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Pourquoi ces parents français en Thaïlande ont-ils choisi une école non francophone?

Un couple Franco-Thai et leur enfantUn couple Franco-Thai et leur enfant
LPJ Bangkok.com - Scolariser son enfant dans une école française n’est pas forcément le souhait de tous les francophones ayant choisi de vivre en Thaïlande
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 6 juillet 2021, mis à jour le 1 janvier 2022

Scolariser son enfant dans une école française n’est pas forcément le souhait de tous les francophones qui ont fait le choix de vivre en Thaïlande. Certains d’entre eux nous expliquent leurs raisons. 

Lorsque l’on vit à l’étranger avec des enfants, le choix de l’établissement n’est pas forcément aussi évident qu’au pays. Notamment en ce qui concerne le cursus. Faut-il absolument chercher une école francophone ? Ne vaut-il mieux pas scolariser un enfant issu de la mobilité dans une école internationale, ou peut-être plutôt opter pour le cursus local où primera la langue et la culture du pays ? 

Lepetitjournal.com a interrogé plusieurs parents qui ont choisi un enseignement international ou bilingue. Un choix souvent guidé par une vision à long terme, par le lieu de résidence ou par la double culture des enfants. 

Où sont les écoles françaises en Thaïlande?

Même si le réseau des écoles francophones en Thaïlande s’est bien étoffé ces dernières années, les huit établissements scolaires francophones se trouvent dans seulement quatre endroits du pays : Bangkok, Pattaya, Phuket et Koh Samui.

Dès lors, certains parents n’ont pas d’autres choix que de mettre leur enfant dans une école locale thaïlandaise, en particulier dans les villes du nord-est de la Thaïlande. “Mes enfants vont à l’école thaïlandaise, il n’y a pas d’autres établissements à Kalasin. La plupart des enfants issus d’un couple franco-thaï en Isan vont dans les écoles locales”, explique Jean-Michel Perroy, président de l’association La France en Isan, qui couvre le Nord-est de la Thaïlande. 

Deux enfants jouent dans la cour d'une ecole bilingue de Bangkok
Photo LPJ Bangkok.com

Professeur de français langue étrangère à St Andrews International School Green Valley à Rayong, Christine Thiery a choisi de mettre ses deux garçons dans l’école où elle enseigne, entre autres parce qu’à l’époque il n’y avait pas d’écoles françaises à Pattaya ou Rayong.  “J’ai deux fils de 13 et 16 ans, jusqu’à maintenant, ils ont fait toute leur scolarité dans une école internationale. Étant enseignante à St Andrews depuis 1997, j’ai été séduite par l’enseignement international. De plus, grâce à mon métier, la scolarité est gratuite pour mes enfants”, explique la mère de 48 ans, mariée à un Français. 

Des choix qui évoluent avec le temps et l'âge de l’enfant

Pour certains parents, le choix des écoles peut changer en fonction de l’âge des enfants, des expériences ou d’un éventuel déménagement. 

Dans un premier temps, Carol Isoux a préféré mettre sa fille, aujourd’hui âgée de 6 ans, à l’école maternelle de son quartier (Sathorn/Narathiwat) à Bangkok. “Quand ma fille était toute petite, je n’avais pas de prétentions académiques, j’ai pris l’école la plus proche parce qu’il était hors de question de lever ma fille à 6 heures du matin pour aller à l’école. De plus, comme son père est Thaïlandais, je voulais installer la langue thaïlandaise dès la petite enfance”, détaille la journaliste.

 

Fete de l'ecole Acacia a Bangkok
Photo LPJ Bangkok.com

Par la suite, Carol a mis sa fille au collège de l’Assomption à Bangkok avant de changer pour La Petite École. “Je voyais bien qu’à l’école thaïlandaise, ma fille était perçue comme une étrangère, par les élèves, mais aussi par les professeurs. J’ai également réalisé, surtout avec les cours en ligne, que ça commençait à être très compliqué pour moi de pouvoir suivre la scolarité de ma fille s’il me fallait passer au moins une heure par jour pour comprendre/traduire les documents qui étaient envoyés juste pour pouvoir l’aider à suivre les cours à distance. C’est la raison qui m’a poussé à la mettre à La Petite École, ainsi que la possibilité d’obtenir une bourse scolaire. Elle continuera ensuite au Lycée français international de Bangkok (LFIB)”, ajoute la jeune quadragénaire.

S'épanouir en tant que binational

La possibilité d’offrir un ancrage précoce dans l’une des langues maternelles de l’enfant, ainsi que la proximité entre l’école et le domicile à un jeune âge, ont poussé Pierre Queffélec et sa compagne thaïlandaise à mettre leur fils à l’école bilingue Acacia à Bangkok, de l'âge de 1 an jusqu'à 3 ans. “Ce fut une expérience très riche qui lui a permis d'acquérir un bon niveau de langue aussi bien en français qu'en anglais”, se souvient celui qui dirige le bureau de Lepetitjournal.com en Thaïlande depuis 15 ans.

Après leur déménagement de Bangkok à Chiang Mai il y a trois ans, le fils de Pierre et Joy est entré dans une école bilingue anglais-thaï.

Aujourd’hui bientôt âgé de 7 ans, il est à l’Ambassador Bilingual Academy (ABA) qui propose un cursus international. L’absence d'école francophone à Chiang Mai n’a pas changé leurs plans d’aller vivre dans le Nord. Pour eux, le fait que leur fils soit binational dans un pays non francophone ne place pas la langue française dans le haut des priorités, même si elle reste importante.

Notre plan de vie est en Thaïlande, où les deux langues qui priment sont le thaïlandais et l'anglais. Nous avons donc privilégié à ce stade de sa scolarité un cadre dans lequel il a toutes ses chances d'exceller dans ces deux langues et dans lequel il pourra s'épanouir en tant qu'enfant binational sans pour autant être déconnecté de la société thaïlandaise”, explique le papa qui dit toutefois converser et lire avec son fils en français et ne manque pas les opportunités de mettre ce dernier en contact avec la langue de Molière.

Environnement idéal pour un avenir international

Installé en Thaïlande depuis 1994, Marc Hagelauer envisageait sa vie sur le long terme au pays du Sourire. Dès lors, l’homme d’affaires franco-britannique se tourne vers une école internationale pour ses deux filles. “Après avoir étudié à Bangkok Patana School, mon aînée de 23 ans a continué ses études à l’école hôtelière de Lausanne tandis que ma fille de 20 ans étudie à l’université McGill à Montréal. Je n’avais aucune intention de rentrer habiter en France et donc je voulais leur ouvrir le maximum de portes après le Baccalauréat. C'est pourquoi j’ai pensé qu’il serait mieux pour elles d’être dans le système anglophone plutôt que francophone”, explique le quinquagénaire qui vit désormais à Chiang Mai. 

Jean-François Verdon, directeur et propriétaire de plusieurs compagnies dans la restauration, l’hôtellerie et l’immobilier à Bangkok (Hospitality Management Asia, The Kitchen Group, etc), est père de deux enfants, un garçon de 11 ans et une fille de 6 ans. Et il ne prévoit pas de quitter la Thaïlande de sitôt, dit-il.

 

Enfants binationaux dans une ecole internaitonale en Thailande
Photo LPJ Bangkok.com

A une époque, j’ai eu la garde de mon frère qui était en 3e au Lycée Français International de Bangkok (LFIB). J’ai constaté que le LFIB était loin d’offrir l’éducation qui correspondait à un environnement international. Je vis en Thaïlande depuis 1995, je suis marié à une Thaïlandaise francophone, j’ai la nationalité thaïlandaise, j’avais donc besoin que mes enfants suivent une éducation internationale”, précise-t-il. 

Tout comme Marc Hagelauer, Jean-François a inscrit ses enfants à Bangkok Patana School. Avec une inscription qui revient tout de même à près d’un million de bahts (environ 25.000 euros) par an, le Français voit l’enseignement de ces enfants comme un investissement pour leur offrir les meilleures chances dans le futur. 

Pattana School est une école très compétitive avec un niveau d’attention et de suivi de la part des professeurs qui est bien meilleur qu’en France. En termes de réseautage, l’école de Patana est la meilleure. Entre Year 7 et Year 13, les classes ne changent pas, donc le fait de rester avec les mêmes camarades, cela crée des liens, des amitiés et du réseau que vous n’aurez pas forcément ailleurs. De plus, quand les enfants sortent de Patana, ils sont admis dans toutes les universités du monde. C’est clair que c’est un investissement qui coûte cher, mais je pense que c’est un plus pour les enfants”, conclut l’homme d’affaires de 49 ans.

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