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A-M Toudic : “Créer une agence consulaire à Hua Hin était un défi”

Consule honoraire hua hin Anne-Marie ToudicConsule honoraire hua hin Anne-Marie Toudic
Catherine Vanesse - La consule honoraire Anne-Marie Toudic a su convaincre l’ambassade de France à Bangkok et le quai d’Orsay de l’utilité d’avoir un consul honoraire dans la province de Prachuap Khiri Khan
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 15 janvier 2020, mis à jour le 16 janvier 2020

Il aura fallu attendre mai 2018 pour que les Français de la province de Prachuap Khiri Khan puissent obtenir des documents auprès de l’agence consulaire de Hua Hin, un nouveau service initié par la consule honoraire Anne-Marie Toudic.

Installée à Hua Hin depuis 2014, Anne-Marie Toudic a assuré la fonction de notaire pendant 38 ans à Paris, un métier qui l’a amenée tout au long de sa carrière à rendre service aux gens. À peine arrivée en Thaïlande, elle a souhaité aider la communauté française dans la ville où elle a choisi de passer sa retraite avec son mari. Malheureusement, Hua Hin n’avait pas d’agence consulaire, Anne-Marie a donc dû convaincre l’ambassade de France à Bangkok et le quai d’Orsay de l’utilité d’avoir un consul honoraire dans la région. Après plusieurs années d’attente, l’agence a ouvert en mai 2018 avec une permanence tous les mercredis matin. 

Lepetitjournal.com a rencontré l’ancienne notaire dans les bureaux de cette toute fraîche agence consulaire située au sud de Hua Hin en direction de Khao Takiab. 

Depuis quand êtes-vous installée en Thaïlande ?

Avec mon mari, nous avions le souhait de quitter Paris et sa morosité. Mon époux voulait le soleil, de la chaleur et d’être dans une grande ville et moi j’avais envie d’être proche de la mer, Hua Hin c’est un compromis, de plus nous ne sommes pas loin de Bangkok. Mon mari avait travaillé en Thaïlande dans les années 1970, pour moi, en arrivant en 2014, c’était une découverte, je n’étais même jamais venu en Thaïlande pour des vacances et au final, nous sommes très heureux ici, nous nous sommes fait des amis, nous avons une vie sociale plus intense à Hua Hin qu’à Paris. 

Qu’est-ce qui vous a poussée à ouvrir une agence consulaire à Hua Hin ?

J’entendais souvent des gens qui se plaignaient de devoir aller à chaque fois à Bangkok pour des documents. De plus, même si je suis à la retraite, je ne me voyais pas ne plus rien faire ici et comme j’ai 38 ans d’expérience en tant que notaire, je me suis dit que je pouvais aider la communauté. J’ai contacté l’ambassade de France à Bangkok pour proposer la création d’une agence consulaire à Hua Hin en 2016, on m’a répondu que ce n’était pas à l’ordre du jour. J’aurais pu rester sur ce refus, mais je ne trouvais pas cela normal donc je suis allée voir le député Thierry Mariani, qui est une personne très pragmatique et percutante, je pense qu’il a dû pousser pour qu’on puisse ouvrir une agence à Hua Hin. Après, il a fallu attendre la validation du quai d’Orsay, du ministère des Affaires étrangères en France et en Thaïlande, au total, il a fallu près de deux ans! 

Aujourd’hui, je reçois les Français tous les mercredis matin, j’ai en général une vingtaine de personnes qui viennent me voir. Je suis aussi disponible le reste du temps en cas d'urgence. Dans l’ensemble, ils sont très reconnaissants même s’il y a toujours des râleurs. C’est une expérience enrichissante et ma plus grande satisfaction reste d’avoir réussi à créer cette agence consulaire à Hua Hin, c’était un défi. 

Quel est le profil de la communauté francophone dans la province ?

Dans la province de Prachuap Khiri Khan, il doit y avoir environ 2.000 Français, essentiellement des retraités, les jeunes travaillent dans l’hôtellerie, la restauration, c’est très difficile pour eux de s’en sortir et souvent au prix d’un travail énorme. Parmi les retraités, il y a beaucoup de couples, qu’ils soient franco-français ou franco-thaïlandais. Il y a d’ailleurs une augmentation du nombre de mariages franco-thaïlandais. 

D’où vient cette augmentation ?

C’est lié aux demandes de visas, aux problèmes d’assurance. Si vous êtes marié(e) avec une personne thaïlandaise, vous n’avez pas besoin d’avoir une assurance. Du coup se pose la question de savoir si ces unions sont des mariages d’amour ou des mariages financiers et comment cela va évoluer et quels sont les problèmes que cela pourrait engendrer. Je pense qu’on va vers des ennuis. 

Avec les changements de réglementations concernant l’obligation pour les retraités d’avoir une assurance santé pour obtenir son visa, comment réagit la communauté ?

À Hua Hin, il y a des personnes qui ont de très petits revenus et ce sont souvent celles-là qui n’ont pas d’assurances ou alors elles n’ont que la CFE. Il y a aussi l’âge, après 75 ans, les compagnies thaïlandaises n’assurent plus, qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là ?
Au départ, j’avais entendu dire que la première année de la mise en place de ces nouvelles règles, les assurances étrangères seraient encore acceptées. Mais il se trouve qu’à Hua Hin, ce n’est pas le cas, l’immigration exige que vous ayez une assurance thaïlandaise. Il faudrait que la CFE trouve un accord comme elle l’a fait avec les Émirats arabes unis.

Un autre risque qui pend au nez des Français est lié au certificat de revenus qui pourrait un jour être refusé par l’immigration. 

Quels sont les autres problèmes que connaît la communauté française ?

Les problèmes sont les mêmes que partout : des touristes qui ont des accidents de la circulation et n’ont pas d’assurances. Je ne suis pour le moment allée qu’une fois à la prison de Prachuap Khiri Khan, un Français en vacances qui avait été arrêté avec plus de 2 grammes d’alcool dans le sang. Il avait refusé de payer donc il a dû aller le lendemain au tribunal où il a été condamné à deux mois de prison fermes. Avec l’aide d’un avocat, il a pu sortir plus tôt sous caution. Par contre, il a dû attendre un autre jugement, au total il est resté coincé ici pendant trois mois, je ne suis pas sûre qu’il ait gardé son boulot en France! Actuellement, à ma connaissance, il n’y a pas de Français en prison. 

Il y a également quelques problèmes entre Français qui se prêtent de l’argent entre eux et qui ne remboursent pas et cela finit en règlement de comptes ou en bagarre. Les gens manquent de bon sens, en France, ils n’auraient jamais prêté deux millions de bahts à une personne qu’ils connaissent à peine, sans garantie, sans signer de papiers… 

En termes de documents, est-ce que les Français anticipent certaines situations telles qu’un décès ?

Non, les gens se préparent assez peu que ce soit pour leur souhait d’être incinéré ou non. Ils ne sont pas informés non plus et ne font que très peu de testaments, pourtant c’est un document qui ne coûte que 10 ou 12.000 bahts qui peut aider à récupérer l’argent bloqué sur un compte banque, dont les fameux 800.000 bahts pour le visa. Ceux qui ont une maison anticipent beaucoup plus. 

Vous aviez organisé une soirée pour le 14 juillet en 2019, pensez-vous en refaire une en juillet 2020 ?

Les réactions ont été mitigées, ce n’était pas la réussite que j’avais souhaité. Je ne sais pas encore si je vais organiser un autre événement pour le 14 juillet. Après, ce sera le dernier que je pourrais faire, mon mandat se terminera au 21 février 2021 parce que j’atteindrais la limite d’âge. Il ne me reste donc plus que 13 mois et j’ignore encore qui prendra le relais et s’il y aura seulement une personne pour le prendre. 

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