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ART – Rencontre avec David Droubaix à l’atelier Wicar de Rome

David Droubaix, artiste plasticien, travaille sur la dégradation et la falsification des images, délivrant des œuvres en rupture avec leur sens originel. Il recrée du contenu avec un talent naturel pour la recherche et l'expérimentation. Lauréat 2015 de l'atelier Wicar de Rome, David  Droubaix, dans le cadre des rencontres proposées par l'Institut français - Centre Saint-Louis, nous a présenté son travail.

Pariétal (2012)  - Crédits photo : GV pour lepetitjournal.com

Ce jeune artiste lillois, né en 1985 et ancien des Beaux-Arts de Nantes, à partir de matériaux et d'images de natures différentes, propose aussi bien des créations plastiques que des installations à la fois contemporaines et intemporelles. Du mois d'avril à juin 2015, David Droubaix est à Rome dans le cadre du programme de résidence de l'Atelier Wicar.

Travaillant sur des photographies, des reproductions de peinture, des images de presse, ainsi que sur des textes ou des dossiers téléchargés du site de la FBI, la police fédérale des Etats-Unis, l'artiste analyse dans La Possibilité de la chute réalisée en 2012 comment une image, proie capturée et consommée par le temps, prédateur inexorable, arrive à sa forme actuelle et à son apparence visible. De l'autre côté, il ne se sert pas de l'artifice pour redonner à l' image utilisée son sens originel, mais en revanche, son aspect matériel et sensible devient le prétexte ou la base pour la naissance d'une nouvelle forme, avec son propre contenu conceptuel. Or, les matériaux employés à l'origine sont les témoins silencieux d'un autre temps et d'une autre histoire. L'artiste mène ainsi une intense métamorphose créative résidant autant dans la mutation de la surface que dans l'évolution sémantique de l'objet.


La salle blanche (2009) - @ David Droubaix (crédits photo : GV pour lepetitjournal.com)

David Droubaix parcourt les chemins de l'art conceptuel à travers des installations notamment inspirées de la représentation du réel. Pour ce faire le mobilier de bureau ainsi que les ordinateurs et les rétroprojecteurs ne demeurent point dans leur nature et dans leur fonctionnalité originale : ces icônes contemporaines sont finalement converties en des éléments qui déréalisent le réel et créent des formes de récits et de fictions, évoquant parfois des faits historiques. C'est le cas de La salle blanche (2009), où l''image projetée évoque les bombardements américains sur la ville de Nantes du 16 au 23 septembre 1943. Découverte dans une coupure de presse, elle montre une vue du patio du Musée des Beaux-arts de Nantes, utilisée comme chapelle-ardente. Entre la projection et le bureau, un palmier est le seul élément explicite, proche de la photographie d'origine, "sa présence incongrue est venue s'ajouter à l'espace dans une mise en scène macabre" a précisé l'artiste. Ainsi, les lieux deviennent des orateurs muets.

Quels sont les jeux entre l'Histoire et la fiction ? Il n'est pas toujours facile de découvrir la frontière entre la réalité et l'inventé et\ou l'imaginaire, car celle-ci est floue. S'intéressant aux théories du complot et aux symboles esotériques, il travaille notamment à partir des textes de Dan Brown pour interroger la connexion entre la réalité et la fiction.

Par ailleurs, dans son œuvre intitulée Cours de l'erreur (2011), l'artiste ne manque pas de nous rappeler le caractère éphémère de la vie humaine, par le biais d'une tulipe perroquet, également symbole de la première inflation de l'histoire au XVIIe siècle, et renvoyant sans aucune hésitation à l'œuvre Vanité, réalisée en 1644 par Philippe de Champaigne. En conclusion, dans une dimension d'austérité esthétique, David Droubaix, quitte à déformer la vraisemblance, s'approprie des formes emblématiques de la société contemporaine, et nous offre une autre interprétation du réel.

Cours de l'erreur (2011) - @ David Droubaix

L'atelier Wicar : Lille accueille ses artistes dans la Cité éternelle

Cet appartement-atelier, situé Via del Vantaggio, à quelques pas de la Piazza del Popolo, appartient à la ville de Lille qui l'a reçu en legs du chevalier Jean-Baptiste Wicar (Lille 1762- Rome 1834 - peintre néoclassique français), en 1837. Cette résidence, bâtie en 1825, accueille chaque année des artistes provenant de Lille, pour trois mois. Les artistes pensionnaires bénéficient d'un espace discret favorisant leur création artistique. La sélection des candidats est établie par un jury qui se réunit une fois par an. Les candidats doivent être âgés de 40 ans au plus au moment du dépôt du dossier et résider ou travailler à Lille ou sur le territoire de Lille Métropole Communauté urbaine. Les candidats sont choisis sur dossier par la Direction de la Culture de la Ville de Lille et la Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts qui réunissent une commission composée d'experts du monde artistique et culturel.

Chaque année, 3 périodes de résidences sont ouvertes aux candidats : du 7 janvier au 7 avril, du 15 avril au 15 juillet et du 15 septembre au 15 décembre.

Les travaux réalisés lors de ce séjour seront ensuite exposés lors d'une exposition collective à l'Espace le Carré, situé au cœur du Vieux-Lille.

 

Gianluca Venturini (Lepetitjournal.com de Rome) - mardi 9 juin 2015

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