Dans un contexte de tensions constantes, bien que sous-jacentes, entre la Turquie et la Grèce et quelques semaines à peine après la dernière livraison de Rafale française en République hellénique, la France s’apprête à vendre des missiles Meteor à la Turquie.


Avancées techniques pour la Turquie
Mitsotakis a affirmé récemment, dans une interview à Alpha TV, qu’il n’en savait pas plus en ce qui concerne cette affaire de vente de missiles à la Turquie, tandis que le ministre de La Défense, Níkos Déndias, a demandé des clarifications à l’ambassadrice française, Laurence Auer, concernant les intentions françaises.
En effet, la Turquie est aujourd’hui en négociation pour acheter 40 Eurofighter Typhoons, qui sont des avions de combat multirôles, semblables aux Rafales, ainsi que des missiles Meteor, tout cela pour la somme de dix milliards d’euros. Le missile Meteor est un missile air-air à longue portée, il est notamment conçu en Europe, par le groupe d’armement européen MBDA, qui inclut la France, l’Angleterre et l’Italie. Ce missile répond à un besoin de flexibilité, agilité, et de précision, même à de très longues distances, jusqu’à 200km. Ce missile est d’ailleurs considéré comme « game changer » dans l’aviation de combat.
Cependant, il est important de souligner que l’export de ces missiles jusqu’à un pays demandeur requiert l’accord unanime de toutes les parties du groupe MBDA. Par exemple, la vente de Meteor à l’Egypte avait été refusée tandis que la vente de Rafales français avait été acceptée.
Mais alors, pourquoi cette vente bouscule la Grèce ?
La Grèce, en conflit constant avec la Turquie, vient quant à elle de recevoir, il y a quelques semaines, le dernier Rafale d’une commande passée en 2021 avec la France dans le cadre d’un accord de Défense. Accord dans lequel, les deux pays statuaient également que les deux nations devraient se consulter en ce qui concerne des décisions qui pourraient affecter les interêts de sécurité de l’un ou des deux pays. Et pour le Premier ministre et le ministre de la Défense grecque, vendre des missiles Meteor à la Turquie violerait cet esprit de coopération.
En effet, la Grèce a aujourd’hui un avantage stratégique sur la Turquie, grâce à ses Rafales mais également au missile Meteor, qu’elle a elle-même introduit à son arsenal en 2022. Le missile Meteor peut effectivement s’utiliser avec les Rafales, qui peuvent en transporter jusqu’à quatre. Cependant, les avions Eurofighter Typhoons peuvent, quant à eux, en transporter jusqu’à six. Si les négociations entre la Turquie et l’Europe se mènent à bien, entre les missiles Meteor et les Eurofighter Typhoons, la Grèce n’aura officiellement plus cet avantage en ce qui concerne l’aviation de combat dans ce conflit sous-jacent.
Cependant, pour l’heure, la France n’a donné aucune réponse claire concernant cette vente, même si un rapport sous-entend que l’Angleterre, acteur majeur dans le deal des Eurofighter, ferait pression sur Paris pour accepter la vente du missile. Des sources grecques affirment quant à elles qu’Athènes revoit certaines mesures économiques comme diplomatiques, jusqu’à la possibilité de lever certains contrats avec la France, dans le but de bloquer cette vente. La République hellénique affirme aujourd’hui que si la Turquie parvient à s’équiper en missiles Meteor, cela compromettrait fortement la sécurité régionale.
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