Stéphanie Marin vit et travaille actuellement à Nice. Elle a commencé sa carrière dans le recyclage textile en 1990, entre Hambourg et Barcelone. Cinq ans plus tard, elle développe sa ligne de prêt-à-porter "Habits Magiques", réalisées à partir de matières naturelles et de teintures artisanales, qui sont distribuées dans le monde de la mode internationale. En 2003, elle décide d'étendre ses recherches sur le design et la maison en créant smarin, un studio qui conçoit en collaboration avec des architectes, des artistes et des artisans. Sensible à l'art de trouver, d'inventer, de faire des découvertes et de transmettre des savoirs, des savoir-faire ou des savoir-être, elle crée des projets pour les enfants, le dernier en date “Inside Matisse” qui “donne accès à une joie, par le mélange de la beauté des couleurs et des formes” et qu’elle nous présente.
On est un studio basé à Nice, nous sommes une équipe pluridisciplinaire d’une quinzaine de personnes, avec cette particularité de concevoir, développer mais aussi fabriquer à l’atelier tous les projets que l’on fait et que l’on diffuse de manière autonome, et partout dans le monde. On a cette chance d’avoir cette grande liberté de recherche parce que l’on est notre propre commanditaire pour nos projets.
LePetitJournal Andalousie : Parlez nous de votre engagement artistique si innovateur
Stéphanie Marin : J’ai toujours été engagée à faire des projets écologiques, j’ai commencé par le recyclage textile en 1990, dans l’industrie, et c’est là que j’ai commencé à transformer les déchets, c’est comme cela que j’ai décidé de monter un atelier de fabrication, à l’époque c’était assez innovateur, et de diffuser de manière autonome car c’était aussi à cette époque très atypique par sa nouveauté, et ainsi concevoir, developper et fabriquer dans notre atelier et diffuser de manière autonome tous nos projets. Nous sommes sensible aux matériaux et, en ce sens, nous œuvrons pour proposer des matériaux les plus inoffensifs possibles et des projets en lien avec la transition écologique.
LePetitJournal Andalousie : Et à partir de votre engagement, quel est le résultat sur cette installation?
Stéphanie Marin : Pour moi qui suis niçoise, ce qui est intéressant personnellement dans ce projet Matisse, c’est que cela permet de créer des situations d’interactions extrêmement joyeuses, extrêmement physiques aussi, on sentira par ces moments l’importance de la vie sensible que l’on peut se donner les uns aux autres sans obligation de produire ou consommer quelque chose, ce sont juste des moments que l’on partage avec des fondamentaux, le plaisir de confronter des formes et des couleurs ensemble, de faire corps dans l’espace et d’en garder un souvenir.
Pourquoi Matisse ?
Cette installation était, au départ, une commande du Musée Matisse de Nice, qui a été surtout performée dans mon atelier niçois pour être bien mise au point. Le Centre Pompidou a très vite été intéressé et a souhaité l’acquérir dans ses collections et dans ce cadre, nous avons été invité à la présenter à Malaga.
Dites nous en plus sur cette installation, de son lien avec Henri Matisse?
Dans cet atelier « Matissien », nous nous sommes bien sur inspiré de l’artiste Henri Matisse, qui avait pour habitude de fabriquer un décor, une image, de mettre en avant la pause, ou bien les couleurs, les formes avec ses muses. C’est un travail de collaboration à l’atelier qu’on a voulu représenter et reproduire ici pour permettre aux enfants, aux familles, aux visiteurs, de se plonger dans un univers nouveau, plein de couleurs, joyeux, et entrer dans cette œuvre Matissienne qui a laissé tant d’importance dans notre paysage culturel, probablement parce qu’elle donne accès à une joie sensuelle qui est extrêmement physique par la beauté des couleurs et des formes.
C’est une expérience unique pour, comme vous l’avez précisé, des enfants de tous âges, comment vont-ils la vivre?
Les enfants vont pouvoir jouer ensemble, à plusieurs, et vont pouvoir surtout jouer à composer un cadre, avec différents rapports de couleurs, de motifs, ils vont pouvoir faire passer les cadrillages qui sont souvent dans certains tableaux, aussi bien on peut les voir sur les fonds bleus mais ils pourront les faire passer sur les fonds verts ou rouges et à chaque fois avec des motifs qui sont libres, qui ont plusieurs formes et couleurs, qu’ils pourront déposer sur les fonds unis, et s’amuser à composer différents motifs, s’amuser à poser, à être eux-mêmes, avec leur corps, dans le dispositif, d’une partie de l’œuvre.
À en juger par le succès des premiers jours de cette exposition, vous avez certainement des projets à venir?
On travaille sur des projets, pas uniquement sur l’univers des enfants, les situations d’interactions nous intéressent sur toutes les échelles, au bureau par exemple, nous allons d’ailleurs travailler par exemple pour un hotel de police à Amiens, c’est très varié. En ce moment, on expose “Ecoletopy” un projet qui me tient à cœur. C’est une salle de classe, en école primaire, c’est un environnement total dans lequel les enfants vont trouver, par les objets qui sont présents autour d’eux, des manières d’être, de se comporter, qui vont développer des compétences qu’on a imaginé être indispensables pour ce 21ème siècle, et pour leur futur de vie d’adulte, ou ils seront confrontés notamment à de nouveaux enjeux, en particulier une transition écologique ultra rapide et la puissance des nouveaux outils technologiques, comme l’intelligence artificielle .
Retrouvez toutes les activités de Stéphanie Marin sur le site du studio niçois de design SMARIN
Avec l’installation “Inside Matisse” les visiteurs s’immergent dans l'atmosphère de l'atelier d'Henri Matisse et découvrent son univers joyeux et lumineux. Elle est à découvrir en famille jusqu’en février 2025, au Centre Pompidou de Malaga.
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