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Michel Gauthier : “Sheila Hicks, un art inclassable!”

Michel Gauthier, commissaire de cette étonnante exposition, conservateur au centre Pompidou à Paris, nous éclaire sur cette artiste et ses oeuvres. Une exposition qui, comme l’a justement déclaré José Maria Luna, le directeur du Centre Pompidou de Malaga, « est une Première en Espagne, un honneur pour le Centre Pompidou de Malaga car Sheila est un mythe, une légende vivante ». 

Sheila Hicks et Michel GauthierSheila Hicks et Michel Gauthier
Sheila Hicks et Michel Gauthier, Centre Pompidou de Malaga
Écrit par Bernard Frontero
Publié le 4 juin 2023, mis à jour le 13 juin 2023

Le Centre Pompidou de Malaga accueille l’exposition de Sheila Hicks, une artiste américaine née le 24 juillet 1934 à Hastings, Nebraska, aux États-Unis et qui vit et travaille à Paris depuis 1964. Elle se destinait à la peinture avant de découvrir les textiles du Pérou précolombien. Élève de Josef Albers à Yale, Sheila Hicks est l’héritière tout à la fois d’un esprit moderniste pour lequel les distinctions entre Bel Art, design et décoration ne sont plus essentielles et de pratiques textiles inspirées de l’Amérique précolombienne.

Nous avons rencontré Michel Gauthier, le commissaire de cette étonnante exposition, conservateur au centre Pompidou à Paris, pour qu’il nous éclaire sur cette artiste et ses oeuvres. Une exposition qui, comme l’a justement déclaré José Maria Luna, le directeur des espaces culturels de la ville de Malaga, « est une Première en Espagne, un honneur pour le Centre Pompidou de Malaga car Sheila est un mythe, une légende vivante ». 

 

Lepetitjournal: Pourquoi Sheila Hicks et pourquoi des tissus aujourd’hui dans cette exposition ?

Sheila Hicks, Pompidou Malaga

Michel Gauthier: Quand nous avons proposé au Centre Pompidou de Malaga d’exposer Sheila Hicks, il y a tout de suite eut un enthousiasme et un accord car c’est une artiste mondialement célébrée et qui  jamais n’avait eu d’exposition en Espagne, c’était donc quelque chose à faire.

C’est aussi une artiste qui, par le fait qu’elle utilise le textile, a décloisonné cet art, a permit un accès plus facile du public à certaines de ses oeuvres, dans la mesure où on a une très tres grande familiarité avec le matériau textile. La peinture ou le bronze, la sculpture, on l’admire mais on ne le manipule pas tous les jours, tandis que, comme Sheila le dit, tous les matins on s’habille, on s’assoit sur des canapés fait en tissus…on a une espèce de très grande proximité avec le textile car il est l’un des matériaux que la vie, au gré d’expériences fort diverses, met constamment sur notre chemin, c’est la raison pour laquelle ses expositions sont de très grands succès. 

Son role dans l’histoire de l’art, c’est que le textile a longtemps été en matière artistique cantonné au modèle de la tapisserie et Sheila Hicks a fait que le textile n’est plus seulement limité à la tapisserie

Lepetitjournal: En quoi Sheila Hicks c’est aussi la modernité ?

Michel Gauthier: Sa modernité c’est de faire des sculptures adaptable, qui bougent, qui sont réarangeables, alors que si vous avez une sculpture en cuivre en bois ou en bronze, soit elle entre dans la salle, soit elle n’entre pas, soit vous la mettez droit, soit si vous la mettez de coté, elle tombe. Les oeuvres de Sheila sont souples, flexibles, elles s’adaptent à différentes situations, différentes configurations et c’est ca qui fait sa grande modernité.

Comment lui est venu cette idée de l’utilisation de textiles ?

Sheila Hicks, Pompidou Malaga
Photo: L’architecte Luis Barragán, l’artiste Mathias Goeritz, Mexico

Michel Gauthier : Elle était déjà très impressionné par les textiles près-Incas, quand elle était élève de Josef Albers à à Yale, dans les années 50, et plusieurs de ses professeurs l’ont encouragé à aller travailler sur le sujet.

Puis au Mexique, quand elle a commencé à voyager, elle a notamment rencontré le plus grand architecte mexicain du XXe siècle, Luis Barragán ou encore le plus grand sculpteur mexicain, Mathias Goeritz, qui l’ont poussé vers le travail du textile et plus seulement sur la peinture.

Une grande importance de l’Amérique Latine dans son parcours et ses oeuvres?

Michel Gauthier: L’Amérique Latine lui à la fois permis de découvrir des textiles pré-incas, l’art pré-colombien et cela lui a ouvert cette voie, alors qu’en Amérique du Nord, la peinture était le médium roi. Le textile était confiné dans les départements de design et d’art appliqué des musées.

La presse spécialisée dit que l’art de Sheila Hicks est inclassable … Êtes-vous d’accord?

Sheila Hicks, Pompidou Malaga
Michel Gauthier : Oui, c’est sans doute un art inclassable dans la mesure où elle passe très librement du design à des oeuvres décoratives. Il y a des oeuvres qui sont des intégrations architecturales et puis des oeuvres qui sont des oeuvres de contemplation, donc elle passe de façon très fluide d’un domaine à l’autre.

Son travail aussi est d’une certaine façon inclassable, je me souviens de l’expérience très forte que j’ai eu à Santiago, au Musée du Chili, où quand vous descendiez dans l’espace d’exposition, si vous étiez à 10 mètres, vous ne saviez pas dire si vous étiez face à un artefact pré-colombien ou à une œuvre  de Sheila. Donc oui, son œuvre est assez inclassable. 

 

Depuis la fin des années 1950, Sheila Hicks produit une œuvre inclassable : nouer, envelopper, plier, tordre, empiler, la laine, le lin ou le coton, voilà quelques-uns des gestes et les matières avec lesquels elle remet en cause les catégories artistiques et leurs hiérarchies convenues. Ductile, tactile, le travail de Sheila Hicks occupe une place singulière dans l’art de notre temps. L’exposition « Des Fils en Voyage» rassemble, au Centre Pompidou de Malaga, 60 oeuvres qui parcourent l’ensemble de la carrière de l’artiste : une grande installation vibrante et vivante, pleine de couleurs et de formes. Courrez la découvrir !

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