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L’opposition thaïlandaise critique la stratégie du "vaccin royal"

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Reuters
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 20 janvier 2021, mis à jour le 15 juillet 2021

Le gouvernement thaïlandais a défendu mardi sa stratégie de vaccination contre le coronavirus face aux critiques de l'opposition qui estime que celle-ci repose trop sur une société appartenant au roi.

Le député d’opposition déchu, Thanathorn Juangroongruangkit, a mis en doute le bien-fondé de la stratégie vaccinale du gouvernement thaïlandais qui s’appuierait trop selon lui sur une entreprise qui se trouve appartenir au roi Maha Vajiralongkorn. 

L’attaque politique intervient alors que la Thaïlande se débat avec un retour de l’épidémie de coronavirus manifestement plus intense qu’en 2020 - même si le nombre d’infections reste relativement faible pour un pays de 69 millions d’habitants - et après plusieurs mois de manifestations menées par des mouvements jeunes qui ont remis en question comme jamais auparavant la monarchie - critiquer la famille royale est illégal en Thaïlande.

"Ces accusations sans fondement et inexactes ne devraient pas être reliées au travail de l’institution que nous vénérons et aimons", a déclaré Nakorn Premsri, directeur de l’Institut national des vaccins, faisant référence à la monarchie.

Il a déclaré que la société Siam Bioscience apparaissait comme le choix le plus évident parmi plusieurs entreprises pressenties pour assurer le transfert de technologie de la société pharmaceutique AstraZeneca en vue de fabriquer 200 millions de doses de vaccin par an pour la Thaïlande et à destination d'autres pays.

Siam Bioscience appartient à 100% à une filiale du Crown Property Bureau, qui gère un patrimoine estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros et se trouve depuis 2018 sous le contrôle personnel du roi.

La Thaïlande a commandé 61 millions de doses du vaccin AstraZeneca qui devrait être prêt à partir de juin, ainsi que 2 millions de doses du laboratoire chinois Sinovac, dont 200.000 sont attendues le mois prochain. 

Sino Biopharmaceutical Ltd., une unité du puissant conglomérat thaïlandais Charoen Pokphand Group, a investi près de 420 millions d’euros dans Sinovac en décembre, s'octroyant ainsi 15% de participation dans Sinovac Life Sciences, filiale Sinovac Biotech en charge de la production du vaccin CoronaVac.

Thanathorn Juangroongruangkit a fait ses commentaires concernant Siam Bioscience via Facebook Live lundi lors d'un événement intitulé "Vaccin royal: qui en profite et qui n'en profite pas?"

Il n'a fait aucune accusation d'irrégularité vis-à-vis d’AstraZeneca, mais a déclaré que Siam Bioscience manquait d'expérience en matière de fabrication de vaccins et que le gouvernement se reposait trop sur cette société.

Le directeur général de Siam Bioscience, Songpon Deechongkit, a refusé de réagir à ces critiques.

"Nous voulons nous concentrer sur notre responsabilité à produire le vaccin à temps, avec la qualité, avec les quantités adéquates", a-t-il déclaré à Reuters.

Mardi, le mot dièse en thaï équivalent à #vaccinroyal faisait partie des tendances sur Twitter en Thaïlande avec plus de 300.000 publications.

Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha n’a pas manqué de critiquer les commentaires de Thanathorn. "Tout est déformé et pas du tout factuel. Je vais ordonner des poursuites contre tout ce qui est faux dans ce qui a été publié, que ce soit dans les médias ou les réseaux sociaux", a-t-il déclaré.

La Thaïlande, qui a beaucoup moins souffert de l’épidémie de coronavirus que la plupart des pays de taille identique, a signalé 12.594 cas et 70 décès depuis janvier 2020.

Thanathorn Juangroongruangkit est un milliardaire charismatique co-fondateur du parti politique aujourd'hui dissous Anakot Mai -appelé aussi Future Forward- qui avait créé la surprise en se classant troisième aux élections de 2019, remportant 81 des 500 sièges de la chambre basse du Parlement, fort d'une solide base de jeunes électeurs sensibles aux vues progressistes du parti et ses critiques contre l'establishment militaro-royaliste.

Mais en novembre 2019, la Cour constitutionnelle lui a retiré son mandat de député pour avoir détenu des actions dans une société de médias au moment de l'enregistrement de sa candidature aux élections - Thanathorn a contesté la décision.

Et en février 2020, la même Cour constitutionnelle a ordonné la dissolution d'Anakot Mai, déclenchant la colère de ses jeunes électeurs. Une ire populaire qui a débouché sur la formation en juillet du mouvement anti-gouvernemental qui a organisé depuis plusieurs dizaines de manifestations rassemblant des milliers de personnes dans les rues et a osé remettre en question le statut de la monarchie.

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