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10 ANS EN THAILANDE - Prisca et Didier Del Corso : "Le ‘maï pen raï’ a été une leçon de vie"

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NeoJack - Prisca Del Corso avec son époux Didier
Écrit par Pierre QUEFFELEC
Publié le 4 mai 2022

Prisca et Didier Del Corso se sont établis avec leurs deux enfants à Bangkok fin 2004 pour se lancer un an plus tard dans la fabrication d’étuis pour instruments de musique. Dix ans plus tard, leurs produits font partie des meilleures références mondiales et ils peuvent se vanter d’avoir un taux de turn over -le mal thaïlandais- incroyablement bas, grâce à une gestion attentive du personnel et une forte empathie pour les Thaïlandais.

Arrivés dans le royaume la veille du tsunami qui a ravagé le littoral de la mer d’Andaman, ils ont immédiatement pu constater la capacité des Thaïlandais à faire face à l’adversité. Une qualité dans le prolongement de laquelle se trouve la fameuse culture du "Maï pen raï" qui signifie "Ce n’est pas grave" ou "Pas la peine de s’inquiéter".

Et à quelques années de la retraite, ce couple de bons vivants joyeux et attachant envisage de garder un pied dans ce pays auquel il s’est attaché.

Dans le cadre des dix ans de son édition Bangkok, Lepetitjournal.com leur a demandé de faire le point sur l’évolution durant ces dix années de leur entreprise, de leur secteur d’activité et d’eux mêmes.

LEPETITJOURNAL.COM : Pouvez-vous nous décrire brièvement l’évolution de votre entreprise depuis votre arrivée en Thaïlande?

Didier Del Corso : Travaillant pour un Fabricant français d’étuis pour Instruments de Musique nous décidions en 2004 de créer une nouvelle implantation de production en Thailande, complémentaire de celle de France. Cette installation avait deux buts principaux : nous rapprocher de nos clients australiens et asiatiques (Japon, Corée du Sud, Singapour, Taiwan, Chine...) et également de redynamiser notre gamme de produits liés à la couture bagagerie, malheureusement production quasiment disparue en France.

La période de préparation -création de l’entreprise, visa, permis de travail, recherche de locaux, installation et démarrage de la production- a duré 6 mois. Nous avons commencé en 2005 avec une effectif de 8 personnes que nous avons formées afin d’assurer une très bonne qualité de nos produits. Nous avons augmenté progressivement notre effectif pour arriver aujourd’hui à 65 personnes. Le recrutement du personnel manuel a été un peu difficile selon les périodes. Mais nous avons la satisfaction d’être arrivés à un pourcentage de "turnover" très réduit. Nous avons toujours essayé d’intéresser les employés à la qualité des produits, de leur demander de trouver des solutions aux problèmes rencontrés et aussi de créer un réel esprit d’équipe.

Nous avons intégré de nouvelles techniques de fabrication, incluant le thermoformage de matières plastiques, et créé de nouveaux modèles. Notre production moyenne en Thaïlande est désormais de 2.800 étuis par mois. Nous fournissons aussi des modèles exclusifs pour deux fabricants français d’instruments à vent, tous les deuxleaders mondiaux dans la facture instrumentale. Nous fabriquons également pour notre usine en France (47 personnes) différents accessoires ou composants pour leur gamme de production.

Ayant besoin d’accroitre notre surface de bâtiments et étant sous licence BOI, nous envisageons de construire prochainement notre propre usine également pour mieux rationaliser nos installations.

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Que pouvez-vous nous dire sur l’évolution de votre secteur en Thaïlande ces 10 dernières années (et les perspectives ?)?

Le secteur de la Musique Instrumentale reste actif surtout en Asie et aux USA. La France et certains pays européens souffrent d’une éducation musicale qui n’a pas su s’adapter aux évolutions de la société. Des expériences, malheureusement encore limitées, d’intégrer la pratique instrumentale à l’école commencent néanmoins à porter ses fruits.

Nous sommes surtout en concurrence avec des fabricants asiatiques et sommes confrontés au problème de la copie de nos modèles (design, technologie, couleurs …). Mais finalement ceci présente l’avantage de nous inciter à toujours créer de nouveaux modèles en innovant dans les techniques et matériaux de fabrication, en créant de nouvelles formes d’étuis et de nouvelles couleurs ou design. Cette situation nous a permis d’avoir toujours une "longueur d’avance" et de se positionner comme l’un des principaux leaders mondiaux dans le domaine de la musique classique, jazz et contemporaine et de devenir une "marque" de référence pour les musiciens.

Sur le plan personnel, comment avez-vous vécu ces dix dernières années, où en êtes-vous par rapport à vos débuts en Thaïlande?

Nous nous souviendrons toute notre vie de notre date d’arrivée en Thaïlande avec nos deux enfants (11 et 13 ans) et nos 4 valises, le 25 décembre 2004, veille du Tsunami !

Nous aimons les contrastes et n’avons pas été déçus : vivant en Provence en pleine campagne, nous nous retrouvions au 21ème étage entre Silom et Sathorn.

Nous avions accepté cette proposition, souhaitant de nouvelles découvertes et expériences, également pour nos jeunes adolescents.Très rapidement, malgré certaines difficultés rencontrées, nous avons tous les quatre éprouvé un réel attachement pour ce pays et pour les Thaïlandais. Le caractère "Mai pen Rai" a été aussi une leçon de vie pour nous, même si pas toujours facile à gérer dans le cadre professionnel. Leur coté joyeux, festif et gourmand est proche de notre goût épicurien de la vie ! A tel point que même lorsque nous arrêterons notre activité professionnelle, nous envisageons de passer la majeure partie de notre vie en Thaïlande, en continuant de découvrir ce pays plus en profondeur ainsi que les pays avoisinants. De la même façon, nos enfants ont toujours souhaité y vivre.

Voir aussi le site Internet www.bamcases.com

Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC jeudi 26 mai 2016

Pierre Queffelec-square
Publié le 25 mai 2016, mis à jour le 4 mai 2022

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