Les autorités thaïlandaises se sont empressées la semaine dernière d’imposer des règles sur l’utilisation du cannabis, quelques jours après sa dépénalisation
La Thaïlande a publié en urgence la semaine dernière une série de nouvelles réglementations sur la consommation de cannabis quelques jours seulement après une dépénalisation pourtant planifiée de longue date.
Les autorités thaïlandaises ont réalisé ces derniers jours à quel point dépénaliser le cannabis sans poser quelques jalons ouvrait la voie à une utilisation incontrôlée de la substance n'importe où et par n'importe qui, y compris les jeunes.
Peu après que le royaume soit devenu le 9 juin le premier pays en Asie à légaliser la culture et la consommation de cannabis dans les aliments et les boissons, plusieurs entreprises se sont mises à en vendre ouvertement, comme ce camion de marijuana dans le quartier des routards de Bangkok qui proposait des variétés appelées "Amnesia" ou encore "Night Nurse".
L’explosion des ventes de cannabis a suscité l'inquiétude d'un responsable de la ville de Bangkok : le secrétaire permanent adjoint, Wantanee Wattana, a déclaré qu'au moins une personne serait décédée et plusieurs auraient été hospitalisées cette semaine après avoir consommé ou fumé de la marijuana.
Un projet de loi sur le cannabis est sur le point d'être adopté au Parlement, mais il pourrait s'écouler des mois avant qu'il ne devienne loi.
"Il n'y a pas d'autres mesures de contrôle que le bouche à oreille", a déploré Mana Nimitmongkol, chef de l'Organisation anti-corruption (Thaïlande), dans un post sur les réseaux sociaux la semaine dernière.
La semaine dernière, le gouvernement a publié des bribes de règlementation au coup par coup pour tenter de mettre de l'ordre dans la consommation de cannabis.
Vendredi, une nouvelle réglementation est entrée en vigueur interdisant de fumer du cannabis dans l’espace public ainsi que la vente de marijuana aux personnes de moins de 20 ans, aux femmes enceintes et aux mères allaitantes. Les nouvelles règles ont été publiées du jour au lendemain dans la Gazette royale.
D’autres portaient sur l'interdiction du cannabis dans les écoles, l'obligation pour les détaillants de fournir des indications claires sur l'utilisation du cannabis dans les aliments et les boissons et l'application d'une loi sur la santé définissant la fumée de marijuana comme une nuisance publique passible de trois mois d'emprisonnement et/ou d'une amende pouvant aller jusqu’à 25.000 bahts.
Des détracteurs ont accusé le gouvernement de s’être empressé de supprimer les sanctions pénales sur la marijuana avant de s’assurer que la réglementation de la substance était adéquate pour protéger le public.
Le ministre thaïlandais de la Santé, Anutin Charnvirakul, l'un des principaux défenseurs de la légalisation du cannabis, a défendu l'approche du gouvernement en matière de légalisation.
"Nous avons légalisé le cannabis à des fins médicales et pour la santé", a-t-il déclaré depuis le siège du gouvernement vendredi.
"Toute utilisation au-delà est inappropriée (…) et nous avons besoin de lois pour les contrôler", a-t-il ajouté.
Le parti d'Anutin Charnvirakul, le Bhumjaithai, avait fait campagne sur la légalisation du cannabis avant les élections de 2019, et il est l'un des principaux partenaires de la coalition au pouvoir.