Le photographe suisse de renom, René Robert, est mort rue Turbigo, à Paris, entre la place de la République et les Halles. Sans doute victime d’un malaise, il a passé la nuit au sol, dans le froid et dans l’indifférence générale. Ce n’est que le lendemain que quelqu’un appelle les secours. Ses obsèques se sont tenues ce lundi, au cimetière du Pantin. Il avait 84 ans et avait dédié sa vie à photographier l'univers du flamenco et son travail était reconnu et salué en Andalousie bien sur comme dans le monde entier.
René Robert, mort dans l’indifférence générale
Dans la soirée du 19 janvier, alors qu’il était sorti, René Robert fait probablement un malaise et tombe au sol. Il est aux alentours de 21 heures. Il passera plus de neuf heures, étendu dans le froid sur le bitume, sans que personne ne lui vienne en aide. A l’aube, un sans-abri se décide à appeler les pompiers, qui envoient une ambulance. L’homme est sans connaissance, mais encore en vie. Finalement, il mourra d’hypothermie sévère à l’hôpital Cochin, des suites de sa nuit cauchemardesque.
? Un ancien photographe décède sur le trottoir dans l'indifférence totale des passants
— Telematin (@telematin) January 26, 2022
➡️ À Paris, après un malaise, René Robert est resté allongé seul pendant 9h et a succombé d'hypothermie.@infofrance2 @mompontet pic.twitter.com/VAwFA6lYSl
Très médiatisée, la mort de René Robert a suscité une véritable vague d’indignation, en France comme à l’étranger. Comment a-t-on pu laisser un homme étendu au sol toute une nuit ? Pourquoi personne ne lui est venu en aide ? Les gens l’ont-ils pris pour un SDF ? Son ami, le journaliste Michel Mompontet, a dénoncé l’indifférence des passants, responsable, selon lui, de la mort du photographe.
Si la mort de René Robert est tragique, elle est malheureusement loin d’être un cas isolé. Le collectif des Morts de la Rue estime qu’entre 500 et 600 personnes meurent dans la rue chaque année. La Croix Rouge a saisi l’occasion pour rappeler qu’il suffit parfois d’être vigilant et d’adapter les bons réflexes pour sauver une vie.
Le Flamenco dans la peau
René Robert naît en 1936, à Fribourg, un village suisse. Durant son adolescence, il se découvre une passion pour la photographie. Après l’obtention de son baccalauréat, il part s’installer à Paris pour tenter de vivre de son art.
C’est dans un club parisien, où une amie l’introduit, qu’il découvre pour la première fois les rythmes envoûtants et chargés d’émotions du Flamenco. Le Catalán, c’est son nom, est le lieu de prédilection de nombreux artistes espagnols, comme Picasso par exemple. René Robert, spectateur silencieux, se laisse imprégner par la guitare, la danse et le chant andalous qui, petit à petit, viennent se mêler à sa photographie.
Pendant plus de 50 ans, René Robert photographiera les grands artistes flamencos de son temps, comme Camarón, Paco de Lucia, El Chocolate o Agujetas, pour n’en citer que quelques-uns. Ses photos, toujours en noir en blanc, font de lui un photographe très populaire. Artiste de l’ombre, armé de son appareil, il sait capturer le bon moment pour rendre toutes les émotions et la sensibilité du flamenco. Il est l’auteur de trois ouvrages photo « Flamenco », « La Rage et la Grâce » et « Flamenco Attitudes » et laisse un héritage de plusieurs milliers de photographies à la Bibliothèque nationale française en 2021.
Michel Mompontet rend hommage à son ami René Robert
Parce qu’elle nous dit des choses sur ce que nous sommes en train de devenir, l’histoire édifiante de la mort de René Robert est reprise bien au-delà de nos frontières.
REPLAY
— Michel Mompontet (@mompontet) January 24, 2022
Cet édito de tout mon coeur.
A René Robert assassiné en pleine rue à Paris par l'indifference des passants.
Et cette question: Comment en sommes nous arrivés à oublier la base même de ce qui fait l'humanité ?
Repose en paix cher ami. pic.twitter.com/sHxSPAE8zI