Chaque semaine, nous vous proposons de revenir sur un élément de la mythologie grecque, qui malgré de nombreux textes, objets ou œuvres architecturales, demeure un mystère. Après la guerre de Troie et la mort d’Alexandre le Grand, intéressons-nous à la Pythie de Delphes. Elle était la voix d’Apollon et rendait en son nom l’oracle. C’est-à-dire qu’elle donnait la réponse du dieu à la question sur l’avenir que venaient lui poser les fidèles. Mais comment la Pythie faisait-elle de telles prédictions ?


Une fonction dédiée à la divination
Au pied du mont Parnasse, à Delphes, l’histoire raconte qu’Apollon tua Python qui terrorisait les habitants et veillait sur l’oracle et en devint donc le maître. C’est ainsi qu’à l’époque archaïque, un temple fut érigé en son honneur. Voyant des marins en difficulté, il se transforma en dauphin et leur proposa de les sauver en échange de leur initiation au secret divin. C’est ainsi que naquirent les prêtres du temple de Delphes
Le statut de Pythie apparut ainsi. Elle était celle qui se tenait dans l’adyton, à l’arrière du temple, et rendait l’oracle d’Apollon aux questions que lui posaient les visiteurs chanceux. En effet, la Pythie était réputée comme détentrice de la divination, c’est-à-dire de la faculté de voir le caché et, au premier chef, l’avenir. Une capacité qui lui était directement donnée par Apollon.
Une cérémonie complexe
Les fidèles venaient donc la consulter puis la Pythie professait ses oracles en des termes incompréhensibles et usant de multiples allégories. Les prêtres de Delphes, initiés au secret divin, étaient chargés de les éclairer pour les visiteurs. Pour beaucoup, c’était le dieu lui-même qui parlait au travers de l’oracle.
La Pythie était réputée comme étant en état d’enthousiasme, ce qui étymologiquement signifie avoir le dieu avec soi. Et de fait, elle semblait habitée et possédée. Tombant en transe et parfois au sol, animée, elle délivrait sa vision. Et mille observateurs auraient eu alors une interprétation différente.
L’importance prise par le sanctuaire de Delphes fut alors immense. Des milliers de fidèles essayaient d’interroger cet oracle prestigieux et des pèlerins du monde venaient connaître le message du dieu Apollon. Delphes devint ainsi un des centres du monde grec antique.
La fumée, source de vérité ?
Au Ier, l’historien Diodore de Sicile donne une explication à l’origine du sanctuaire. Un berger, promenant ses chèvres au pied du mont, se serait rendu compte qu’elles adoptaient un comportement étrange. Comportement qu’il expliquait par la présence d’une faille de laquelle s’échappait un gaz à l’odeur de soufre. Lui-même respirant ce gaz, entra en euphorie. Le mythe se répandant, de nombreuses personnes vinrent ici recevoir au travers de la fumée, ce qu’ils estimaient être un message divin.
Une femme de Delphes fut donc désignée pour recevoir seule la voix d’Apollon et la transmettre aux visiteurs. Et après s’être purifiée avec l’eau de la fontaine de Castalie, mâchant des feuilles de laurier, la Pythie se tenait sur un trépied duquel, inhalant la fumée, elle entrait en transe et délivrait son message.
La source des prophéties serait donc la fumée du lieu. D’autant que Plutarque lui-même, philosophe ayant officié comme prêtre à Delphes, attribue les effets oraculaires à l'odeur et aux vapeurs s'échappant du trou dans la roche.
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