

Le Louvre a mobilisé nos riches collections nationales, complétées d'apports internationaux majeurs, pour rendre justice à un artiste clé de la Renaissance italienne qui n'avait jamais eu les honneurs d'une grande manifestation en France.
Aussi inclassable soit-il, Andrea Mantegna est pourtant un incontournable, une pièce porteuse dans l'édifice de l'art occidental.
L'homme s'est illustré dès son plus jeune âge, dans le tumulte créatif qui a saisi Padoue autour de 1450. Le grand sculpteur florentin Donatello était alors dans la ville et irriguait la cité de son influence éclairée. Mantegna avait à peine 17 ans. Il quittait l'atelier de Squarcione pour voler de ses propres ailes. Sa virtuosité de fresquiste pour la décoration de la chapelle d'Ovetari lui a apporté une reconnaissance immédiate. Elle l'a conduit, en 1460, à Mantoue, où il est devenu, pour le reste de sa vie, le peintre officiel des Gonzague.
Entre temps, un événement du carnet mondain aura eu un certain retentissement sur son travail. Il a en effet épousé la fille de Jacopo Bellini, qui dirige le principal atelier de Venise. Il devient, par le fait, le beau frère de Giovanni Bellini. Évidemment, les échanges entre deux peintres de cette envergure laisse rêveur et leur influence réciproque sera fructueuse.
Poésie minérale
Avec ses 190 pièces, l'exposition organisée par le musée du Louvre est une occasion unique de suivre pas à pas le parcours de l'artiste et de mesurer la cohérence de son style face aux acteurs de son temps. Des premières tentatives au cycle tardif des neuf Triomphes de César ou aux toiles pour le studio d'Isabelle d'Este, il apparaît comme un maillon essentiel entre les restes de gothique tardif de ses aînés et le style moderne des De Vinci et Raphaël.
Son art est pleinement celui d'un homme de la Renaissance, d'un humaniste et d'un intellectuel fasciné par la grandeur antique. Ses compositions empruntent à la science leur clarté géométrique. La perspective enfin maîtrisée semble pour lui un haut jeu de l'esprit. Ses ?uvres sont précises, sèches et mates. Contrairement à Bellini, il préférera toute sa vie la détrempe aux attraits de l'huile. Ses figures sont empruntes d'une grandeur minérale.
Parmi elles, certaines se sont inscrites dans notre répertoire inconscient, dans cette banque d'images collective qui constitue le fond d'une société. Si on peut regretter l'absence du Christ mort, au saisissant raccourci, qui n'a pas pu faire le voyage de Milan, il est possible de contempler dans une nouvelle perspective son célèbre Saint-Sébastien dont on ne saurait épuiser les lectures.
Jean Marc Jacob . (www.lepetitjournal.com) lundi 24 novembre 2008
Mantegna 1431-1506, Musée du Louvre, 75001 Paris.jusqu'au 5 janvier 2009
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