À quelques jours de la rentrée des classes, certaines écoles francophones de Thaïlande se préparent à accueillir moins d’élèves tandis que d’autres devraient voir une augmentation du nombre d’inscrits.
Après une année scolaire 2019-2020 bousculée en raison de la crise du Covid-19 qui a entraîné la fermeture des écoles entre le 18 mars et le 15 juin suivie d’une brève reprise avant les congés de juillet et août, les écoles francophones de Bangkok, Pattaya, Samui et Phuket s’apprêtent à accueillir les élèves le 2 septembre.
Et pour certains établissements, cette rentrée souffre encore des restrictions imposées par les autorités thaïlandaises contre le nouveau coronavirus. En effet, la fermeture des frontières et à l’interdiction prolongée des vols commerciaux vers la Thaïlande empêcheront un certain nombre d'élèves d’être présents pour démarrer l’année d'école.
Les écoles bilingues Acacia devraient voir autour de 20% d’élèves manquer l'appel de la rentrée sur les deux établissements de Bangkok confie le directeur Christophe Galian, un certain nombre d'entre eux étant coincés en France. “Normalement, nous avons une vingtaine de nouveaux arrivants chaque année, mais cette année, à cause de la fermeture des frontières, il n’y en aura pas. Par ailleurs une trentaine de familles rentrées en France pour les congés d’été, comme elle le font d’habitude, ne peuvent pas revenir pour le moment. Peut-être qu’elles arriveront plus tard dans l’année”, espère Christophe Galian qui se rassure en voyant que ses autres établissements au Vietnam et au Cambodge vont connaître une rentrée sereine.
L’École française internationale de Koh Samui est dans une situation similaire avec une baisse de 25% des élèves, selon le directeur Stéphane Salaün. “C’est compliqué cette année, car nous avons pas mal d’enfants “coincés” en France. Pour le moment, nous avons environ 90 élèves. Cela représente une trentaine d’étudiants en moins par rapport à l’année 2019-2020, certains arriveront plus tard dans l’année”, commente Stéphane Salaün.
Il faut dire que l’île de Koh Samui, dont l’économie est tournée exclusivement vers l’industrie du tourisme, souffre énormément depuis la mise en place des mesures pour lutter contre l’épidémie du coronavirus, et des familles n’ont pas eu d’autres choix que de rentrer en France après la perte d’emploi d’un des parents voire des deux. Pourtant, l’île attire toujours des expatriés. “Nous avons de nouvelles familles qui arrivent sur l’île d’autres régions de Thaïlande et aussi des nouvelles inscriptions en suspens, des familles de France, Suisse, Belgique, Liban qui attendent que les frontières soient de nouveau ouvertes”, se rassure le directeur.
La semaine dernière, à quinze jours de la rentrée, le Lycée français international de Bangkok (LFIB) avait envoyé un courrier à tous les parents pour faire une estimation du nombre de jeunes qui seront présents le 2 septembre. “Le nombre d’inscriptions a moins bougé que ce que je craignais”, explique Yvan Schmitt, le proviseur du LFIB. “S’il y a des gens qui ne peuvent pas venir, il y a aussi des familles qui ne sont pas parties comme elles auraient dû le faire. Au final, nous avons 960 élèves inscrits alors que l’année dernière, en septembre, nous en avions 1.000. Par contre, 90 de nos élèves ne seront pas présents le jour de la rentrée. Certaines familles ont déjà leurs dates de vols tandis que d’autres ne les ont pas encore” ajoute le proviseur.
A une semaine de la rentrée, les écoles n’ont pas encore établi de solutions alternatives pour permettre aux enfants qui n’ont pu revenir en Thaïlande de suivre les cours. “Il y a le problème du décalage horaire, nous ne pouvons demander aux enfants de suivre via Zoom un cours à 8h du matin à Bangkok quand il est 3h du matin en France”, souligne Yvan Schmitt.
Inscriptions en hausse
Pour d’autres établissements, par contre, le nombre d’inscriptions est légèrement en hausse. “À notre grande surprise, nous avons un peu plus d’effectifs”, explique David Micallef, directeur de l’École française Internationale de Pattaya (EFIP). “Au mois de juin, nous étions pessimistes. Nous nous attendions à une grosse perte, mais en fait, nous avons récupéré des familles de Bangkok et d’autres établissements internationaux. Les gens ont moins de revenus, ils cherchent des écoles moins chères ou des villes moins chères”, ajoute David Micallef. L’EFIP passe ainsi de 110 élèves en septembre 2019 à 120 élèves pour septembre 2020. Par contre, une vingtaine de ces élèves n’ont pas encore pu revenir en Thaïlande et deux professeurs seront également absents pour la rentrée.
De son côté, l’école internationale BCIS à Phuket annonce une bonne rentrée avec 530 élèves inscrits contre 490 pour l’année scolaire 2019-2020. “Un certain nombre d’élèves sont rentrés dans leur pays, mais nous accueillons de nouveaux élèves. La gestion des cours en ligne que nous avons mis en place pendant la fermeture des écoles porte ses fruits. Je pense que nous sommes l’une des seules écoles de Phuket à progresser”, confie Laurent Minguely, le directeur de BCIS. “En temps normal, nous aurions pu nous attendre à 600 élèves, mais il n’y a pas de nouveaux arrivants cette année”, ajoute-t-il.
La Petite École à Bangkok connaît également une légère hausse du nombre d’élèves. “La pédagogie innovante et le jardin sont des atouts appréciés par les parents. Aussi, nous acceptons cette année les enfants dès l'âge de 2 ans et demi”, explique Sabrina Héroguelle, assistante communication à La Petite École pour justifier les raisons de cette évolution.
Impact économique important
Si le nombre d’inscriptions d’élèves est en hausse dans certains établissements ou limitée dans d’autres, l’impact économique du coronavirus reste significatif pour l’ensemble des établissements.
Pour venir en aide aux familles, certaines écoles ont proposé l’année dernière, en plus des remboursements de frais de cantine et de transports, des réductions ou des aménagements dans les paiements. L’école Acacia à Bangkok et BCIS à Phuket ont toutes les deux proposés des réductions aux parents lors de la fermeture des écoles, tout en ayant quasiment les mêmes frais de fonctionnement.
Les établissements espèrent rapidement panser leurs plaies mais ils ont toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête: un éventuel nouvel épisode de contamination qui provoquerait de nouveau la fermeture des écoles.
“La fermeture des écoles a entraîné des pertes financières pour BCIS importantes, elles ses comptent en dizaine de millions de bahts”, commente Laurent Minguely. “Financièrement, nous ne pouvons pas reprendre une claque comme l’année dernière”.
Pour certains parents, la situation n’est pas plus joyeuse non plus et les frais de scolarité en ont poussé certains à changer leur enfant d’établissement en déménageant dans des villes moins chères que Bangkok, en se dirigeant vers l’enseignement public thaïlandais ou en se tournant vers le réseau de l’AEFE pour pouvoir bénéficier des bourses de l’état français. Que ce soit le LFIB, l’EFIP, BCIS ou l’École française internationale de Koh Samui, les directeurs estiment qu’entre 15 et 20% de leurs élèves bénéficient d’une bourse pour l’année 2019-2020.
Une nouvelle normalité allégée
À quelques jours de la réouverture des écoles le 15 juin, un protocole comprenant pas moins de 26 règles à appliquer avait été envoyé par le ministère de l’Éducation : Prise de température, lavage fréquent des mains, modification des salles de classe pour permettre aux élèves et aux professeurs de maintenir une distance d’un mètre entre eux, cours en alternance ou période de récréation différée pour certaines classes, étaient autant de mesures pour assurer une “nouvelle normalité”.
Aujourd’hui, les recommandations du ministère de l’Éducation sont nettement moins strictes. “L’école reprend presque comme avant le Covid-19. Tous les cours se font en présentiel, il n’y a plus d’alternance. Nous pouvons reprendre les activités sportives en évitant juste les sports de contacts, etc.”, explique Yvan Schmitt.
“Les mesures sont maintenant réalisables : prise de température le matin, lavage fréquent des mains, les parents peuvent rentrer dans l’école, il n’y a plus de distanciation obligatoire”, ajoute Christophe Galian.
De son côté, le directeur de l’EFIP s’étonne de n’avoir encore rien reçu de la part du gouvernement thaïlandais ou de l’ambassade de France en Thaïlande sur les protocoles à mettre en place.