Dans un nouvel élan d’optimisme, le ministre thaïlandais des Finances a déclaré mardi que le retour des touristes chinois permettrait d’atteindre l’objectif de croissance, mais ces derniers risquent de se faire attendre encore quelques mois.
Le ministre thaïlandais des Finances, Arkhom Termpittayapaisith, a déclaré mardi que l'économie du royaume pourrait atteindre les 3,8% de croissance attendus l'année prochaine à condition que le secteur du tourisme puisse bénéficier des plans annoncés la veille de réouverture de la Chine, nécessaires selon lui pour compenser le ralentissement de la demande mondiale.
La deuxième économie d'Asie du Sud-Est est à la traine derrière les autres pays de la région, le secteur du tourisme commençant tout juste à se remettre de la pandémie de coronavirus et de la politique sanitaire chaotique du royaume. En 2019, avant la pandémie, les touristes chinois représentaient environ 28% des quelque 40 millions d'arrivées de touristes étrangers.
Pour 2022, Arkhom Termpittayapaisith a déclaré que le taux de croissance s’établirait à 3,1% ou 3,2%, en dessous des 3,4% qui étaient encore annoncés en novembre.
"Mais l'année prochaine, nous sommes toujours optimistes et espérons que nous atteindrons 3,8% (de croissance) avec le tourisme comme principal moteur", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, affirmant qu'il y avait des signes indiquant que la Chine allait commencer à rouvrir.
Arkhom Termpittayapaisith avait prévenu le mois dernier que les objectifs de croissance de la Thaïlande pour 2023 risquaient d'être manqués en raison du ralentissement économique mondial.
21 millions de touristes en 2023 voire plus avec les Chinois
Il a indiqué que la Thaïlande avait accueilli jusqu’ici 11 millions de touristes étrangers cette année et que 2023 pourrait voir quelque 21 millions, voire plus si les touristes chinois reviennent.
L'assouplissement par la Chine des restrictions sanitaires contre le COVID-19 sur les voyages en provenance de l’étranger font effet naître l'espoir un peu partout que le juteux marché chinois du tourisme pourrait bientôt se remettre en branle. Mais un certain nombre d’indicateurs montrent cela pourrait prendre encore quelque mois, voire une année avant de se produire.
La Commission nationale chinoise de la Santé a annoncé lundi que les voyageurs entrants dans le pays n'auraient plus à effectuer de quarantaine à partir du 8 janvier. Il n'y avait pas de restrictions officielles sur les départs des Chinois vers l'étranger, mais le barrage sanitaire, jusqu’ici, s'imposait à leur retour au pays.
Avant que la pandémie ne porte un coup d'arrêt au voyage international, la Chine était le plus grand marché émetteur de touristes au monde. Les touristes chinois ont en effet dépensé 127,5 milliards de dollars en voyages à l’étranger en 2019.
Explosion des recherches liées au voyage
L'annonce de lundi a déclenché une certaine frénésie bel et bien palpable dans le secteur du voyage, et les compagnies aériennes élaborent déjà des plans en vue d’augmenter le nombre de vols. Mais à en croire les premiers signes émis par l'opinion chinoise et les agences de voyages, il semblerait qu’il faille attendre encore un certain temps pour retrouver un rythme proche de la normale.
Selon les données de la plateforme de voyage Ctrip, une demi-heure après l'annonce de la levée des restrictions sur le voyage, lundi, les recherches en ligne sur les destinations internationales les plus populaires étaient multipliées par 10. La plate-forme Qunar a déclaré avoir vu sept fois plus de recherches pour des vols internationaux dans les 15 premières minutes.
Parmi les destinations les plus recherchées sur les deux plateformes figuraient le Japon, la Thaïlande et la Corée du Sud.
Mais cela ne signifie pas forcément que l'explosion des recherches sur Internet va se traduire par une augmentation immédiate des voyages internationaux.
Le gouvernement chinois, qui depuis 2020 a découragé les voyages de ses ressortissants vers l’international en invoquant les risques liés au COVID, a déclaré dans son annonce de lundi que les voyages à l'étranger seraient rétablis "de manière ordonnée", sans donner plus de précisions.
Pas avant le mois de mai
Selon les données de l'application de suivi des vols, VariFlight, les vols internationaux à destination et en provenance de la Chine sont actuellement à 8 % des niveaux pré-pandémiques.
VariFlight dit s’attendre à un fort rebond des vols à destination et en provenance de la Chine continentale d'ici la fête du Travail en mai, mais pas avant.
Un problème pour beaucoup de candidats chinois au voyage est l'argent. "Il faut du temps pour que les gens reprennent confiance après qu'un si grand nombre d'entre eux ont perdu leur emploi ou gagné moins pendant la pandémie", explique Liu Simin, responsable de la branche tourisme de la China Society for Futures Studies, un institut de recherche basé à Pékin.
Dans un sondage réalisé auprès des consommateurs ce mois-ci, avant l'annonce de l'assouplissement des restrictions sur le voyage, le cabinet conseil Oliver Wyman constatait que plus de la moitié des Chinois interrogés disaient vouloir attendre de quelques mois à un an avant de reprendre les voyages internationaux une fois les frontières rouvertes.
L'un des rebonds les plus rapides devrait concerner les voyages d'affaires internationaux. "L'annonce récente (…) ouvre la voie à la reprise des voyages d'affaires réguliers, ce qui était une priorité absolue pour la communauté des affaires américaine en Chine au cours des deux dernières années", a déclaré le président d'AmCham Chine, Colm Rafferty.