
Un rapport publié mercredi par une sous-commission du Sénat américain fait trembler Charles Pasqua. L’ancien ministre de l’Intérieur serait impliqué dans une affaire de corruption liée au programme "pétrole contre nourriture" mis en place par l’ONU en Irak entre 1996 et 2003.
Norm Coleman et Carl Levin, les auteurs du rapport d’enquête, affirment avoir la preuve que Charles Pasqua aurait touché des bons pour 11 millions de barils de pétrole entre 1999 et 2000.
Un deuxième homme politique, britannique celui-ci, est également mis en cause. George Galloway, ancien député, aurait de son côté bénéficié de bons pour 20 millions de barils.
Pour comprendre ce qui fait scandale, il faut revenir en arrière, au moment où Saddam Hussein était au pouvoir en Irak. Utilisant le programme « pétrole contre nourriture » qui permettait à l’Irak de vendre son brut pour acheter des denrées au moment de l’embargo, Saddam Hussein offrait des bons en cadeau à ses alliés politiques à l’étranger. Ensuite, il suffisait aux personnes concernés de vendre les bons à des traders à 30 cents le baril. En se plaçant dans la peau de la poule aux œufs d’or par le biais des pots-de-vins, le régime de Saddam Hussein obtenait ainsi un semblant de soutien international.
La justice française au renfort
Charles Pasqua s’est empressé de démentir les accusations du Sénat américain. Il a déclaré souhaiter "que l’enquête aille à son terme", afin que "l’on sache qui a bénéficié de ces bons de pétrole, qui les a commercialisés et qui a encaissé l’argent".
La justice française s’en est aussi mêlée : le 28 avril dernier, Bernard Guillet, ancien collaborateur de Pasqua, a été mis en examen parce qu’il aurait également touché des bons pour cinq millions de barils. Et hier, Cécile Pozzo di Borgo, porte-parole adjointe du Quai d’Orsay, a affirmé que la France "serait prête à examiner avec attention" les demandes américaines "d’éléments spécifiques sur des personnes ou des entités françaises".
Ce n’est pas la première fois que Charles Pasqua est cité dans le scandale « pétrole contre nourriture ». En janvier 2004, il avait déjà été accusé des mêmes faits par le quotidien irakien Al-Mada.
Comble de malchance pour Charles Pasqua, ses relations amicales avec Tarek Aziz, ancien Premier ministre irakien au début des années 90, ne jouent pas en sa faveur. Mais pour le moment, l’ancien ministre de l’Intérieur est protégé par l’immunité parlementaire grâce à son siège au Sénat.
Julie SAMIT. (LPJ) 13 mai 2005








































