En charge depuis la rentrée de Business France dans la péninsule Ibérique, Nasser El Mamoune, arrive dans la capitale espagnole dans un contexte difficile, marqué par la pandémie de Coronavirus.
Avec des flux entre la France et l'Espagne particulièrement structurants pour les deux pays -l'Hexagone étant notamment le premier client et le second fournisseur du pays de Cervantès, mais aussi la première destination des investissements ibères en création d’emplois- la mission de Business France, qui accompagne les entreprises de part et d'autre des Pyrénées, est d'autant plus essentielle en cette période de crise. Plus que jamais, il faut non seulement maintenir les niveaux d'échanges, synonymes d'emploi, mais aussi encourager les entreprises françaises pour qu'en dépit de l'incertitude régnante, elles fassent dès maintenant le choix de se développer hors de leurs frontières naturelles, à la conquête de marchés qui, si elles ne se mobilisent pas, seront captés par d'autres acteurs, dans un contexte d'internationalisation toujours prégnant.
Or c'est en connaisseur du marché que Nasser El Mamoune, jusque-là en charge sur la zone -et depuis l'antenne de Barcelone- de la partie "export" de l'activité de Business France, prend le relais de Géraldine Filippi. Les trois années passées dans la capitale catalane, avant sa prise de fonction à Madrid, ont notamment été l'occasion de constituer sous sa houlette une cartographie des acteurs français de l'export privés, mise à jour, digitalisée et montée sur une plateforme de solutions qui devrait s'avérer particulièrement utile pour les entreprises dans la dynamique que connaît actuellement Business France. De façon générale, les 25 années passées au service du développement des entreprises françaises à l’international, en alternance entre privé et public, devraient constituer un bagage qui ne sera pas de trop pour ce discret technicien, qui ne cache pas son appétence pour les secteurs du numérique et le monde des nouvelles technologies au sens large. "On a la chance de pouvoir s'appuyer sur une superbe équipe dans la Péninsule", affirme en outre Nasser El Mamoune, "qui a à son actif d’excellents résultats sur ces dernières années". Pourtant, pour Business France comme pour les autres, 2020 restera l'année du changement de paradigme, pour user d'un euphémisme, et le Directeur de la Zone Ibérica a la dure mission d'adapter les outils qui ont fait leur preuve, à la nouvelle donne et aux exigences qui en découlent.
Business France Péninsule Ibérique table sur une baisse de l'ordre de 20% de son activité sur 2020
Ainsi, l'immense majorité des salons sectoriels organisés dans le pays ont été soit annulés, soit reportés à 2021, à l'instar du MWC, repoussé à l'été prochain. Certains rdv comme Fruit Attraction, qui regroupe annuellement quelque 120 entreprises françaises sous le Pavillon France organisé par Business France, se déroulent pour cette édition en virtuel, avec tous les aléas que le format suppose. Les French Tech Days Iberia de Business France, qui rassemblaient traditionnellement à la Résidence de France et sur 2 journées, tout un écosystème de start-ups, ont été remplacées par une version en ligne, et un programme d'accompagnement sur 6 mois -qui culminera le 19 novembre. Dans ce contexte et malgré l’adaptation aux nouveaux formats numériques, Business France Péninsule Ibérique table sur une baisse, sommes toutes contenue, de l'ordre de 20% de son activité sur 2020, par rapport à 2019, qui avait été une très bonne année.
Et tandis que l'on constate que le virtuel ne remplace pas toujours le présentiel, les entreprises candidates à l'export sont plus que jamais demandeuses d'information sur les marchés qu'elles visent. Dans un contexte de distancement et d'incertitude accrus, ce travail "d'intelligence" fourni par Business France a pris une ampleur particulière depuis le confinement. Le module d'info live marché mis en place par la Team France Export a mobilisé en non-stop les bureaux de Business France sur la Péninsule. De l'ouverture des frontières avec la France aux différents niveaux de confinement dans le pays, en passant par les analyses sectorielles -la première à avoir été publiée porte sur les vins et spiritueux, ensuite seront mis en place en janvier, 12 Infos Live Sectorielles qui vont couvrir avec des informations chaudes 47 sous-secteurs dans l’industrie, la santé, les techs, la cosmétique, etc….. Ces grilles d'analyse actualisées permettront de suivre l'actualité des marchés espagnols en temps réel et constitueront un véritable outil pour la stratégie des entreprises. "Notre rôle consiste aussi à faire du prospectif", analyse Nasser El Mamoune, "de mettre le doigt sur les secteurs post Covid qui vont émerger, et savoir distinguer des opportunités très spécifiques, qui sont susceptibles de se dessiner compte-tenu du contexte". Exemple : le secteur touristique est en crise, oui, mais les nouvelles exigences sanitaires des établissements hôteliers constituent une opportunité pour des fournisseurs qui travaillent plus traditionnellement avec le secteur hospitalier.
Chèque Relance Export
"Il faut redonner confiance aux entreprises françaises, pour qu'elles repartent à l'export", commente Nasser El Mamoune. "Et la priorité désormais, c'est le déploiement du volet export du Plan de de Relance". A l'instar de l'Espagne, l'ensemble de la Team France Export est sur l'ensemble du globe mobilisée, depuis le 1er octobre dernier et la mise en place par l'Etat français de toute une série de mesures visant à encourager les PME et ETI nationales à reprendre une dynamique exportatrice, clairement affectée par la crise du Covid. Sur les 100 milliards d'euros du Plan de Relance français, 247 millions sont de fait dédiés au volet export, dont 70 millions sous forme de subventions directes. Au total, ce sont 15.000 chèques relances export qui doivent être distribués d'ici fin 2021, chaque entreprise ayant droit à 6 chèques maximum : 2 pour utiliser la formule V.I.E., 2 pour des opérations de prospection individuelle, 2 pour des prospections collectives. Business France a été en charge de répertorier et homologuer les opérateurs privés susceptibles d'offrir des prestations aux entreprises qui bénéficieront de ces chèques. A cet égard, le travail de "cartographie des acteurs français de l'export", effectué par Nasser El Mamoune, s'est avéré payant. "Dès décembre 2019, nous avons référencé les partenaires privés dans chaque marché, sur 4 thématiques, qui interviennent dans la complémentarité des prestations réalisées par Business France", décline-t-il : "avocats et fiscalistes, gestion de filiale et expertise comptable, hébergement et domiciliation, représentation commerciale". Ces partenaires privés ont l’occasion maintenant d’être agrées au Chèque Relance Export par une procédure simplifiée.
La Péninsule Ibérique, c'est le moyen le plus rapide de chercher des relais de croissance
"On sait que les PME vont avoir tendance à se concentrer sur les marchés de proximité", continue le Directeur de la Zone Ibérica. A cet égard, et pour toute entreprise décidant de franchir le pas de l'export, l'Espagne et le Portugal constituent des destinations plus proches et plus simples que l'immense majorité des alternatives existantes. L’Espagne grouille déjà d'un écosystème français particulièrement dense, historiquement présent au sud des Pyrénées. "Notre message, c'est que la Péninsule Ibérique, c'est le moyen le plus rapide de chercher des relais de croissance", résume El Mamoune. "Notre message c'est aussi que si vous avez déjà construit des choses dans le pays, si vous avez déjà initié un mouvement, c'est le moment de continuer". Avec près de 500 V.I.E. sur l'Espagne et quelque 115 sur le Portugal, Nasser El Mamoune n'oublie enfin pas le volet jeunesse du Plan de Relance et l'énorme potentiel que constitue la formule, subventionnée jusqu’à hauteur de 5.000 euros par VIE en sus des subventions régionales, sur la destination ibère : "Pour les entreprises françaises, c'est un outil de ressources humaines qui a fait ses preuves, et pour la jeunesse française, c'est l'occasion de se frotter à une destination attractive".