cube.
Les PM 2,5 sont un mix de microgouttelettes et de particules solides pouvant être constituées par de la poussière, de la suie ou encore de la fumée. Il s'agit de l'une des principales mesures sur lesquelles est basé l'indice de qualité de l'air (AQI).
L'AQI est considéré comme "malsain" lorsque il est supérieur à 150, ce qui implique une "probabilité accrue d'effets indésirables et de complications pour le cœur et les poumons au sein de la population", selon airvisual.com, qui mesure les niveaux dans les villes du monde entier.
Jeudi matin à 8h00 Bangkok et Chiang Mai se trouvaient respectivement en 9e et 10e position des villes les plus polluées avec un AQI supérieur à 160, selon Air Visual.
Pics de pollution plus fréquents
Les épisodes de pollution sont de plus en plus fréquents à Bangkok au vu notamment de l’augmentation exponentielle de véhicules dans la ville devenue l’une des plus embouteillées de la planète. Bangkok compte aujourd'hui environ 10 millions de voitures, dont 2,5 millions roulent encore au diesel.
Ces épisodes sont particulièrement sévères pendant la saison sèche de décembre à avril, lorsque les conditions météorologiques sont défavorables à la dispersion des polluants. La saison sèche correspond également à la période durant laquelle les agriculteurs brûlent les résidus des cultures en vue de la récolte suivante.
En ce qui concerne Chiang Mai, la pollution de l'air revient chaque année principalement entre février et avril - parmi les locaux certains parlent de la "saison des fumées". Mais depuis ces dernières années, la fenêtre semble s'élargir et s’intensifier au point que la région nord a connu l’an dernier des AQI malsains voire très malsains de fin janvier jusqu'à début juin.
Si la culture sur brûlis par les petits paysans est généralement présentée comme la cause principale, des experts pointent aussi du doigt l'agriculture intensive plébiscitée par les autorités et qui produit toujours plus de déchets agricoles, lesquels sont brûlés, générant des émanations supplémentaires importantes.
Mais comme à Bangkok, l'augmentation du nombre de véhicules est également à prendre en compte comme le soulignait en avril dernier Olivier Evrard, spécialiste de la Thaïlande à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). "Il est injuste de cibler uniquement les agriculteurs". "Le nombre de voitures a explosé à Chiang Mai, le gouvernement ayant incité la population à acheter davantage de véhicules et les centrales à charbon tournent toujours à plein régime", expliquait-il, dénonçant les politiques menées par les partis de tout bord depuis plusieurs années.