Boris Johnson semble toujours décidé à rompre les liens avec l'Union européenne le 31 octobre, avec ou sans accord. L'Espagne est l'un des pays les plus exposés aux conséquences d'un Brexit dur entre Londres et Bruxelles. Voici en résumé les plus importantes, certaines déjà visibles.
Certains effets du Brexit sont bien connus. D’autres le sont moins, sans parler de ceux encore impossibles à prévoir. Ainsi, Federico Steinberg, chercheur du Real Instituto Elcano estime qu’il est difficile d’anticiper toutes les répercussions d’un Brexit sans accord puisqu’il s’agit d’une situation inédite. "Sans accord –explique Steinberg- il pourrait même se produire un chaos international dans les aéroports le 31 octobre prochain. Pour des questions techniques, aucun avion ne pourrait décoller de Londres vers les Canaries par exemple". Cette situation serait bien sûr vite réglée, mais il s’agit bien là d’un des nombreux contrecoups d’un Brexit chaotique.
Moins de touristes britanniques
Plus d’un touriste sur cinq en Espagne vient du Royaume-Uni. Or, l'Espagne a reçu 120.000 touristes britanniques de moins entre janvier et juin par rapport à 2018. A Benidorm, par exemple, la baisse est proche de 10%. Moins de touristes signifie également moins de consommation et d'acheteurs potentiels. Ainsi, les achats d'appartements par des citoyens britanniques se sont effondrés.
Plus de contrôles aux frontières
Sans accord, tout transport de marchandises en provenance d'Espagne serait traité comme s'il venait d'un pays tiers et il devrait alors subir toutes sortes de contrôles obligatoires. Il est toujours question de la frontière avec l’Irlande mais on parle peu de Gibraltar où une frontière plus dure aurait un impact négatif immédiat dans la région.
Augmentation des tarifs
Les exportations espagnoles vers les îles britanniques baissent progressivement depuis 2017. Un Brexit sévère engendrerait des droits de douane, qui affecteraient environ 20% des exportations espagnoles vers le Royaume-Uni, autrement dit la bagatelle de 18 milliards d'euros par an. Inutile de dire que nombre d’exportateurs en Espagne recherchent déjà activement d’autres marchés pour vendre leurs produits.
Travailleurs illégaux
Comme le signale Steinberg, les 130.000 Espagnols qui résident au Royaume-Uni deviendraient des "illégaux", de même que les 250.000 Britanniques en Espagne. "Au lieu de la libre circulation actuelle, -explique-t-il- les Espagnols travailleraient au Royaume-Uni avec des visas spécifiques".
Fini Erasmus ?
Sans accord, le Royaume-Uni cesserait d'appartenir à l'espace européen de l'enseignement supérieur, ce qui concrètement veut dire que tous les programmes de bourses internationales et Erasmus ne seraient plus renouvelés. Il faudrait renégocier des accords en matière d'éducation, un processus long et laborieux.
70.000 emplois perdus en Espagne
La Banque d’Espagne prévoit qu’un Brexit chaotique entraînerait un coût économique d'environ 10 milliards d'euros. Plus de 70.000 emplois seraient détruits, selon une étude de l'Université catholique de Louvain (cette même étude est plus pessimiste pour la France, qui en perdrait le double). Quant aux entreprises espagnoles implantées au Royaume-Uni, elles souffriraient de la baisse de la livre sterling et d’une forte récession au Royaume-Uni, en cas de Brexit dur.