

Et si les insectes étaient LA solution contre la faim dans le monde ? Reconnus pour leurs bienfaits, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) soutient l'élevage de différents insectes. Pratique courante dans certaines régions du monde, l'entomophagie pourrait disparaître sous la pression occidentale, à moins que?
L'ONU atteindra en 2015 la limite qu'elle s'était fixée pour réduire de moitié ? et non pas éradiquer ? la faim dans le monde. En 2010, la FAO estime que 925 millions d'individus en souffrent toujours, un progrès par rapport à 2009, mais un niveau qu'elle juge "inacceptable". Face à cela, l'organisme alimentaire des nations unies constate une augmentation de la population mondiale, qui va de pair avec celle de la consommation de viande. Or, il est avéré que l'élevage génère près d'un cinquième des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi une augmentation trop rapide de la production de viande aurait de véritables impacts négatifs sur la planète. Considérant tout cela, la FAO prône de passer à l'entomophagie ? manger des insectes ? pour atteindre ses objectifs.
Une pratique courante en Asie et en Afrique
Une jeune Chinoise goûtant à une brochette de scorpions.Tout est une question de "psychologie", affirment les spécialistes."Il suffit de goûter pour recommencer". (AFP)
Pour 2,5 milliards de personnes dans le monde, manger des insectes ne relève pas de l'exceptionnel, mais plutôt du quotidien. C'est au moins le cas dans des pays tels que l'Afrique du Sud et le Botswana en Afrique, le Venezuela et la Colombie en Amérique du Sud, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, le Vietnam, la Chine ou le Japon en Asie. D'après la FAO, pas moins de 527 insectes différents seraient consommés à travers le globe. Bien sûr, tous les insectes ne peuvent être consommés indifféremment. Si, les larves de charançon ou les termites grillées sont considérées comme des mets délicieux, le coléoptère adulte n'est pas comestible.
Outre le goût, les insectes ont également d'excellentes capacités nutritives. Ils sont bourrés de protéines, riches en vitamines A et B ou même en sels minéraux. Enfin, leur élevage ne représente pas un énorme investissement financier et surtout est totalement respectueux de l'environnement.
C'est donc pour toutes ces raisons que la FAO encourage ces élevages. Paul Vantomme, spécialiste des forêts à la FAO explique "Nous soutenons cette pratique avant qu'il ne soit trop tard. Car elle s'affaiblit en raison de l'influence des cultures occidentales. Cette nourriture est pourtant plus riche en protéines que la plupart des animaux. Notre rôle est de promouvoir cette gastronomie et de lutter contre la vision qui considère que l'entomophagie est un tabou".
Une pratique qui s'occidentalise?
En Occident, notre éducation veut que nous trouvions les insectes sales et repoussants, et pourtant nous les consommons sans même le savoir. Notons qu'en France par exemple, la loi autorise un maximum de 75 fragments d'insectes pour 50 grammes de farine de blé, 30 ?ufs pour 100 grammes de pâte à pizza ou encore 2 larves par boîte de maïs. En moyenne, nous consommons donc 500 grammes de résidus d'insectes par an.
Par ailleurs, la tendance tend à s'occidentaliser, car elle pourrait tout autant être une solution aux problèmes de surpoids. Aux Etats-Unis et surtout au Canada, on voit fleurir de plus en plus de restaurants proposant des menus entomophages. En France, la tendance commence aussi à prendre, tant chez les particuliers que chez les restaurateurs. Ainsi, si Michel Collin, entomophage de la première heure, explique qu'''il est possible d'élever chez soi dans un aquarium ses propres crickets", Alexis Chambon est, quant à lui, le premier restaurateur français à les avoir inscrits sur sa carte de son restaurant de Lorient. "Nous cuisinons surtout des grillons, des phasmes, des crickets, des teignes de ruche" explique-t-il. Et il semblerait que la recette ait du succès "il y a trois semaines, on a inauguré le Marché Plus, du centre-ville. Les criquets faisaient partie des amuse-gueule du cocktail" se félicite le jeune restaurateur.
Gardons tout de même bien à l'esprit, comme le rappelle Paul Vantomme, que "l'objectif de la FAO est d'établir une sécurité alimentaire d'ici 2015". Prochaine étape dans ce processus: la FAO prévoit d'organiser d'ici 2013 la première conférence globale sur l'entomophagie.
Marie Curci (www.lepetitjournal.com) vendredi 26 novembre 2010
En savoir plus:
Article Rue 89: Et si les insectes étaient la nourriture du futur ?
Dossier FAO: Les insectes comestibles issus de la forêt


































