Édition internationale

WILLY RONIS – Le photographe de la "beauté ordinaire" pose son appareil

Le photographe français, Willy Ronis, contemporain de Doisneau, Capa ou encore Cartier-Bresson s'est éteint à l'âge de 99 ans. Il était l'un des derniers représentants de la photographie "humaniste"

(Rédaction internationale) - Né en 1910 à Paris d'un père ukrainien et d'une mère lituanienne, Willy Ronis (AFP) grandit dans l'amour de la musique grâce à sa mère, professeur de piano. Il envisage un temps de devenir compositeur et violoniste mais la maladie de son père en 1932 l'oblige à reprendre l'atelier de photographie familial. "La grave maladie de mon père qui me demandait de reprendre la boutique m'a sauvé la vie. J'aurais été un piètre musicien.", avoue-t-il. C'est au début sans grande passion que le jeune homme réalise des portraits de mariages et de naissances. Après le décès de son père, Willy Ronis profite des évènements sociaux de 1936 pour réaliser ses premières photographies en indépendant. Il multiplie les clichés immortalisant les luttes sociales lors du Front populaire, comme celui de cette petite fille coiffée d'un bonnet phrygien et brandissant le poing, qui fait alors la Une du journal l'Humanité.

Willy Ronis est le photographe de Paris
D'obédience juive, Willy Ronis décide de quitter Paris pendant la seconde guerre mondiale pour rejoindre clandestinement la zone libre. Il met de côté son travail de photographe, qu'il ne reprendra qu'à la libération. Il signe alors un contrat avec l'agence Rapho, à laquelle il restera fidèle pendant toute sa carrière. A l'instar d'Edouard Boubat et de Robert Doisneau, il devient l'une des figures de la photographie humaniste. Fuyant les mises en scène, il aime capturer la "beauté ordinaire" des scènes de la vie quotidienne, notamment dans les quartiers de Belleville et de Ménilmontant, qu'il affectionne particulièrement. Malgré le succès, il se fait discret dans les années 1960, l'âge d'or de la photo "choc"auquel il refuse de participer.

L'?il humaniste se ferme à l'âge de 99 ans
Au début des années 1970, le photographe quitte une nouvelle fois la capitale pour le Sud de la France, où il enseigne son art, qu'il résume en cinq préceptes : "Patience, réflexion, hasard, forme, temps". En 1983, il lègue son ?uvre à l'Etat en échange d'un logement parisien. Après la mort de son fils dans un accident de deltaplane, Willy Ronis effectue son premier saut en parachute à l'âge de 80 ans, une façon d'exorciser sa peine. Armé de son appareil, il prendra l'un de ses clichés les plus célèbres, "Nirvana". Refusant de travailler avec un pied, sa santé fragile le force à arrêter la photographie en 2001. "Mais vous savez, j'ai fait des photos pendant 72-73 ans alors je peux m'arrêter sans gros chagrin", expliquait-il. A la retraite, Willy Ronis n'en était pas pour autant oublié. Une exposition de ses oeuvres à Paris en 2006 avait réuni près d'un demi-million de visiteurs. Les 40e Rencontres d'Arles l'ont également mis à l'honneur en juillet dernier lors d'une rétrospective. Sous dialyse depuis quelques temps, Willy Ronis a quitté samedi matin l'humanité qu'il aimait tant. "J'ai de l'empathie naturelle pour mes semblables et sans faire d'angélisme, disait-il. J'ai rencontré assez peu de salauds."
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 14 septembre 2009

En savoir plus

Article du Nouvel Obs, Décès de Willy Ronis, photographe de Paris
Article du JDD, Willy Ronis, l'?il humaniste

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