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La campagne électorale thaïlandaise va sentir la Marie-Jeanne !

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Le vice-Premier ministre et ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul, s’est fait le champion de la dépénalisation du cannabis en Thaïlande. Photo d’archives du Ministère thaïlandais de la santé via Reuters

"Quel cadre juridique pour le cannabis en Thaïlande" promet d’être un des thèmes chauds de la campagne électorale, le Parlement n’ayant pas adopté le projet de loi lors de sa dernière séance, jeudi

La Thaïlande va entrer dans la période électorale sans avoir pu poser un vrai cadre légal autour du cannabis, neuf mois après la dépénalisation de la plante.

Le Parlement thaïlandais a en effet conclu jeudi sa dernière séance sur le projet de loi sur le cannabis sans que ce dernier n’ait pu être approuver, laissant le pays sans loi cadre pour réglementer l'utilisation de la substance avant les élections attendues début mai.

Cela signifie que le retrait hâtif du cannabis de la liste des narcotiques engagé l'année dernière par l’administration de Prayuth Chan-O-Cha risque de devenir un sujet d’affrontement lors de la campagne électorale alors que la vente et la consommation des produits à base de marijuana sont en plein boom après une crise du Covid désastreuse.

Un sujet très politisé

La Thaïlande est devenue en juin 2022 le premier pays d'Asie du Sud-Est à décriminaliser le cannabis, mais dans les jours qui ont suivi cette décision, une série de réglementations fragmentaires ont été publiées à la hâte pour contrôler peu ou prou son utilisation et son accessibilité à certains publics, notamment les jeunes.

Des milliers de commerces vendant la fleur de cannabis et ses produits dérivés ont depuis fait leur apparition dans le royaume, particulièrement dans les sites touristiques où nombres de dispensaires proposent le gramme de cannabis autour de 500 bahts (13,5 €) voire plus.

L'adoption du projet de loi sur le cannabis, dont la première lecture au Parlement a eu lieu en juin dernier, est devenue une question profondément politisée ces derniers mois, certains partis trouvant un intérêt stratégique à se positionner dans la ligne du sentiment anti-drogue qui s’est développé depuis l’interdiction de la plante il y a près de 90 ans.

Oui au cannabis médical mais pas plus !

Le Bhumjaithai, l’un des principaux partis de la coalition gouvernementale qui avait fait campagne sur la question lors des élections de 2019 et a réussi à obtenir que le cannabis soit dépénalisé, est particulièrement sous le feu des critiques. Et ce, non seulement de la part de l'opposition mais aussi de certains partis coalisés comme le Parti Démocrate, lequel a perdu plusieurs circonscriptions au profit du Bhumjathai lors des dernières élections.

Un député du Parti Démocrate, Satit Wongnongtoey, a déclaré que la dépénalisation du cannabis sans législation appropriée était une erreur et a promis d'y remédier après les élections. Son parti n'a soutenu que son utilisation médicale, a-t-il dit.

Le principal parti d'opposition, le Pheu Thai, parmi les grands favoris des élections à venir, considère pour sa part que l'usage récréatif du cannabis constitue une menace pour la société, en particulier les jeunes.

"Le parti ne soutient que l'usage du cannabis à des fins médicales", a déclaré le porte-parole Trichada Sritada.

Le Bhumjaithai prévoit malgré tout de soumettre le même projet de loi pour relancer le processus au sein du prochain Parlement qui sortira des élections, a déclaré Supachai Jaisamut, membre du parti.

"S'il y a une loi sur le cannabis, nous pouvons le réglementer à 100%", a-t-il déclaré. "Mais avec ce que nous avons, nous pouvons déjà le réguler à 70%."

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