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Le kun khmer, l'art noble cambodgien

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Écrit par Thibault Bourru
Publié le 1 août 2018, mis à jour le 2 août 2018

Le pradal serey, père de la boxe khmère, est considéré depuis plus de 1200 ans comme le sport national au Cambodge. Aujourd'hui appelé kun khmer, l'art martial a été réglementé au début du siècle dernier par l'administration coloniale française afin que des compétitions puissent être organisées. Rencontre avec Théodore Bitcheff, qui a remporté 11 combats pour deux défaites en professionnel. Le Franco-Cambodgien dévoile les bases de ce sport finalement méconnu en France.

« Le kun khmer est l'art martial traditionnel au Cambodge. » Et même plus qu'un art martial, comme le souligne Théodore Bitcheff. La boxe khmère est ancrée dans la culture et l'art cambodgien. L'art noble. Jusqu'aux temples d'Angkor. Certains bas-reliefs représentent, au 11e siècle, les soldats de l'empire khmer pratiquant le kun daï, ancêtre du kun khmer, qui signifie art du combat à mains nues. L'empire khmer était alors une des plus grandes puissances de la péninsule indochinoise. Son art martial a beaucoup inspiré les pays limitrophes. « Toutes les boxes du sud-est asiatique viennent à la base du Cambodge et du kun khmer, poursuit le sportif. Mais il n'a pas pu se développer en Europe et en France, à cause du régime khmer rouge. »

Théodore Bitcheff
Théodore Bitcheff se prépare au combat

À la différence du muay thaï, qui a connu un engouement récent certain en France, le kun khmer s'est retrouvé enclavé et n'a pas pu rayonner en Europe. Certains lui ont fait rater le coche. « C'est comme pour Google et Yahoo, sourit le boxeur.  Aujourd'hui tout le monde a pris l'habitude d'aller sur Google, plus personne ne va sur Yahoo. » Allégorique.

Une origine commune, quelques différences culturelles

Le kun khmer est identique au muay thaï (boxe thaï) en Thaïlande, au bama letwhei (boxe birmane) au Myanmar. À l'image de la boxe anglaise, il faut mettre son adversaire KO ou glaner plus de points que lui au terme des différents rounds pour remporter le combat. En boxe khmère, comme dans toutes les boxes sud-est asiatiques, les jambes peuvent être utilisées pour toucher son adversaire. « Tous ces arts martiaux sont finalement les mêmes sports, explique le Franco-Cambodgien. Mais il y a quelques différences dans les règles. Au Cambodge, on interdit de toucher la nuque et la colonne. En Birmanie on accepte les coups de tête, et en Thaïlande on promeut énormément les projections dans le décompte des points. Certains boxeurs thaïlandais sont surpris quand ils viennent combattre ici, car les juges cambodgiens n'accordent pas tant d'importance aux chutes de l'adversaire. Ici ce sont les touches au corps qui comptent. »

Théodore Bitcheff
Théodore Bitcheff (bleu) touche son adversaire à la tête

Les boxeurs se servent des poings, des pieds, mais aussi des coudes et des genoux pour aller chercher une partie du corps chez l'opposant. « Il faut essayer de taper dans les jambes pour que l'adversaire n’arrive plus à boxer, cela casse sa boxe. S'il boxe bien cela permettra de le prendre au corps et de le toucher facilement », glisse-t-il. La boxe khmère est un sport extrêmement tonique et rythmé. L'explosivité et le cardio sont fondamentaux.

Des valeurs mentales inhérentes

Pour maitriser ces qualités, pas de secret, le travaille prime. Répéter ses gammes. Un combat sur le circuit professionnel dure cinq rounds de trois minutes. « À l'entraînement on travaille sur du footing, du clinch corps à corps (technique), du sparring (entraînement en duo). Le plus important c’est la motivation, rester motiver tout le temps. C'est le plus difficile. Des fois tu peux être champion, et là c’est très facile de perdre l'envie. Il faut réussir à la garder pour être compétitif. Il ne faut rien lâcher. Si tu t’entraînes moins c’est terminé », prévient Théodore. Selon lui, il faudrait en moyenne cinq ans pour quelqu'un de totalement étranger à la boxe pour devenir professionnel au royaume. Peut-être de quoi éveiller une passion insoupçonnée chez certains.

Théodore Bitcheff

 

Thibault Bourru
Publié le 1 août 2018, mis à jour le 2 août 2018

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