Pour le nouveau consul honoraire de Prachuap Khiri Khan, l’agence consulaire est aussi là pour créer un lien social entre les Français. D’autant que pour certains la vie en Thaïlande est moins facile.
Âgé de 48 ans, Stéphane Rousseau est consul honoraire de la province de Prachuap Khiri Khan depuis le mois d’août 2021. Il succède ainsi à Anne-Marie Toudic qui avait fondé l’agence consulaire dans cette province à 200 km au sud de Bangkok.
Traducteur agréé par l’ambassade de France en Thaïlande, Stéphane Rousseau a à cœur d’aider la communauté française, en particulier en cette période incertaine, et il souhaite également faire de l’agence consulaire un lieu de rencontre, que ce soit en ouvrant une bibliothèque ou en organisant des événements.
Lepetitjournal.com a rencontré Stéphane Rousseau à l’agence située sur le soi 112 à quelques kilomètres au sud du centre-ville de Hua Hin en direction de Khao Takiab, une zone particulièrement prisée par les Français.
Depuis quand êtes-vous installé en Thaïlande ?
J’ai une maîtrise en gestion des ressources humaines et une maîtrise de français langue étrangère, j’ai toujours eu l’idée de partir enseigner le français à l’étranger. À la fin de mes études, il y avait encore le service militaire obligatoire vu que je suis né en 1974. Comme j’avais ce diplôme de français langue étrangère, j’ai postulé en tant que coopérant et on m’a envoyé au Laos pendant deux ans et j’ai prolongé d’un an. Là-bas, j’ai enseigné le français, j’ai également donné des cours d’informatique et je me suis occupé du site internet de l’ambassade de France, ça été un peu mon premier contact avec l’ambassade.
Au terme de ces trois années à Vientiane, j’aurais pu rentrer en France et passer les concours du ministère des Affaires étrangères, mais j’aimais beaucoup l’Asie et je ne me voyais pas être parachuté dans un nouveau pays tous les trois ans. Donc je suis venu m’installer à Bangkok en 2002, j’ai créé une société d’informatique et une autre de service de traduction et depuis je n’ai jamais quitté la Thaïlande!
En 2007, j’ai déménagé à Cha-am au nord de Hua Hin et j’ai aussi postulé pour être agréé par l’ambassade comme traducteur officiel français thaïlandais anglais.
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir consul honoraire pour la province de Hua Hin ?
En 2018, Anne-Marie Toudic a créé l’agence consulaire de Hua Hin et a assuré la fonction de consule honoraire jusqu’en 2021. À l’époque, elle avait eu la volonté de s’entourer d’une équipe et je l’ai rejoint en tant qu’interprète lors de ses visites auprès des officiels thaïlandais - je m’occupais également du site internet. Au départ, je ne me voyais pas spécialement assurer le rôle de consul honoraire, mais Anne-Marie m’y a un peu poussé. J’ai donc postulé et passé les entretiens, et j’ai été nommé en août 2021.
J’organise des permanences tous les lundis, mercredis et vendredis matin. L’agence consulaire est installée dans les bureaux de ma compagnie, ce qui est plus pratique en termes de créneaux horaires pour recevoir la communauté française. Avec le Covid-19, l’ambassade est passée sur un système de rendez-vous et nous avons fait la même chose ici, je pense que nous allons garder ce système dans l’avenir, cela permet aux gens de ne pas attendre et d’avoir assez de temps à consacrer à chaque personne.
Quel est le profil de la communauté française aujourd’hui dans la province de Prachuap Khiri Khan ?
En termes d’inscrits, il y a environ 700 Français dans la province, mais il est difficile d’estimer la population française, je n’ai pas une vision globale. En général, les gens que je rencontre sont souvent des retraités, majoritairement des hommes, des couples franco-français ou franco-thaïlandais.
Hua Hin est surtout une destination de retraite, c’est un endroit agréable à vivre, proche de Bangkok, avec des hôpitaux internationaux, quelques centres commerciaux, beaucoup de restaurants, de bons terrains de golf, etc. Il y a aussi quelques familles qui s’installent ici parce qu’il y a des écoles internationales.
La majorité de la communauté française reste concentrée sur Hua Hin, mais je constate qu’elle se développe également à Cha-am et plus au sud dans les villes de Prachuap Khiri Khan, Bang Saphan ou encore Chumphon.
Comment l’épidémie du coronavirus a-t-elle été vécue par la communauté française ici ?
La Thaïlande a pris des mesures drastiques en fermant les frontières et je crois que cela a rassuré un certain nombre de retraités. Ensuite, il y a eu les campagnes de vaccination organisées par l’ambassade de France en Thaïlande, la communauté française s’est rendu compte qu’elle était privilégiée par rapport aux autres pays, il y a eu un sentiment de reconnaissance, de gratitude et de fierté.
Les retraités, vu qu’ils continuent de toucher leur retraite, n’ont pas été touchés par les mesures pour lutter contre le Covid-19, au contraire certains ont été contents de pouvoir découvrir ou redécouvrir des zones sans touriste.
Par contre, pour les Français actifs, il y a eu des retours en France, même si à Hua Hin nous avons quand même été préservés parce que la ville est surtout prisée par les Thaïlandais de Bangkok plus que par le tourisme international. Nous n’avons pas connu la même situation qu’à Pattaya ou Phuket.
Selon vous, combien de Français ont dû quitter la province de Prachuap Khiri Khan ?
C’est difficile à estimer parce que je ne rencontre pas tout le monde. Aujourd’hui encore, il y a des personnes qui rentrent en France, pas tellement à cause du Covid-19, mais parce qu’ils n’ont plus les moyens financiers de rester ici. La Thaïlande est un pays qui devient de plus en plus cher et où les frais de santé augmentent avec l’âge. Donc pour ceux qui ont une petite retraite, il vaut parfois mieux rentrer en France où ils peuvent bénéficier d’aides de l’État.
Les gens arrivent ici avec l’idée de passer leur retraite, ils achètent une maison et, parfois au bout de 2 ou 3 ans, ils rentrent parce qu’ils ont fait le tour, ou car ils réalisent que l’expatriation ne leur plaît pas tant que ça. On observe davantage de retours en France parmi les retraités en couple franco-français.
Après, il y a aussi un roulement entre les nouveaux arrivants et ceux qui repartent. On sent d’ailleurs qu’il y a de nouveaux arrivants, d’autant que les conditions pour venir en Thaïlande se sont enfin allégées.
Prévoyez-vous d’organiser des activités pour permettre à la communauté française de se rencontrer ?
J’ai ouvert une petite bibliothèque où les Français peuvent venir emprunter gratuitement des livres. Aujourd'hui, il doit y avoir près de 2.000 ouvrages que j’ai achetés ou que l’on m’a donnés.
Au niveau des activités, pour le moment, nous n’avons encore rien organisé avec l’agence consulaire à cause du Covid-19. Nous sommes un peu juste pour faire quelque chose pour le 14 juillet, ce sera plutôt pour l’année prochaine. Par contre, il y aura très certainement un événement aux alentours de Noël.