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Le PM thaïlandais met en garde contre les critiques sur la monarchie

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REUTERS / Chalinee Thirasupa (archives) - Le Premier ministre thaïlandais, Prayuth Chan-O-Cha, a mis en garde, lundi, les gens qui critiquent la monarchie
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 16 juin 2020, mis à jour le 16 juin 2020

Le Premier ministre thaïlandais, Prayuth Chan-O-Cha, a mis en garde lundi les militants politiques qui questionnent voire critiquent ouvertement la monarchie, affirmant que cela risquait de nuire à leurs perspectives professionnelles, quelques jours après la mystérieuse disparition d’un activiste exilé à Phnom Penh.

Toute insulte envers la monarchie est considérée comme un crime en vertu de l'article 112 du code pénal thaïlandais, et est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

L'enlèvement présumé d'un militant thaïlandais pro-démocratie, le 4 juin au Cambodge, a déclenché une série de petites manifestations d'étudiants -la dernière a eu lieu lundi devant l'ambassade du Cambdoge, rapporte Khaosod English-, certains protestataires remettant en question la loi sur le crime de lèse-majesté dans des commentaires en ligne.

"Avant, nous avions l'article 112 du code pénal et nous n'avions pas beaucoup de problèmes, mais ces temps-ci l'article 112 n'a pas été invoqué parce que le roi a généreusement demandé de ne pas l'utiliser", a déclaré le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha.

"Maintenant, les gens l’enfreignent. Alors qu'est-ce que cela signifie, que voulez-vous tous? Je dois le dire aujourd'hui pour instaurer la paix dans le pays", a-t-il dit.

La Thaïlande est une monarchie constitutionnelle depuis 1932. Le roi est traditionnellement vénéré dans la culture thaïlandaise comme le protecteur de la nation et de la religion bouddhiste. Le nouveau monarque, qui est monté sur le trône en 2016 et a été couronné l’an dernier, a renforcé son pouvoir ces dernières années en faisant amender la Constitution mais passe une grande partie de son temps en Allemagne où il a établi sa résidence secondaire.

Et ces derniers mois une vague sans précédent de questionnement de l'institution a déferlé sur les réseaux sociaux.

En mars, un mot dièse en thaï se traduisant par #unroipourquoifaire? A fait le buzz sur Twitter en Thaïlande lorsqu'un activiste depuis l’étranger a évoqué les pérégrinations du roi Maha Vajiralongkorn en Allemagne pendant la crise du Covid-19.

Prayuth Chan-O-Cha a affirmé que le roi lui aurait personnellement demandé de ne pas utiliser l'article 112 pour poursuivre ses détracteurs, mais il a prévenu que les personnes qui remettent en question la monarchie risquent de rencontrer des difficultés sur le marché du travail.

"Ceux qui adoptent ce genre de comportement pourraient avoir du mal à trouver du travail, les entreprises ne veulent pas de ce genre de personnes dans leurs équipes, alors comment peuvent-ils gagner leur vie? Je suis inquiet pour eux", a déclaré Prayuth.

Les accusations en vertu de la loi sur le lèse-majesté affichent une baisse depuis 2018, selon le groupe Thai Lawyers for Human Rights.

Mais certains groupes de défense des droits déclarent que les autorités invoquent davantage d'autres lois, notamment la loi sur les crimes informatiques et une loi contre la sédition.

Ces dernières années, au moins huit militants thaïlandais ayant fui après le coup d'État militaire de 2014 ont disparu du Laos, du Cambodge ou du Vietnam. Les corps de deux d'entre eux ont été retrouvés flottant dans le Mékong, éviscérés et remplis de béton.

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