Vous savez tout de suite que vous êtes en présence d'une danseuse. Elle occupe l'espace autrement. Son port altier et son maintien se distinguent nettement. Son sourire et sa bienveillance attestent de sa capacité à intégrer les autres dans son monde. Nous l'avons rencontrée à Munich, juste avant son départ pour Washington, où il lui faudra remonter en 6 semaines un ballet de William Forsythe.
A bonne école
Comme beaucoup de petites filles, Agnès Noltenius a souhaité apprendre la danse classique et a réussi à entrer comme petit rat à l'Opéra à 10 ans. Elle a effectué toute sa scolarité dans l'école de danse alors dirigée d'une main de fer par Claude Bessy. A 17 ans, à la suite d'un différend avec la directrice, elle quitte l´école et est engagée comme danseuse en Alsace au ballet du Rhin où elle restera une dizaine d'années.
En 1989, un tournant s'opère dans sa carrière professionnelle. William Forsythe, fameux chorégraphe américain et alors directeur du Ballet de Francfort, l'engage dans sa compagnie avec 40 autres danseurs, tous triés sur le volet. Elle y restera 12 ans jusqu'en 2001, juste après la naissance de sa fille. Elle continuera par la suite en free-lance, à enseigner les techniques d´improvisation de Forsythe lors de workshops.
Le style Forsythe
Sans être un ballet classique, les productions de William Forsythe s'appuient pour autant sur une parfaite maîtrise des techniques du genre, poussées dans une certaine déconstruction. Une place non négligeable est également laissée à l'improvisation. C'est « l'équilibre dans le déséquilibre » d'après Agnès Noltenius. « J'ai tellement aimé danser ses chorégraphies que j'ai eu envie de les transmettre à d'autres » avoue-t-elle en souriant.
Maîtresse de ballet
Agnès Noltenius est une des 10/15 rehearsal directors qui préparent et finalisent les pièces de William Forsythe vendues dans le monde entier. Ainsi par exemple, Agnès Noltenius a pour mission de mettre sur pied en six semaines « In The Middle, Somewhat Elevated » à Washington. Elle y restera jusqu'à la Première, à laquelle il y a fort à parier que le chorégraphe lui-même assistera. Elle a l'habitude de parcourir le monde et de travailler avec des équipes de danseurs de nationalités différentes. A charge, pour elle, de s'adapter. Elle adore voyager et faire des rencontres.
Photographe
Son recueil de 200 photos: Détail-Forsythe*, est un hommage au « travail du chorégraphe; toute l'intelligence, toute la créativité de Forsythe sont ici mis à nu, avec tendresse et complicité. »
Projets
En plus de ce travail de maîtresse de ballet, qui la sollicite ponctuellement, Agnès Noltenius enseigne actuellement le Basi Pilates à Munich, où elle vit avec sa fille et son mari, musicien au Bayerische Staatsoper. Elle se réjouit, par ailleurs, de monter une nouvelle pièce en avril à Nuremberg. A suivre…
Vocation
" Vous qui avez été danseuse, maître de ballet, enseignante, pouvez-vous donner un conseil aux petites filles qui souhaiteraient réaliser un parcours comme le vôtre?"
"Il faudrait, à mon sens, qu'elle fasse preuve d'une volonté forte, pour surmonter l'extrême discipline, d' une détermination constante, pour se dépasser et affronter la concurrence et surtout qu'elle prenne plaisir à danser, à sentir son corps et son rapport à l'espace."

Agnès Tondre (www.lepetitjournal.com/Munich) mardi 19 janvier 2016
* « In the Middle, Somewhat Elevated », performance de Sylvie Guillem et Laurent Hilaire, c'est ici:
**paru en 2003 co-édité chez Arte Éditions et les éditions Complexes.








































