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ART - Mondrian, l'ascèse, l'abscisse et l'ordonné


Piet Mondrian est un pionnier de l'abstraction la plus radicale, pourtant la France ne lui avait consacré aucune exposition depuis quarante ans. Le centre Pompidou le replace au centre des avant-gardes et du mouvement de Stijl (le style) dont il fut un des initiateurs


(photo AFP)

D'une certaine façon, on ne présente plus les ?uvres de Piet Mondrian. Ces structures orthogonales rythmées d'aplats de couleurs primaires ont fait le tour du monde et ont été maintes fois recyclées : la déco des années 80 en a abusé ;  la mode des années 60 l'a célébré avec les robes d'Yves Saint Laurent ;  la pub d'aujourd'hui le décline sous forme de divers logos.

Il faut dire que le langage plastique mis au point par l'artiste hollandais à l'aube des années 20 est des plus frappants. Immédiatement reconnaissable, il active des fondamentaux visuels dans un système qui les compose et les recompose à l'infini.

On aurait pourtant tort de croire qu'il s'agissait pour Mondrian d'atteindre la simple efficacité décorative. L'homme visait l'universel et entendait que ses découvertes formelles gagnent le monde comme expression la plus haute de l'essence même de l'univers. Nous sommes loin du gel de l'Oréal.

Les principes immuables du monde
Pris entre un calvinisme extra strict et les doctrines spiritualistes de la théosophie dont il était imbibé, Mondrian n'était sans doute pas ce qu'on appelle un boute-en-train. Hésitant un temps entre l'art et la prédication, la beauté se concevait pour lui comme une valeur morale. Après un début de carrière teinté de symbolisme, un voyage à Paris, en 1912, lui permet de découvrir le Cubisme. C'est un choc qui l'engage dans la voie d'une recherche rigoureuse dont il ne s'écartera jamais. Il a alors 40 ans et inaugure une des plus extraordinaires aventures artistiques qui soient, hors norme, linéaire, obstinée.

De l'observation d'éléments de la nature, il tire un jeu de signes horizontaux/verticaux, positif/négatif, masculin/féminin, ying/yang qui ne tardent pas à se rejoindre dans des réseaux à angle droit qui peu à peu se teintent, d'abord de couleurs nacrées, avant de se radicaliser dans le jeu de rouge, jaune, bleu que nous connaissons. Il baptisera sa tentative d'énonciation des lois fondamentales de l'univers le "néo-plasticisme" et sera rejoint dès 1918 par Théo van Doesburg, Gerrit Rietveld au sein du mouvement "de Stijl" qui appliqueront les principes du peintre aux autres disciplines, environnement, mobilier, architecture ...

C'est l'histoire de leur haut degré d'exigence et des formes qu'il a engendrées que retrace l'exposition de centre Georges Pompidou jusqu'au 21 mars.
Jean Marc Jacob (www.lepetitjournal.com) mardi 21 décembre 2010

Pour en savoir plus

"Mondrian/De Stijl"
, Centre Pompidou, 75004, Paris

Jusqu'au 21 mars 2011
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