Plus de deux millions de Thaïlandais ont fait la queue dimanche pour participer au vote anticipé des élections législatives prévues le 14 mai.
Au total, la Thaïlande compte 52 millions d'électeurs âgés de 18 ans et plus, selon la commission électorale du pays.
"Je souhaite voir des changements et des améliorations dans la gestion", a déclaré Gosol Pungtaku, 51 ans, l’un des quelque 800.000 habitants de Bangkok qui s’étaient inscrits pour le vote anticipé dans la capitale.
Une autre électrice, Siriporn Namphet, 34 ans, a dit avoir voté pour le changement. "Disons qu’après avoir vu ce que le dernier gouvernement a fait, on espère maintenant voir une nouvelle administration prendre le relais et gouverner plus efficacement", a-t-elle déclaré à Reuters.
Ces élections législatives en Thaïlande pourraient bouleverser le statu quo imposé par plus de huit ans de gouvernance conservatrice pro-militaire dirigée par l'ancien chef de l'armée, Prayuth Chan-O-Cha.
Celui qui a pris le pouvoir par un coup d'État en 2014 a dirigé le pays pendant cinq ans avant de convoquer des élections en 2019 qui lui ont permis de rester Premier ministre. Ses détracteurs estiment que l’organisation des élections de 2019 par les militaires au pouvoir était biaisée et a favorisé le chef de la junte. Une accusation que le gouvernement a bien entendu toujours niée. Mais aujourd’hui, Prayuth et son parti se trouvent loin derrière les partis d'opposition dans les récents sondages d'opinion.
Le parti Pheu Thai, issu d’un mouvement populiste lancé en 2000 par le milliardaire magnat des télécoms, Thaksin Shinawatra, est arrivé depuis ses débuts en tête de toutes les élections législatives y compris celles de 2019 - même si une coalition pro-militaire de 17 partis a permis à Prayuth de se maintenir au pouvoir. Et le Pheu Thai est encore cette année en tête dans la plupart des sondages, suivi du parti progressiste d’opposition Move Forward.
Le scrutin du 14 mai a pour but d’élire les 500 députés de la Chambre basse. Mais le collège électoral qui sera ensuite chargé d’élire le Premier ministre sera augmenté de 250 sénateurs nommés par des instances contrôlées par l’establishment militaro-royaliste, selon la Constitution de 2017 rédigée sous la junte. En 2019, ces 250 sénateurs avaient voté pour Prayuth Chan-O-Cha.
Cela signifie que l’opposition doit totaliser plus de 375 sièges à la seule chambre basse (75% des sièges) pour s’assurer la possibilité de gouverner.
La plupart des experts estiment que le Pheu Thai n'aura d'autre choix que de former une alliance pour gouverner. Et sa principale candidate, Paetongtarn Shinawatra, a d’ailleurs laissé entendre mercredi que le Pheu Thai pourrait s'associer au Move Forward, excluant les partis soutenus par l'armée.