Un groupe musical thaïlandais, connu pour ses prises de position contre la monarchie et qui se dit menacé, est arrivé en France où il a déposé une demande d'asile, a appris l'AFP auprès d'une activiste qui a fait le voyage avec eux.
Les membres de la formation musicale Faiyen ("Feu froid" en thaï) ont reçu fin juillet un visa spécial de la part de la France et ont été autorisés à déposer une demande d'asile, a indiqué l'activiste thaïlandaise Junya Yimprasert, précisant que le processus pourrait prendre entre six mois et un an.
En France, nous souhaitons continuer "à faire de la musique pour raconter notre histoire", a relevé l'un des membres Trairong Sinseubpol, joint à Paris par l'AFP.
La formation s'était exilée au Laos après le coup d'Etat de 2014 en Thaïlande qui a porté au pouvoir une junte militaire. Celle-ci a conservé sa mainmise sur le pays même si elle s'est muée en gouvernement civil à la suite des législatives controversées de mars.
Faiyen est connu dans les milieux pro-démocratie thaïlandais pour ses paroles satiriques sur la classe politique et la monarchie, et ses prises de position pour l'abolition de la législation sur le crime de lèse-majesté, passible de 15 ans de prison en Thaïlande.
Le groupe se disait menacé au Laos.
"Il n'y a pas une seule nuit où nous arrivons à dormir. Même les aboiements d'un chien nous donnent la chair de poule", avait récemment confié à l'AFP Romchalee Sombulrattanakul, la chanteuse principale de la formation folk, rencontrée dans un lieu tenu secret.
Depuis 2016, cinq dissidents thaïlandais réfugiés au Laos ont disparu de ce petit pays frontalier de la Thaïlande, dans ce que certains considèrent comme une campagne d'élimination orchestrée par de nébuleux groupes ultra-royalistes. En décembre, les corps de deux de ces dissidents ont été retrouvés dans le Mékong, le corps éviscéré et lesté de ciment.
D'après les organisations de défense des droits humains, trois autres militants thaïlandais accusés d'avoir insulté la monarchie ont aussi été extradés par le Vietnam et remis à la Thaïlande. Les deux gouvernements nient avoir connaissance de l'endroit où ils pourraient se trouver.
Sollicité, le ministère français de l'Intérieur, en charge des demandes d'asile, n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter ces informations.