Profondément marqués par la guerre, l'Etat et le peuple libanais entretiennent des relations extrêmement compliquées avec les Palestiniens, majoritairement installés dans des camps insalubres où la radicalisation islamiste guette.
Le pays du Cèdre compte près de 450.000 réfugiés palestiniens enregistrés par l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Ils représentent un dixième de la population au Liban.
Environ 60% de ces Palestiniens vivent dans les 12 camps de réfugiés installés sur l'ensemble du territoire libanais dans des conditions difficiles. Aux problèmes de pauvreté, de surpopulation et de manque criant d'infrastructures élémentaires, s'ajoute celui du chômage.
N'étant pas légalement considérés comme des citoyens d'un pays étranger, les Palestiniens ne bénéficient pas des droits de résidence et de travail dont les Libanais ou d'autres citoyens étrangers pourraient jouir. A titre d'exemple, les Palestiniens ne peuvent exercer un métier au Liban que dans 20 secteurs d'activité. Ils ne sont pas non plus autorisés à acheter un logement ou un terrain.
Les relations entre les Palestiniens au Liban et les autorités libanaises sont essentiellement marquées par le rejet de toute possibilité de naturalisation, justifiant ainsi les politiques discriminatoires à leur égard.
Au Liban, les Palestiniens ne peuvent exercer un métier que dans 20 secteurs d'activité
Ce rejet, aujourd'hui d'ordre démographique, trouve ses origines dans deux conflits. En 1948, le Liban accueille des dizaines de milliers de Palestiniens, contraints à l'exil dans la foulée de la guerre israélo-arabe. Les Palestiniens désignent cet exil par le terme « nakba » (désastre, en arabe). Pendant la première partie de la guerre civile libanaise, de 1975 à 1982, la résistance palestinienne au Liban sera le bras armé d'une coalition à dominante musulmane qui affrontera une alliance à dominante chrétienne.
A ce rejet historique, s'ajoute une nouvelle problématique : celle de l'islamisme armé. En vertu d'un accord tacite, les services de sécurité libanais n'ont pas autorité sur les camps de réfugiés palestiniens. La sécurité y est assurée à minima par les forces politiques palestiniennes traditionnelles. Mais elles sont de plus en plus débordées par des groupuscules plus radicaux, proches de l'islamisme radical. Dans le camp d'Aïn el-Héloué, le plus grand du Liban, situé à la lisière de Saïda, au Liban-sud, les poussées de fièvre sécuritaires sont fréquentes.
Aujourd'hui, l'afflux de réfugiés syriens au Liban éclaire ce dossier d'une nouvelle lumière.