L'ancien Premier ministre milliardaire, Thaksin Shinawatra, a déclaré mardi qu'il rentrerait en Thaïlande en juillet après 17 ans d'exil volontaire, quelques jours avant les élections que son parti devrait remporter.
"Je demande à nouveau l'autorisation. J'ai décidé de rentrer chez moi pour voir mes petits-enfants en juillet, avant mon anniversaire", a déclaré mardi sur Twitter l’ancien Premier ministre en exil, Thaksin Shinawatra.
Thaksin, l’une des figures politiques thaïlandaises les plus influentes et les plus controversées, a déjà promis à plusieurs reprises par le passé qu’il rentrerait au pays malgré une condamnation à de la prison pour conflit d’intérêts. Mais c’est la première fois ces dernières années qu'il fixe une date - son anniversaire tombe le 26 juillet.
"Je veux une autorisation", a-t-il ajouté, sans dire à qui il la demandait. "Cela fait 17 ans que je suis séparé de ma famille. Je suis vieux."
Sa fille déterminée à reprendre le pouvoir en Thaïlande
Âgé aujourd’hui de 73 ans, l'ancien colonel de police devenu magnat des télécoms, a continué de dominer la scène politique thaïlandaise après son éviction lors du coup d'État de 2006, survenu alors qu’il participait à l’assemblée générale de l’ONU à New York et que les principaux ministres de son gouvernement étaient en visite à Paris. Après un bref retour au pays deux ans plus tard, lorsque son parti a regagné le pouvoir aux urnes par une large majorité, Thaksin Shinawatra s'est exilé pour éviter une peine de prison pour conflit d’intérêts prononcée par la Cour suprême en octobre 2008, une condamnation qui, selon lui, avait un but avant tout politique.
Le Pheu Thai, parti contrôlé par sa famille et ses alliés d’affaires, bénéficie d’une bonne avance dans les sondages d'opinion à l’approche du scrutin du 14 mai.
La plus jeune fille de Thaksin, Paetongtarn Shinawatra, est à 36 ans candidate au poste de Premier ministre pour le Pheu Thai. Après une pause d’un mois dans sa campagne électorale avant de donner naissance à son deuxième enfant la semaine dernière, la jeune femme a réaffirmé ces jours-ci sa détermination à en finir avec la mainmise de l’establishment militaro-royaliste sur le pouvoir, en remportant ses élections par une majorité écrasante.
17 ans d'exil entre Dubaï et Londres
Les derniers sondages montrent que les partis de la coalition au pouvoir soutenue par les militaires, sont très loin derrière le Pheu Thai, notamment le Ruam Thai Sang Chat du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, ancien chef de l’armée qui avait mené le coup d'État de 2014 contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin.
Interrogé par des journalistes sur le retour potentiel de Thaksin, Prayuth Chan-O-Cha a déclaré: "C’est lui qui voit, c’est la justice qui voit."
Dans un tweet posté un peu plus tard, Thaksin a déclaré qu'il ne "serait pas un fardeau pour Pheu Thai" et que son retour respecterait les procédures légales. Il n'a pas développé davantage.
Les grandes manifestations anti-gouvernementales organisées à Bangkok entre fin octobre 2013 et mai 2014 et qui avaient donné aux militaires le prétexte de renverser le gouvernement de Yingluck Shinawatra, avaient été en bonne partie alimentées par une loi d'amnistie proposée par le parti au pouvoir, le Pheu Thai, lequel souhaitait voir revenir son chef sans que celui-ci n’ait à passer par la case prison.
Thaksin Shinawatra a passé la majeure partie de son exil entre Dubaï et Londres, où il est devenu célèbre pour avoir acheté en 2007 le club de football de Premier League Manchester City. Les investissements de l’ex Premier ministre déchu dans le club anglais ont permis de remettre sur pieds cette équipe en difficulté, et celle-ci a remporté par la suite six titres de champion sous la houlette de nouveaux propriétaires.
Premier ministre de 2001 jusqu'à son éviction en septembre 2006, Thaksin a bâti un empire politique en courtisant par des politiques populistes des millions d'électeurs des classes laborieuses et défavorisées ignorés jusque-là par les politiciens.
Mais son succès politique sans précédent et son leadership cavalier en rupture avec certains codes et convenances chers aux élites traditionnelles lui ont valu une haine farouche de la part de certaines des familles et institutions les plus puissantes de Thaïlande, y compris l'armée.