Des manifestants ont organisé vendredi à Bangkok un petit rassemblement devant les bureaux du Premier ministre, exhortant les autorités à enquêter sur l'enlèvement présumé par des inconnus armés d'un activiste en exil la semaine dernière au Cambodge.
Wanchalearm Satsaksit, 37 ans, un militant pro-démocratie jusque-là peu connu qui avait fui la Thaïlande après le coup d'État militaire de 2014, a été embarqué de force dans un véhicule, le 4 juin, alors qu’il se trouvait devant son appartement à Phnom Penh.
Les autorités cambodgiennes ont d'abord déclaré qu'elles n’avaient pas assez d'informations pour enquêter, mais elles ont ensuite fait savoir qu'elles le feraient. Les responsables du gouvernement thaïlandais ont nié tout rôle dans la disparition.
"Cela fait plus d'une semaine que cela s'est produit mais il n'y a eu aucun progrès dans l'enquête", a déploré Jutatip Sirikhan, présidente du l’Union Etudiante Thaïlandaise, lors du rassemblement devant le siège du gouvernement dans la capitale thaïlandaise.
Plusieurs petites manifestations contre cet enlèvement ont eu lieu à Bangkok depuis la disparition de Wanchalearm.
Même si la démocratie a été officiellement restaurée l'année dernière après cinq ans de régime militaire, les mouvements de contestation politique sur la place publique restent encore rares en Thaïlande.
Il faut dire que seuls les statuts ont changé avec les élections controversées de 2019 qui ont remis au pouvoir les mêmes principaux acteurs du coup d’Etat avec le soutien de politiciens pro-militaires.
L’ex putschiste en chef, Prayuth Chan-O-Cha, est désormais un Premier ministre civil, secondé par l’incontournable général Prawit Wongsuwan, en tant que vice-Premier ministre.
Lisant un communiqué, Jutatip Sirikhan, a souligné lors du rassemblement que Prayuth était un dictateur.
"L'enlèvement de Wanchalearm est un crime odieux perpétré par un État dictatorial, utilisant son pouvoir pour se débarrasser de ses détracteurs politiques", a-t-elle déclaré.
Le 8 juin, des manifestants devant l'ambassade du Cambodge avaient également exigé une enquête et accusé l'État thaïlandais d'avoir orchestré l'enlèvement.
Wanchalearm parlait sur son téléphone portable à sa sœur aînée, Sitanun Satsaksit, quand il a été enlevé.
Ces dernières années, au moins huit militants thaïlandais ayant fui après le coup d'État de 2014 au Laos, au Cambodge ou au Vietnam, ont disparu. Les corps de deux d'entre eux ont été retrouvés flottant dans le Mékong.
Les autorités thaïlandaises ont déclaré qu'elles n'avaient rien à voir avec ces disparitions.