Des inconnus armés ont enlevé un activiste politique thaïlandais dans la capitale cambodgienne, a déclaré vendredi l’ONG Human Right Watch. Il s’agit du dernier cas d'une série de disparitions mystérieuses de dissidents d'Asie du Sud-Est vivant en exil.
Wanchalearm Satsaksit, 37 ans, a été poussé dans un véhicule devant son appartement à Phnom Penh, jeudi, a déclaré Human Rights Watch.
"L'enlèvement d'un éminent activiste politique thaïlandais dans les rues de Phnom Penh nécessite une réponse immédiate des autorités cambodgiennes", a déclaré Brad Adams, directeur du groupe pour l'Asie.
Au moins huit autres militants thaïlandais qui ont fui après un coup d'État militaire de 2014 ont disparu du Laos, du Cambodge et du Vietnam, affirment des collaborateurs et des groupes de défense des droits humains. Certains d’entre eux ont été retrouvés morts.
Un porte-parole de la police cambodgienne a déclaré à Reuters que les autorités n'avaient pas arrêté le militant. Un autre porte-parole cambodgien, Kissana Phattanacharoen, a déclaré au journal Khaosod English: "Le Cambodge n'est pas la Thaïlande. Vous devez demander au pays concerné."
Le porte-parole de la police thaïlandaise Kritsana Pattanacharoen a déclaré que la police n'avait joué aucun rôle dans la disparition.
"La police thaïlandaise ne travaille qu'en Thaïlande", a-t-il dit.
Wanchalearm a fui la Thaïlande après avoir été convoqué par les autorités militaires à la suite du coup d'État de 2014.
En 2018, les autorités thaïlandaises ont émis un mandat d'arrêt contre lui pour avoir opéré une page Facebook critiquant le gouvernement militaire depuis l'étranger en violation de la loi thaïlandaise sur les crimes informatiques.
Pas plus tard que mercredi, il critiquait encore le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-O-Cha sur les réseaux sociaux.
Selon un rapport des médias thaïlandais de 2015 citant une source des services de sécurité intérieure, Wanchalearm faisait partie des 29 militants exilés accusés d'avoir violé les lois sur le crime de lèse-majesté. Le porte-parole de la police thaïlandaise a nié que Wanchalearm était accusé de lèse-majesté.
Des groupes de défense des droits humains accusent les gouvernements d'Asie du Sud-Est, notamment le Cambodge, la Thaïlande et le Vietnam, de s'entraider ces dernières années pour renvoyer de force dissidents et demandeurs d'asile.
Une dizaine d’activistes politiques de Bangkok ont protesté contre la disparition de Wanchalearm, vendredi après-midi, plaçant des fleurs devant un portrait de lui.