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ART - Géricault : la vie, Théodore

De nombreuses légendes courent àpropos de Théodore Géricault, figure par excellence du peintre romantique, morbide et maudit. L'exposition du Musée des Beaux Arts de Lyon entend mettre àmal la mythologie, en soulignant les aspects négligés de son ?uvre et en replaçant le regard de l'artiste face aux enjeux de son temps

Une expo àvoir jusqu'au 31 juillet

Les sources documentaires sur la vie de Théodore Géricault sont peu nombreuses, et les archives rares. Mais une mort précoce (32 ans en 1824) et la démesure sombre d'une toile comme Le radeau de la Méduse ont forgéde tenaces légendes et font du peintre l'incarnation du romantisme maudit. S'il fréquenta la folie, l'artiste était avant tout un homme de son temps, profondément marquépar les bouleversements ambiants, des soubresauts de l'épopée Napoléonienne aux déceptions de la Restauration.

Avec 140 pièces, issues de collections publiques et privées, dont certaines jamais ou très rarement montrées au public, l'exposition du Musée des Beaux Art de Lyon tente de remettre en perspective les éléments d'une ?uvre mal comprise. Elle est fort àpropos intitulée La folie d'un monde. Le projet, ambitieux, a vu le jour grâce àla présence dans les collections du musée de La monomane de l'envie, dite La hyène de la Salpetrière, un des plus saisissants portraits sans doute jamais réalisés, figurant une aliénée, au temps des débuts de la psychiatrie. Deux autres toiles de la série l'ont rejoint pour l'occasion.
Histoires et pulsions
Mais avant de se poser sur la démence, le regard aigu de Géricault aura rendu compte des douleurs et des détresses liées àla fin de l'Empire. En 14 sections, le parcours se penche tour àtour sur les images du peuple, ramenées de son séjour àRome, sur l'exaltation du désir charnel avec, entre autre, un très éloquent Trio érotique, ou sur la singularitéde ses représentations d'enfants. A ce titre, Le double portrait d'Alfred et Elisabeth Dedreux propose une représentation des plus troublantes, fascinante de modernitéet de grave étrangeté.
L'inclinaison de Géricault pour la violence et la forte présence des pulsions de mort et de castration dans son ?uvre ne sont pas niées pour autant, avec un ensemble de travaux préparatoires au Radeau, des traces de son intérêt pour de sordides faits divers et, surtout, avec des Fragments anatomiques composés de membres de cadavres empilés d'une magnifique et terrifiante frontalité.
Une relecture passionnante, àvoir jusqu'àla fin du mois.
Jean Marc JACOB. (LPJ) 11 juillet 2006

Géricault - La folie d'un monde
Musée des Beaux Arts de Lyon, 69001
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