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L’armée thaïlandaise dans le viseur des manifestants lundi à Bangkok

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REUTERS / Jorge Silva - Des manifestants brandissaient lundi des pancartes et banderoles évoquant des dissidents détenus ou portés disparus ainsi que des messages disant "pas de coup d'État".

Des manifestants se sont rassemblés lundi devant le quartier général de l'armée thaïlandaise, accusant les militaires de gaspiller l'argent du contribuable dans l’armement. Ils ont également renouvelé les appels à la démission du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha.

Environ 200 manifestants ont conspué le gouvernement et l'armée, accusant cette dernière pour ses dépenses inappropriées en équipements militaires et pour son ingérence perpétuelle dans la politique du pays comme lorsqu’elle a soutenu le coup d’Etat de 2014 mené par le même Prayuth Chan-O-Cha aujourd’hui solidement installé comme Premier ministre.

Prayuth a beau diriger un gouvernement de coalition issu des urnes depuis l’élection de mars 2019, ses détracteurs rappellent que l'armée a fait artificiellement pencher la balance démocratique en sa faveur en rédigeant une Constitution assurant virtuellement le pouvoir à son camp.

Le rassemblement de lundi à Bangkok intervenait deux jours après une manifestation d'environ 2.500 personnes autour du Monument de la démocratie demandant la dissolution du Parlement, la démission au gouvernement, et des amendements à la fameuse Constitution des militaires.

Manifestation anti-militaire a Bangkok
Environ 200 manifestants se sont rassemblés lundi devant le quartier général de l'armée thaïlandaise (photo REUTERS / Jorge Silva )

Des manifestations plus petites ont également eu lieu dimanche à Chiang Mai et Ubon Ratchathani.  

Ces rassemblements ont eu lieu dans le contexte de la lutte contre la propagation du Covid-19 au nom duquel le gouvernement maintient l’état d’urgence malgré l’absence d’infection locale depuis près de deux mois, interdisant en principe les rassemblements. Malgré une présence policière, aucune arrestation n’a toutefois été signalée.

Les manifestants lundi ont brandi des pancartes et banderoles évoquant des dissidents détenus ou portés disparus ainsi que des messages disant "pas de coup d'État".

Un des meneurs de la manifestation a déchiré une grande affiche à l’effigie du chef de l'armée, le général Apirat Kongsompong.

Manifestation anti-militaires a Bangkok
Un manifestant déchire une affiche à l’effigie du chef de l'armée, le général Apirat Kongsompong (photo REUTERS / Jorge Silva )

Prayuth Chan-O-Cha, lui-même un ancien chef de l'armée, voit depuis plusieurs semaines le ressentiment populaire grandir à son encontre alors que lui et son gouvernement semblent obsédés par le risque zéro d’infections au Covid-19 au détriment de l’activité économique et sociale du pays, où des centaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi ou leur entreprise et davantage encore sont sur la sellette. 

Depuis jeudi, six membres de son gouvernement ont d’ailleurs démissionné, le dernier en date étant le ministre du travail.

La deuxième économie d’Asie du Sud-est est la moins performante de toutes cette année alors que l’épidémie de Covid-19 est globale, et selon la banque centrale son PIB pourrait reculer de 8,1%, un record dans les annales du royaume.

Fin mai, le Conseil national de développement économique et social (NESDB), a prédit que le taux de chômage en Thaïlande pourrait quadrupler avec une perte probable de 2 millions d'emplois cette année, en particulier dans le secteur du tourisme.

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