Sévèrement touchée économiquement par l’absence de visiteurs étrangers liée à la crise sanitaire mondiale, Phuket tente de séduire le marché touristique local. La baisse dramatique de fréquentation et celle tout aussi importante des tarifs qu’elle entraîne constituent de nouveaux atouts convaincants pour attirer les expatriés et la clientèle Thaïlandaise à l’approche des fêtes de fin d’année.
Un peu plus de deux mois après l’apparition de la Covid-19 sur son territoire, la Thaïlande a opté pour une politique du risque zéro en fermant ses frontières aux touristes étrangers. Si elle peut s’enorgueillir d’avoir su garder l’épidémie sous contrôle, elle a enregistré en contrepartie une chute brutale de l’activité dans certains secteurs économiques, dont ceux liés de près ou de loin au tourisme.
Joyau du patrimoine thaïlandais, Phuket, la Perle d’Andaman, accueille chaque année des millions de touristes venus du monde entier pour profiter de ses kilomètres de plages de sable blanc, de sa nature verdoyante, de sa gastronomie, de ses distractions multiples ou encore de l’architecture de son centre historique. En temps normal, son aéroport est bondé en permanence.
Et aujourd’hui, c’est un véritable choc pour le visiteur habitué à fréquenter l’île, que de la découvrir presque quasi déserte en arrivant. A l’aéroport, on trouve halls vides, comptoirs d’embarquement fermés, absence de files de taxis à la sortie… alors qu’habituellement la saison touristique redémarre au dernier trimestre, rythmée par l’arrivée quotidienne de plusieurs milliers de vacanciers, cette année, la situation est tout autre.
Ce que confirme Claude De Crissey, consul honoraire de France à Phuket et propriétaire de plusieurs affaires liées au tourisme: "La saison commence et c’est vide. C’est dommage. La côte ouest de l’île c’est toujours la désolation. Le Club Med par exemple est complètement arrêté depuis 8 mois, ils ont dit qu’ils allaient rouvrir en février. C’est comme ça sur toute la côte, la plupart de l’activité est à l’arrêt. Bangla Road est déserte" déplore-t-il avant d’ajouter : "Sur le plan écologique, la nature bénéficie grandement de la baisse de fréquentation. Pour les amateurs de plongée, de nombreux poissons sont de retour et la flore marine se régénère. La nature reprend ses droits, c’est l’avantage de ralentir de tourisme de masse mais c’est bien le seul".
Jusqu'à 80% de rabais
En effet, ce qui représente un calvaire pour les professionnels du tourisme constitue une chance pour les visiteurs… À l’heure de rejoindre son hôtel, on constate une baisse drastique des tarifs pratiqués habituellement. La conjoncture particulière a amené les hôteliers à proposer des promotions jamais vues auparavant, dépassant parfois les 80% de rabais. Sur les principaux sites de voyagistes, de sublimes bungalows luxueux facturés habituellement autour de 15.000 bahts par nuit sont affichés à 3.000 / 3.500 bahts et des chambres de bon standing à 4.000 bahts sont bradées à 500 bahts !
Le trafic routier dès la sortie de l’aéroport confirme le premier ressenti. Les habituels embouteillages liés à la haute saison ont laissé place à une circulation fluide et clairsemée. De quoi se réjouir de cette possibilité nouvelle de rejoindre un point ou un autre de la presqu’île sans perdre une demi-journée dans l’enfer des bouchons et donc de pouvoir étoffer son programme de week-end ou vacances d’activités variées, au-delà des heures de bronzette et baignade.
Pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour redécouvrir, dans une atmosphère si paisible, l’emblématique architecture sino-portugaise de la vieille ville. Quelques rares touristes thaïlandais parcourent la rue Thalang les yeux écarquillés et l’on peut enfin admirer les superbes façades bariolées qui représentent une tête de dragon symbole de prospérité. Ou bien les photographier sans avoir à subir les hordes d’«instagramers» qui se bousculent habituellement pour faire leurs selfies.
À quelques pas, rue Krabi, l’intéressant musée Thai Hua permet de comprendre l’histoire et le développement de Phuket au moyen de photos, d’objets, de fresques ou de décors reconstitués et accompagnés de textes explicatifs. Installé dans une ancienne école construite en 1917, il possède un agréable café attenant permettant de faire une pause avant de reprendre l’exploration de la ville.
L’ile regorge d’invitations tentantes, au-delà des activités nautiques. Il y en a pour tous les goûts. Les plus sportifs risquent d’être séduits par les promotions et packages pour familles offerts par l’incroyable complexe sportif Thanyapura. Son environnement verdoyant est le cadre idéal pour la remise en forme du corps et de l’esprit pour les citadins usés par le stress. Quant aux amateurs de golf, ils n’ont que l’embarras du choix face à la multitude de parcours disponible.
Les amateurs de sensation fortes, peuvent se laisser griser par une ébouriffante et enivrante traversée de la jungle en tyrolienne ou par un survol de l’île à bord d’un hélicoptère, permettant de découvrir des points de vue uniques d’une beauté à couper le souffle.
Gitans de la mer et coopérative de pêcheurs
Et pourquoi ne pas faire un crochet par la rhumerie artisanale Chalong Bay ? Créée dans la baie éponyme par des Français, elle produit un rhum naturellement doté d’un parfum prononcé de lychee. Des visites de la distillerie facilitent la compréhension du processus de fabrication et des cours de mixologie ludiques et rafraîchissants sont proposés au public qui a la possibilité de goûter la cuisine du restaurant maison.
Pour apprécier les multiples facettes de la délicieuse gastronomie locale, on risque de tergiverser en découvrant les nombreuses possibilités de se régaler, adaptées à toutes les envies et budgets. La vieille ville concentre de nombreuses adresses de restaurants renommés, qu’ils soient gastronomiques ou représentants de la succulente street food locale, riche d’influences variées.
Mais l’on peut préférer diner sur l’un des nombreux restaurants flottants qui servent des produits de la mer d’une fraicheur incomparable ou choisir de marier le plaisir des yeux à celui du palais en se rendant au sommet de Rang Hill où des établissements prisés par les locaux, comme le Khao Rang Breeze, permettent de jouir d’une splendide vue panoramique sur la vieille ville et la baie de Phuket.
Les extrémités nord et sud de Phuket abritent elles aussi des tentations pour les amateurs de poissons et crustacés. À Rawai, la communauté des gitans de la mer vend le fruit de sa pêche sur un marché à même la plage. Et l’on peut aussitôt faire cuisiner ses achats pour une somme ridicule dans leurs restaurants situés juste en face. Spectacle coloré et ambiance reposante garantis.
Du port de Tha Chatchai, tout au Nord, on peut rejoindre en cinq minutes de bateau longue queue un élevage organique de langoustes et autres fruits de mer. Les pêcheurs et villageois qui se sont organisés en coopérative, proposent, dans un complexe situé deux kilomètres plus loin, d’apprendre à cuisiner ces crustacés tout juste sortis de la mer avec des produits dont certains sont issus de la mangrove environnante. Même la mise en appétit a été prévue puisqu’il est possible de partir à la découverte de cette riche et fascinante mangrove en kayak.
Phuket regorge d’autres possibilités, aussi nombreuses que diverses et susceptibles de répondre à tous les goûts, toutes les attentes. En cette période de crise, le malheur qui frappe l’économie du tourisme est inversement proportionnel au bonheur des visiteurs qui se réjouissent d’épargner leur porte-monnaie. Pour les thaïlandais et expatriés qui sont parfois repoussés par son habituelle sur-fréquentation, c’est le moment rêvé de découvrir cette province magnifique dans des conditions inédites qui ne se reproduiront peut-être jamais.