Nous fêtons cette année le 130ème anniversaire de l’Exposition Universelle 1889 de Paris. En effet, du 5 mai au 31 octobre 1889, entre Trocadéro et la place des Invalides, les nations exposent fièrement leurs dernières inventions et développements industriels, leurs produits d’exportation, leur architecture et leurs arts, leurs coutumes, leur culture et leurs spécialités culinaires. Les colonies néerlandaises présentent un village javanais.
C’est la Belle Epoque, le centenaire de la révolution française qui laisse place à la révolution industrielle, la course au progrès et à la production de masse. L’architecture moderne combine des structures métalliques robustes avec le verre, comme la construction des halles, des usines et des industries et la gigantesque salle des machines qui expose les dernières grues hydrauliques. Et puis, du haut de ses 300 mètres, naquit la plus emblématique des structures qui deviendra le symbole mondial de la technologie et du progrès, du développement durable, des industries, des nouvelles énergies, de la globalisation, de l'universalité, du tourisme et de la romance : la Tour Eiffel.
Un kampong javanais au cœur de Paris :
En déambulant parmi les pavillons plus somptueux les uns que les autres, près des Invalides, les badauds sont attirés par des sonorités étranges venus de la section coloniale néerlandaise : le « Kampong Javanais », un authentique village traditionnel de Java.
Dans ce “kampong” orné d’arbres et de maisons de bambou sur pilotis, 65 villageois indonésiens résident. Ils sont principalement cultivateurs de thé ou de café dans des plantations néerlandaises et viennent de plusieurs régions de l’archipel. Ils jouent du angklung, cet instrument fait de tubes de bambou, pour attirer les visiteurs, cuisinent de délicieux plats parfumés aux épices de clous de girofle, de gingembre, de cannelle ou de noix de muscade, mais aussi confectionnent des batiks colorés aux motifs fins et raffinés, ou bien encore tissent des chapeaux de paille qui deviennent très vite à la mode.
Mais l’attraction la plus forte et unique de l’Exposition 1889 sont les danses javanaises et la musique traditionnelle des gamelans. Envoyé par des producteurs et négociants néerlandais, un gamelan complet est transporté depuis Sinagar et Parakan Salak dans la région de Bogor. Mais celles qui émeuvent le tout Paris sont les quatre jeunes danseuses âgées de 12 à 16 ans envoyées par le prince Mangkunegara V du Palais royal de Solo : Wakiem, Taminah, Sariem et sa sœur Soekia.
La beauté de leurs mouvements, la grâce de leurs mains, le charme de leur visage innocent, les motifs de leurs étoffes, la finesse de leurs bijoux, bouleversent les visiteurs. Elles sont sources d’inspiration pour de nombreux écrivains, poètes, journalistes, peintres, sculpteurs, architectes, chorégraphes et musiciens.
Les orientalistes, les impressionnistes et les symbolistes s’émerveillent par cette incarnation d’un ailleurs fantasmé, d’un monde onirique et mythologique avec ses nymphes, ses fées et ses chants de sirènes. Proust et Mallarmé, Gauguin et Mucha, Rodin et Degas, Pissarro et Seurat et puis surtout Debussy et Ravel sont envoûtés par les « glouglous » inouïs des gamelans qui par leur influence, ouvrent les portes du XXème siècle et de la musique moderne.
Célébration à la Aula Simfonia du 130 ème anniversaire de l’Exposition Universelle
C’est pour célébrer cet anniversaire que la splendide salle de la Aula Simfonia Jakarta, l’Ambassade de France, l’Institut Français d’Indonésie et la mairie de Sumedang organisent samedi 11 mai 2019 à 17h : un concert historique sur instruments d’époques dont le gamelan Sarioneng Parakansalak prêté par le musée Prabu Geusan Ulun de Sumedang. La musique traditionnelle résonnera près de la musique de chambre de Debussy pour en odorer les apparentées. L’intensité sera à son comble lors de la réapparition des quatre danseuses javanaises, comme à l’origine venues de Wonogiri pour une reconstitution des danses sur base de photos, peintures et descriptions dont de nombreux documents originaux seront exposés. Pour terminer en apothéose, le Jakarta Simfonia Orchestra et les chœurs joueront les plus belles pages du répertoire symphonique français dont le Prélude à l’après-midi d’un Faune et les Trois Nocturnes de Debussy, et des extraits orientalistes de Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel.
130 ans après, les danseuses javanaises ont toujours autant de succès, le concert de la Aula affiche complet !