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10 ANS EN THAILANDE – Eric de Ghellinck: "J’ai découvert un pays qui va de l’avant"

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 26 avril 2016, mis à jour le 8 février 2018

Arrivé en Thaïlande il y a un petit peu plus de dix ans pour une première expatriation qui devait durer 3 ans, Eric de Ghellinck et sa famille ont pris racines en Thaïlande, un pays qui les a fascinés et pour lequel ils entretiennent un certain respect.

Ce jeune quinquagénaire créatif et fringant à la carrure impressionnante formé à la gestion de projet et rompu aux techniques de marketing et à la négociation en affaires reste fidèle à sa formation de base à l’Ecole des Cadres : la gestion et la création de PME. Après avoir travaillé dix ans à développer avec succès la filiale asiatique de MPO, une PME bretonne, il a créé l’an dernier sa propre société, Pro Active Asean, qui se destine à implanter des entreprises dans la région.

Très actif dans la vie associative des affaires, il oeuvre d’ailleurs tout particulièrement dans l’aide à la création d’entreprise. On le retrouve ainsi à la Chambre de Commerce Franco-Thai, aux Conseillers du Commerce Extérieurs de la France, à la French Tech ou encore aux Bangkok Business Angels.

Dans le cadre des dix ans de son édition Bangkok, Lepetitjournal.com a demandé à Eric de Ghellinck de faire le point sur l’évolution durant ses dix années de son parcours, de son secteur d’activité et de lui-même.

LEPETITJOURNLA.COM - Pouvez-vous nous décrire brièvement l’évolution de votre parcours depuis votre arrivée en Thaïlande en soulignant les moments marquants, principaux succès, défis, opportunités, etc.  rencontrés ces dix dernières années?

ERIC DE GHELLINCK - Arrivée en Thaïlande en septembre 2004 avec ma Femme et mes 2 garçons (3:1/2 et 2 ans) pour une première expatriation familiale et pour 3 ans!

Dans les moments marquants, il y a bien sûr la naissance de notre fille en janvier 2005 et la découverte de ce pays.

Hélas beaucoup de faits moins joyeux et pour certains difficiles ont jalonné nos 10 ans : le tsunami, coups d’état, inondations, etc. Tous les ans un événement marquant… Mais mal-gré cela, ou grâce à cela, pour certains événements, cela nous a permis de découvrir un pays qui va de l’avant, une économie détachée de la politique (moins sur les 2 dernières années).

Sur le plan personnel, ces événements nous ont permis de lier des amitiés extraordinaires.

Professionnellement, il y a mon arrivée en tant que directeur marketing et commercial chez MPO Asia (100% farang) qui était une petite PME qui se battait sur le marché local face à une concurrence acharnée des pirates et copies illégales.

En dix ans le chiffre d’affaires a augmenté de plus de 40%. Nous sommes devenus le leader sur le marché thaïlandais (produits légaux), près de 50% de la production locale, les exportations vers Australie ont atteint 12 millions de disques. Maintenant, toutes les majors de la vidéo américaine travaillent avec nous.(Warner, Disney, Fox, Sony,...).

Dès 2008, j'ai lancé une nouvelle activité en logistique dédiée au e-commerce qui aujourd’hui commence à pouvoir compenser la décroissance de notre première activité.

Depuis plus d'un an j’ai créé une société, Pro Active Asean, pour accompagner les entre-prises européennes à trouver des solutions au sein du sud-est asiatique. Nos missions sont multiples : sourcing, mise en relation jusqu'à l'implantation locale. Nous agissons comme un bureau export détaché.

J’ai aussi plusieurs activités extra professionnelles qui m'ont permis de tisser un réseau de qualité. Je suis notamment membre du board de la Chambre de commerce Franco-Thai, je fais partie des Conseillers du Commerce Extérieurs de la France (CCE) et j’ai co-fondé la French Tech Thaïlande.

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Que pouvez-vous nous dire sur l’évolution de votre secteur en Thaïlande ces 10 dernières années (et les perspectives)?

Sur le marché des biens de consommation non vitaux comme le CD et le DVD, nous avons connu plusieurs périodes de 2004 à 2008 où la croissance était soutenue. Les Thaïlandais avaient accès au marché et commençaient à s équiper en électronique nouvelle génération : écran plat, lecteur DVD home cinema, un phénomène bien sûr très concentré sur Bangkok et les grosses agglomérations. La concurrence des Smartphones et de l’Internet n’était pas encore de la partie.

En 2008, la crise et récession mondiale ont eu un effet significatif sur la chute des ventes de ces produits, ainsi que le coût du pétrole -la voiture reste prioritaire dans les dépenses des ménages thaïlandais (notamment vis-à-vis de son importance dans l’affirmation du statut social).

L'économie est vite repartie les évènements politiques de 2010 n'ont pas affecté notre marché. Au contraire, ce fut une belle année malgré plus de 3 mois de siège des "Chemises rouges" sous nos bureaux de Lumpini.

En 2011, les terribles inondations ralentissent sérieusement notre activité surtout sur le marché du software pour les fabricants Japonais d’imprimante, appareils photos, etc.

Mais une fois passé, encore une fois, le pays se remet très vite en route et la consommation -voire la surconsommation- redémarre ! Augmentations de salaire, incitations à la consommation, à l’achat de voiture, d’appartement, etc.

Puis les soutiens massifs aux planteurs d'hévéa et aux riziculteurs, cette politique trop populiste n'ayant pas pris en compte la santé économique du reste du monde, nous conduisent à juillet 2013 le début d'une crise économique qui deviendra politique dès l'automne de la même année puis à un coup à un coup d'état en mai 2014.

Depuis le début de cette crise, les classes moyennes et pauvres payent le prix cher de cette surconsommation, le surendettement des ménages est au delà des 80% déclaré !

Combiné à la baisse mondiale, surtout de la Chine principal partenaire économique, les touristes occidentaux remplacés par les Chinois, la mise à l'écart de la Thaïlande par l'Europe et les États-Unis place le pays dans une situation délicate.

La Thaïlande vit une crise pas simple avec beaucoup de problèmes à régler avant de pouvoir espérer un redémarrage serein. Je ne vois pas de grandes opportunités avant fin 2017 au mieux. Et encore, si la crise politique est réglée d’ici là...

Néanmoins, ce pays reste un vrai tigre -ou dragon- de la région de part sa position géographique, ses infrastructures ses banques non impactées par des "toxics". Donc sur le long terme de très belles années en perspective. La patience là aussi reste le maître mot du succès.

Nous allons rentrer dans des années de nouvelles opportunités il est temps de regarder ce pays avec beaucoup d'attention, d’où la Création de ma société Pro Active Asean.

Sur le plan personnel, comment avez-vous vécu ces dix dernières années, où en êtes-vous par rapport à vos débuts en Thaïlande?

Cette expérience est très bénéfique. Elle m'a obligé à une remise en question de mes savoir-faire en communication et en management. Aussi moins d’arrogance et de certitudes, j’ai changé ma façon de voir et d’analyser les problèmes et même dans la recherche des solutions. La patience est le maître mot d'un bon management ainsi que de faire rentrer dans la culture le droit à l'erreur et apporter et donner confiance. Ce sont des leviers importants de la relation et de la cohésion d'équipe. Je reste toujours émerveillé par la capacité des Thaïlandais à trouver des solutions au pied du mur et éviter les conflits

Je pense même après 10 ans avoir encore tout apprendre et découvrir tous les jours des nouvelles  choses. Nos cultures et notre éducation sont si différentes et ne me permettent pas de com-prendre et d’anticiper une réaction. On reste des farangs (sourire).
Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) jeudi 28 avril 2016
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Publié le 26 avril 2016, mis à jour le 8 février 2018

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