Centre Pompidou : Sheila Hicks “Des Fils en Voyage”

Le Centre Pompidou de Málaga présente l'exposition " Sheila Hicks. Lignes de vie' de l'artiste américaine qui vit à Paris depuis le milieu des années 1960. L'exposition, visible jusqu'au 10 septembre, invite le public à explorer les différentes formes de son art textile, allant d'œuvres de dimensions architecturales à des oeuvres textiles plus petites, en passant par des photographies et des films, un art qui utilise des matériaux tels que le coton, la laine, le lin et la soie pour sculpter, peindre et colorer l'espace.

Une première en Espagne

Cette monographie, la première de l'artiste en Espagne, présente la variété du travail de Sheila Hicks à travers plus de 60 pièces allant d'œuvres de dimensions architecturales à de petits textiles, en passant par des photographies et des films. L'exposition nous propose une immersion directe dans l'univers formel, matériel et chromatique de l'artiste.

Une exposition qui, comme l’a justement déclaré José Maria Luna, le directeur des espaces culturels de la ville de Malaga, « est une Première en Espagne ».

C’est un honneur pour le Centre Pompidou de Malaga car Sheila Hicks est un mythe, une légende vivante

 L’œuvre de Sheila Hicks entre art, design et décoration

Au-delà du dépassement du modèle historique de la tapisserie, Sheila Hicks a construit une œuvre inclassable et désormais incontournable qui navigue avec aisance entre art, design et décoration, entre l'héritage moderniste et les traditions non occidentales. Élève de Josef Albers à l'université de Yale (États-Unis), elle effectue à la fin des années 1950 un voyage en Amérique du Sud qui sera déterminant pour elle, début de sa passion pour les textiles précolombiens.

 

Dés 1956, de petits tissages

C'est dans ce contexte qu'elle commence, à partir de 1956, à réaliser de petits tissages sur un cadre qu'elle fabrique elle-même et qu'elle intitulera plus tard "Minimes". Ces miniatures sont comme des poèmes intimes qui sont aussi les bancs d'essai de ses futures créations.

Jusqu’au format monumental des années 60

Dans les années 1960, Sheila Hicks élargit le cadre de son travail en expérimentant le format monumental et en explorant la sculpture et l'architecture. En 1966, elle installe son atelier à Paris et se rend la même année dans la région indienne du Kerala pour travailler à la conception de plusieurs collections textiles. Elle participe également à plusieurs expositions, dont "Wall Hangings" au MoMA de New York en 1969, où elle présente "The Evolving Tapestry : He/She" (1967-1968), une œuvre ouverte et évolutive composée de piles d'éléments en lin et en soie. Ses "sculptures molles" la rapprochent des mouvements anti-formels et post-minimalistes américains.

Une influence marocaine en 1970

En 1970, le gouvernement marocain invite Sheila Hicks à travailler avec des artisans marocains. Hicks est fascinée par la culture islamique et son vocabulaire visuel s'enrichit au contact des arts, de l'architecture, des souks et de l'artisanat. Elle se rend dans des communautés rurales, où elle apprend la broderie et le tissage en utilisant des techniques traditionnelles.

Elle conçoit des tapisseries murales parfaitement adaptées à l'architecture marocaine et son travail est très apprécié des architectes et des décorateurs, qui lui commandent des œuvres importantes, telles que la tapisserie du Boeing 747 ou la tour IBM du quartier d'affaires de La Défense en France. En 1977, elle a participé à la réalisation des décors du célèbre film de Stanley Kubrick "Shining".  

Une première rétrospective à Amsterdam

En 1974, elle expose sa première rétrospective au Stedelijk Museum d'Amsterdam, où elle présente son œuvre "Trapèze de Cristobal" (1971), une grande sculpture flexible faite de lianes colorées qui tombent du plafond et se répandent sur le sol, combinant la vue et le toucher d'une manière innovante.

Des oeuvres adaptées aux lieux

Sheila Hicks a continué à travailler à grande échelle et à adapter ses œuvres aux lieux dans lesquels elles étaient installées. En 1980, elle a conçu un environnement textile de 800 mètres carrés avec des uniformes de soldats à Jérusalem et en 1993, elle a créé un bas-relief multicolore de 103 mètres de long pour le foyer d'un théâtre face au mont Fuji.

En 2000, de nouveaux matériaux

Au début des années 2000, l'artiste passe à la fibre d'acier inoxydable et commence à expérimenter de nouveaux matériaux. Elle adopte également une nouvelle technique qui permet d'appliquer de la couleur sous haute pression sur un tissu en polyester, produisant ainsi une grande variété de couleurs aux effets inédits.

Des expositions et des installations dans des lieux mythiques 

Dans les années 2010, elle participe à de nombreuses expositions internationales, dont les biennales de São Paulo, Whitney, Sydney et Venise. Hicks est toujours attentive aux caractéristiques de l'espace qui l'entoure, afin de l'habiter au mieux et d'interagir avec lui. À plusieurs reprises, elle a installé ses œuvres dans des espaces publics, comme 'Hop, Skip, Jump, and Fly. Escape from Gravity" (2017), une "composition éphémère" installée pendant un an sur la High Line de New York et composée de longs tubes colorés qui serpentent sur plus de 200 mètres dans l'herbe de la skyline.