Faire du tatouage un art à part entière, c'est l'ambition de Ben Lakin. Cet entrepreneur, passionné de tatouage, possède déjà deux studios en Angleterre (à Exeter, sa ville d'origine, et Cheltenham) et un en Roumanie (à Bucarest). Il y a deux ans, il a voulu repousser les frontières du tatouage et changer le regard des gens sur cette pratique. Son projet s'est concrétisé le 10 juillet dernier, avec l'ouverture à Hackney de la première galerie dédiée au tatouage, le NR Project.
?Ouvrir les yeux des gens sur le tatouage?
Pour trouver la galerie, il faut ouvrir l'oeil. Elle se dissimule derrière une porte noire, dans une ruelle plutôt banale, à deux pas de la station Overground de Cambridge Heath. Le lieu se divise en deux espaces : une galerie qui accueille les expositions de divers artistes et un studio de tatouage. Dès l'entrée, le visiteur est ainsi plongé dans l'exposition en cours dans une grande pièce aux murs de béton brut. Au plafond, des vidéoprojecteurs sont suspendus, en prévision de futurs projets vidéos et installations multimédias. Dans le prolongement de la galerie se trouvent les bureaux et, à l'abri des regards, le studio de tatouage.
Crâne rasé, tatouages visibles sur l'ensemble de ses bras et l'arrière de son crâne, Ben Lakin est le propriétaire et fondateur de la galerie. A travers cet espace, il souhaite transmettre sa passion et redorer l'image du tatouage. ?Je veux ouvrir les yeux des gens sur le tatouage, lui donner une image positive, explique le trentenaire, qui a eu son premier tatouage à l'âge de 15 ans. J'aimerais aussi permettre aux artistes d'être créatif, de réaliser leurs idées. Il y a beaucoup d'artistes qui ont des idées mais qui n'ont pas les moyens de les concrétiser.? Avec la galerie, il aimerait aussi proposer une réflexion sur la notion de confiance en soi et en son corps.
Le multimédia au service du tatouage
Pour parvenir à extirper le tatouage de l'image encore négative qui lui colle à la peau, Ben Lakin mise notamment sur le multimédia. Dans cette optique, il va bientôt lancer une chaîne Youtube sur laquelle seront publiés de courtes vidéos qui combinent les deux arts. Il souhaite également poursuivre sur sa lancée à l'occasion de la London Tattoo Convention. Sur son stand, il prévoit d'installer une grande boîte en forme d'octogone. A l'intérieur, on pourra y admirer une personne sur laquelle des tatouages et autres formes visuelles seront projetées.
Par multimédia, l'entrepreneur entend aussi la collaboration entre des artistes venus d'univers différents. Il cherche à créer des passerelles, entre la photographie et le tatouage par exemple. Le jour de notre visite, une artiste tatoueuse avait installé un studio de tatouage temporaire dans la galerie. Elle réalisait sur une cliente une réinterprétation sous forme de tatouage d'une des photos exposées au mur. ?Je recherche avant tout des artistes qui ont une certaine originalité dans leur manière de faire des tatouages, notamment ceux qui s'inspirent de photos et qui ensuite les réinterprètent. Je trouve que les tatouages ne sont pas toujours originaux aujourd'hui?, précise Lakin.
L'exposition en cours présente le travail de Haris Nukem, un artiste photographe qui propose une réflexion sur la société contemporaine, en particulier le regard porté par les autres sur soi.
Morgane Carlier, @morgane_carlier, le 15 septembre 2017, www.lepetitjournal.com/londres
PRATIQUE
* NR Project London, 6 Minerva Street, E2 9EH,entrée gratuite.
* Métro : Bethnal Green ou Overground : Cambridge Heath
* Pour plus d'informations sur la galerie : http://www.nrstudios.co.uk/london/nr-projects/
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