Rencontre avec Henri Zeller, tête de la liste Agir ici, l'Europe à cœur.
Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Français établi hors de France depuis 2006, né à l’étranger, j’ai grandi entre la Flandre, l’Alsace et le Baden-Württemberg avant de suivre des études en France, puis en Allemagne. Engagé dans la société civile depuis mon retour en Allemagne en 2013, je me suis tout d’abord investi au Lycée Français de Hambourg avant de rencontrer de nombreux Français, Allemands et binationaux lors d’événements culturels, sportifs et au sein des associations. Devenu conseiller consulaire en novembre 2018 (suite à la démission de Ronan Le Gleut, élu sénateur un an auparavant), j’ai depuis à cœur d’aider les Français d’Allemagne du Nord sur les nombreux aspects allant de l’aide sociale, l'éducation, les droits/devoirs, l’orientation, le retour à l’emploi, tout en faisant remonter bon nombre de difficultés à nos parlementaires des Français de l’étranger qui siègent à Paris.
Loin d’avoir un parcours linéaire d’expatrié (j’ai déménagé, appris les langues des pays hôtes et repris des études pour changer de secteur ou retrouver un emploi), je souhaite continuer à mettre mon parcours interculturel et mon expérience d’élu de proximité au service des autres.
Comment avez-vous constitué votre liste ?
L’une des questions que je me suis posée est : “comment être utile au plus grand nombre de Français d’Allemagne du Nord, comment mieux les représenter et porter des projets localement, au sein du conseil consulaire et auprès de nos parlementaires ?”.
Les mots clefs qui ont guidé la constitution de la liste Agir-ici sont : parité, représentativité, valeurs communes et engagement dans la durée.
Je suis heureux de pouvoir compter sur cinq femmes et cinq hommes de 31 à 75 ans, répartis entre Berlin, Kiel, Brême et Hambourg. Tous connaissent bien l’Allemagne, s’y sont installés dans la durée, et avec les années, certains sont aussi devenus franco-allemands. Tous se sont engagés localement soit au sein d’associations, d’une école ou d’une initiative citoyenne, soit dans un projet politique.
Fort de cette pluralité de parcours, nous souhaitons refléter la diversité des Français d’Allemagne du nord. Nous ne rencontrons pas les mêmes difficultés. Celles d’un jeune diplômé, célibataire, qui souhaite s’intégrer socialement et professionnellement, et fonder une famille diffèrent totalement de celles d’une personne qui doit trouver un emploi passé 45 ans ou travailler en pensant à sa retraite dans un pays qui fonctionne très différemment du nôtre.
Enfin les valeurs communes et l’engagement sont essentielles pour notre liste. Nous partageons tous une volonté profonde de nous engager pour nos concitoyens dans la durée, au-delà de la campagne des élections consulaires.
C’est pour cela qu’il est très important pour moi de placer cette élection loin des querelles d’étiquettes politiques nationales dont le Petit Journal s’est fait l’écho au mois d’avril. On ne fait pas de politique nationale à l’international. En se présentant aux élections consulaires, c’est le maillon local que l’on revendique pour résoudre des difficultés concrètes et si nécessaire les faire relayer à Paris. C'est pour cela que je crois à la complémentarité des profils de la liste Agir-Ici. Ce qui nous unit, ce sont nos valeurs européennes, progressistes et écologistes. C’est aussi une méthode : celle de l’écoute et de la concertation.
Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français d'Allemagne et de Berlin en particulier ?
À l’heure où j’écris ces lignes, le grand défi pour les quelques 100.000 Français d’Allemagne, c’est de composer avec la pandémie qui menace notre santé et celle des membres de nos familles, qui nous isole les uns des autres, qui légitime les restrictions et conduit à bien des difficultés au quotidien. Les exemples sont nombreux, qu’il s’agisse du lien social, de la pratique d’une activité, du suivi du programme scolaire ou d’un enseignement à distance, de l’accès aux soins ou aux services consulaires et du retour au pays pour revoir nos proches, parents âgés et parfois enfants dont nous sommes séparés.
Pour nous Berlinois, le plus grand défi est de retrouver notre liberté de mouvement, notre liberté d’entreprendre, nos moyens pour faire fonctionner notre activité professionnelle en parallèle avec toutes sortes de contraintes d’ordre pratique (des difficultés des nouveaux arrivants pour trouver un logement à la prise de rendez-vous au consulat pour obtenir une nouvelle pièce d’identité).
Si nous ne pouvons pas agir directement sur ce sujet, nous devons néanmoins accompagner les Français, les informer et les orienter dans leurs démarches. Grâce à nos 4 candidats berlinois, les Français de Berlin ont la chance d’avoir des concitoyens engagés à proximité immédiate !
Que représente pour vous la mission principale de conseiller des Français de l'étranger ?
La crise a joué le rôle de révélateur, mettant à jour la vulnérabilité des individus, des organisations et de l’administration en charge de la mise en œuvre des services publics et du soutien aux compatriotes. Nous devons repenser notre fonctionnement, notre façon de travailler au regard de la situation que nous traversons pour agir différemment demain. Le monde d’avant ne reviendra pas à l’identique, nous devrons nous organiser pour vivre et travailler autrement.
Selon moi, la mission principale des conseillers élus de proximité est d’assumer ensemble leur rôle de représentation des intérêts et de défense des droits et devoirs des ressortissants français auprès de l’administration, via l’Ambassade de France, mais aussi directement au niveau politique en appelant le soutien de nos parlementaires à Paris. Concrètement, cela signifie que cette mission dépasse le cadre officiel, “le conseiller siège au conseil consulaire au sein duquel il émet un avis sur les questions concernant l'enseignement, les aides sociales, l'emploi, les services consulaires ou encore la sécurité des Français...” Pour les colistiers d’Agir-Ici, notre rôle sera aussi de faire le lien avec les associations et les instances allemandes, qu’elles soient à l’échelle du Bund, des Länder ou des communes, d’être le trait d’union en soutien aux responsables expatriés de l’administration française (qui sont renouvelés très régulièrement) et d’incarner la continuité pour la représentation des Françaises et Français d’Allemagne.
Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme ?
A l’image de notre liste citoyenne et transpartisane, notre programme se démarque par une indépendance totale vis-à- vis des programmes nationaux élaborés sans contact avec le terrain. Notre action citoyenne pour la mandature qui s’ouvrira en juin 2021 s’articulera autour de cinq axes : intégration, éducation, employabilité, écologie pragmatique et représentativité. Nous travaillerons de concert avec les services de l’Ambassade, les consulats, les associations, les parlementaires et tous les autres conseillers élus de notre circonscription. Et comme je l’ai indiqué auparavant, au-delà des instances françaises, nous souhaitons être un trait d’union avec les associations et les instances du pays hôte.
Je profite de cette interview pour vous donner quelques mesures phares pour nous et j’invite les lecteurs à aller consulter l’intégralité de nos mesures sur notre site internet.
Agir pour l’intégration, venir en aide aux compatriotes en difficulté ou en situation de fragilité sociale : nous piloterons pour ce faire la création d’une association de type OLES (Organismes Locaux d’Entraide et de Solidarité). Nous serons attentifs à la situation des auto-entrepreneurs et Entrepreneurs Français de l’Étranger (EFE) victimes de la crise dans notre action.
Agir pour l’éducation, permettre à chacun de choisir : nous mettrons en place une information comparative des systèmes scolaires, français et allemands, dans le but de permettre à chacune et chacun de mieux comprendre les différences et les exigences de chaque modèle. Nous compléterons le recensement des alternatives sur la circonscription et les rendrons totalement transparentes.
Agir pour faciliter l’accès au français et au bilinguisme : nous accorderons une attention particulière aux questions relatives aux apprentissages du français et de l’allemand. Nous soutiendrons les initiatives pour l’ouverture de sections francophones et de nouveaux établissements en Allemagne du nord et en particulier à Berlin qui connaît une forte demande.
Agir pour l’employabilité, s’adapter aux particularités allemandes : nous ferons connaître et soutiendrons toutes les initiatives, les associations et organismes qui facilitent l'employabilité et accompagnent le projet professionnel de nos compatriotes en Allemagne du Nord (apprentissage de la langue, coaching, formation diplômante et autres).
Agir pour une écologie pragmatique et le développement durable : nous compenserons l’empreinte carbone des conseillers des Français “Agir-Ici” d’Allemagne du Nord durant l'intégralité de leur mandat. Nous partagerons les retours d’expérience issus des initiatives locales et agirons comme des influenceurs pour l’émergence d’une écologie pragmatique et soucieuse du résultat, en France, en Allemagne et en Europe.
Agir au plus près de nos concitoyens : pour des raisons écologiques et d'accessibilité au plus grand nombre, nous utiliserons toutes les possibilités offertes par le numérique : organisation de visioconférences, permanences d’élus et tables rondes avec des spécialistes sur des sujets précis (fiscalité, retraite, entreprenariat, emploi, droit de la famille).
Agir auprès de l’administration : nous nous ferons les porte-paroles de vos préoccupations en matière de services consulaires, d’enseignement, d’aide sociale. Nous gérerons et adapterons en ce sens l’ordre du jour des conseils consulaires avec tous les élus du 30 mai prochain.
Avec mes colistier(e)s, nous comptons sur de très nombreux soutiens pour mener à bien notre programme et donner le dynamisme dont notre circonscription a besoin pour les cinq années à venir.
Henri Zeller
Tête de la liste Agir ici, l'Europe à cœur